Un monstre légendaire. Secret bien gardé et connu de quelques rares initiés pendant longtemps, ce spectaculaire tunnel d'eau turquoise situé à Tahiti, s'est hissé en 2000 au rang de spot mythique et incontournable pour tous les surfeurs de la planète. Consécration ultime, il accueillera en 2024 les compétitions de surf des JO de Paris.
Teahupoo qui se prononce «tchiopo» et signifie «la montagne des crânes» en vieux tahitien, est un site unique au monde qui se trouve dans la presqu'île de Taiarupo, à Tahiti, en Polynésie française, dans le Pacifique sud. Il possède les vagues parmi les plus réputées et les plus redoutables de la planète surf. Depuis 1999, Teahupoo est l'étape phare du championnat du monde de surf, même si en 2006, il a été retiré du circuit féminin car jugé trop dangereux.
La plus belle vague au monde
«A Tahiti, il y a la plus belle vague au monde qui est à Teahupoo. C'est la vague la plus connue au monde, devenue la plus intense, la plus spectaculaire. Elle a une énergie complètement différente», a affirmé à l'AFP, Jérémy Florès, surfeur professionnel français et un des meilleurs du circuit pro mondial. Cette déclaration enflammée envers Teahupoo est une preuve de l'aura si particulière qui entoure cette célèbre vague.
Encore confidentielle il y a quarante ans de cela, elle a acquis sa notoriété le 17 août 2000 grâce à un cliché du photographe australien Tim McKenna qui immortalisa le fameux surfeur californien Laird Hamilton, aux prises avec une houle dantesque, baptisée plus tard «la vague du Millénaire».
Faisant la une de nombreuses magazines, cette photo fit rapidement le tour du monde et devint une véritable icône faisant de Teahupoo, une vague mythique. «Laird Hamilton a pris cette vague qui sortait un peu de nulle part, ça a relancé sa carrière et ça a conforté la place de Teahupoo comme l'un des plus beaux spots au monde», a déclaré Tim McKenna à l'AFP. «C'est comme ça que Teahupoo fonctionne dans une journée, il y aura toujours une vague beaucoup plus grosse que les autres, presque le double. Aujourd'hui, tout le monde veut cette grosse vague, ils attendent la bombe de la journée. A l'époque, Laird avait pris cette vague-là», a-t-il expliqué.
Un autre cliché incroyable de Teahupoo est entré dans l'histoire et a contribué à renforcer son statut de vague légendaire. Il s'agit d'une photo réalisée en mai 2017, par le photographe australien Leroy Bellet qui a capturé le Tahitien Michel Bourez à l'intérieur du tube de Teahupoo.
La prouesse de ce photographe âgé de seulement 17 ans à l'époque, a été de faire cette prise de vue au cœur même de la vague, juché en équilibre sur une planche de surf avec son appareil en main, calé un peu en retrait, juste derrière le célèbre surfeur tahitien.
La consécration : spot des JO de paris 2024
Le surf est en passe d’obtenir la reconnaissance sportive suprême comme sport olympique. Cet été, il sera pour la première fois de son histoire, discipline olympique aux JO de Tokyo. Mais surtout, sa présence au programme des prochains JO, ceux de Paris 2024 a été confirmée avec le choix de la vague magique de Teahupoo pour y accueillir l'ensemble des épreuves olympiques de surf, ce qui ne manquera pas de valoriser cette discipline.
Une vague fascinante mais dangereuse
Même si elle n'est pas la vague la plus haute du monde, ce tube d'eau turquoise a la particularité assez unique d'être presque aussi large que haute. Cette vague puissante et épaisse peut atteindre les 5 mètres de haut et avoir jusqu'à 4 mètres de diamètre. Surnommée «la mâchoire» par les surfeurs, ce rouleau monstrueux flirte parfois avec les 10 mètres de haut et demeure particulièrement dangereux à cause du récif corallien peu profond. Même lorsque la houle est faible, le spot de Teahupoo est considéré comme redoutable et périlleux : lorsque la vague se creuse, le récif n'est qu'à quelques dizaines de centimètres sous la planche des surfeurs, et la chute peut s'avérer fatale. Au cours des dernières décennies, elle a causé de nombreux accidents dont un mortel en 2000 et d'autres qui ont occasionné de multiples blessés dont certains sont devenus paralysés à vie.