L’athlète Krystsina Tsimanouskaya a déclaré à l’agence de presse Reuters avoir été emmenée de force à l’aéroport de Tokyo, ce dimanche 1er août. Se disant menacée d'un retour forcé dans son pays pour avoir critiqué sa fédération nationale elle a, selon le Comité international olympique (CIO), été mise en «sécurité» à Tokyo.
La sportive de 24 ans, avait lancé un appel ce dimanche : «J’ai subi des pressions et on essaye de me faire partir du pays sans mon accord… Je demande que le CIO intervienne». La jeune femme n’avait pas l’intention de mettre un pied dans l’avion qui était censé la rapatrier et, pour assurer sa protection, avait demandé à la police japonaise de l’escorter.
La sprinteuse de haut niveau devait concourir ce lundi 2 août pour l’épreuve du 200 mètres femmes, et le relais de 4x400 mètres jeudi. Mais à la suite d’une critique partagée sur son compte Instagram, concernant la négligence de ses entraîneurs, l’athlète assure avoir été conduite de force à l’aéroport, après que le personnel d’entraîneurs soit venu dans sa chambre ce dimanche, pour lui ordonner de faire ses valises.
Krystsina Tsimanouskaya a confié s’être plainte sur le réseau social d’avoir été inscrite au relais 4x400 mètres, alors qu’il était initialement prévu qu’elle court le 100 mètres et le 200 mètres, après que certains membres de l’équipe n’avaient pas réalisé un nombre suffisant de contrôle antidopage. Une décision qui n’a pas plu à la jeune femme, d’autant plus «qu’elle a été prise à son insu», révèle-t-elle.
Le Comité olympique Bélarus dément
De son côté, le Comité olympique bélarusse, dont le Président n’est autre que Viktor Lukachenko, le fils du président du Bélarus Alexandre Loukachenko, balaye d’un revers de main les accusations de la jeune athlète. Dans un communiqué, il assure que la sportive a du suspendre sa participation aux Jeux Olympiques «sur les conseils des médecins, en raison de son état émotionnel et psychologique».
Mais Krystsina Tsimanouskaya ne s’est pas laissé intimider et a aussitôt qualifié cette déclaration de «mensonge», lors de sa prise de parole à l’aéroport, face à la presse. La jeune femme ajoute «qu’elle n’aurait jamais réagi de manière si sévère si on lui avait expliqué à l’avance toute la situation et demandé si elle était capable de courir un 400 mètres».
De son côté, le CIO assure s'être adressé directement à l'athlète dimanche soir. Le directeur de la communication de l'instance, Mark Adams, indique que Krystsina Tsimanouskaya a «passé la nuit dans un hôtel de l'aéroport» de Tokyo-Haneda. Elle aurait selon lui indiqué «qu'elle se sentait en sécurité». Mark Adams ajoute que le CIO projette d'entrer à nouveau en contact avec elle ce lundi, afin de connaître ses intentions et la «soutenir».
Plusieurs pays prêts à l'accueillir
Sans donner davantage de précisions, le gouvernement japonais a indiqué son intention de «continuer à coopérer étroitement avec les organisations concernées et prendre les mesures appropriées», en traitant ce cas «conformément à la loi». Plusieurs pays européens ont proposé l'asile à la sprinteuse. C'est notamment le cas de la République tchèque dont le ministre des Affaires étrangères, Jakub Kulhanek, a fustigé les méthodes «absolument honteuses» du «régime Loukachenko» sur Twitter.
Estimant que «les Jeux olympiques n'ont rien à voir avec la politique», il promet à Krystsina Tsimanouskaya de «l'aider» si elle accepte sa proposition. Janez Jansa, le Premier ministre slovène, s'est lui aussi dit prêt à accueillir l'athlète, de même que les autorités polonaises, qui lui ont offert un visa humanitaire pour lui permettre de poursuivre sa carrière dans leur pays.
Selon les dernières informations, l'athlète a finalement accepté cette dernière proposition. Alexandre Opeïkine, directeur exécutif de la Fondation bélarusse pour la solidarité sportive (BSSF), une organisation soutenant les sportifs bélarusses dans le collimateur du pouvoir bélarusse, a confirmé que Krystsina Tsimanouskaya «a rempli des documents pour obtenir l'asile politique en Pologne».
Le mari de l'athlète, Arseni Zdanevitch, a indiqué avoir lui-même quitté le Bélarus pour rejoindre l'Ukraine, estimant «ne pas être en sécurité». Il prévoit de rejoindre son épouse en Pologne dès que possible, même s'il dit ignorer où elle se trouve à l'heure actuelle.
Krystsina Tsimanouskaya n’est pas la première athlète à s’attirer les foudres du système Bélarus. Andrei Krauchanka, le sportif spécialiste du décathlon, compte parmi les opposants au régime d’Alexandre Loukachenko qui exerce une forte emprise sur le pays, notamment depuis son cinquième mandat renouvelé en 2020, et très contesté.