Non retenu pour le Tour de France, Julian Alaphilippe est revenu pour la première fois sur sa terrible chute sur Liège-Bastogne-Liège, qui lui a fait craindre le pire.
La cicatrice est toujours ouverte. Deux mois plus tard, Julian Alaphilippe a évoqué, non sans une pointe d’émotion, sa lourde chute survenue sur Liège-Bastogne-Liège le 24 avril dernier. Une chute dont il n’est pas suffisamment remis pour être au départ du Tour de France, vendredi, à Copenhague (Danemark), et qui lui a fait craindre le pire. Pour sa carrière, mais surtout pour sa vie.
«Ce qui m’a le plus marqué, c’est le fait d’être en détresse respiratoire, de ressentir ce truc qui t’envahit… Tu ne peux rien faire, tu ne contrôles plus rien. Tu te vois presque partir…», a confié à l'Equipe le double champion du monde tricolore, bouleversé et ému de reparler de ce souvenir qui «reste douloureux».
Et ce jour-là, il a pu compter sur l’aide salvatrice de Romain Bardet, qui s’est précipité à son secours. «Personne ne m’avait vu dans le fossé, à part Romain qui a essayé de me secourir en voyant mon état. Je lui serai éternellement reconnaissant du geste qu'il a eu à mon égard», a-t-il assuré.
Alors qu’il a été victime d’un hémopneumothorax et de multiples fractures (côtes et omoplate), sa souffrance dans les jours qui ont suivi a été terrible, aussi bien physiquement que psychologiquement. «J’ai vraiment souffert. Je ne souhaite ce genre de truc à personne. À l'hôpital, j’essayais de faire bonne figure devant mes proches, ça me faisait plaisir de leur donner des nouvelles, mais j’étais vraiment effondré psychologiquement. Je ne faisais que penser au fait que ça aurait pu être plus grave, que cette chute aurait pu arrêter ma carrière», a dévoilé Julian Alaphilippe.
Le Tour de france devant sa télévision
Force de courage et de caractère, il a néanmoins tout fait pour remonter au plus vite sur son vélo, dans l’espoir de participer au Tour de France. Mais s’il a fait son retour à la compétition, dimanche, lors des Championnats de France, terminant à une honorable 13e place, il n’a pas été sélectionné par son équipe Quick-Step pour la Grand Boucle. Un véritable crève-cœur, même s’il se veut réaliste.
«Il y avait une grosse partie de moi qui espérait le faire, qui se disait que c’était possible. Mais l’autre partie était beaucoup plus réaliste parce que je sais la dureté de cette course, ce qu’elle exige. Ces trois dernières années, j’ai toujours pris le départ du Tour en pleine possession de mes moyens, même si ça ne s’est pas merveilleusement fini. Mais là, je me sens fatigué, diminué. Je ne sais pas si j'aurais pu être compétitif sur trois semaines. Faire le Tour sans être à 100 %, ce n’est pas un cadeau», a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : «Sur le Tour, je n’aurais pas pu me permettre de rester au chaud dans le peloton. Je n’aurais pas supporté de passer mon mois de juillet à souffrir, à être juste là parce que ça fait plaisir aux gens. J’aurais aimé être performant mais je suis trop limite.» C’est donc devant sa télévision qu’il va assister à la Grande Boucle. «Ça va être difficile mais j'ai trop d'amour pour cette course et de passion pour mon métier. Le public au bord des routes va me manquer cet été.» Un public qu’il espère sûrement pouvoir retrouver dès l’année prochaine.