Une expérience à contre-courant. Au même titre que d’autres personnalités marseillaises, comme Patrick Bosso ou Bengous, Frédérick Bousquet s’est tenté aux commentaires d’un match de l’Open 13, en fin de semaine, pour We are tennis. Et grâce à cet exercice inédit, l’ancien nageur champion du monde s’est pris de passion pour Pierre-Hugues Herbert.
D’où vous vient cette passion pour le tennis ?
On ne peut pas vraiment parler de passion spécifique pour le tennis. Mais j’ai une passion pour le sport en général. Le sport fait partie de ma vie et il en fera toujours partie. Car même après avoir arrêté le sport de haut niveau, je m’en rends compte que je ne peux toujours pas m’en passer, que ce soit dans la pratique ou en tant que spectateur.
Jouez-vous tout de même un peu ?
J’ai joué vraiment un peu, mais j’ai très vite basculé vers le padel. Et par le coup, je joue souvent, même si c’est un peu moins depuis la crise sanitaire. Ça me plait énormément comme à mes amis sportifs et non sportifs. Sa facilité d’accès et son côté ludique le rendent accessible à tout le monde.
Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé de commenter un match ?
J’ai évidemment été surpris car je suis moins légitime par rapport à certains. Mais c’était aussi le but, d’avoir un journaliste spécialisé et un invité ayant une certaine sensibilité au tennis et au sport en général comme les spectateurs peuvent l’avoir. Car il n’y a pas que des gens ultras-connaisseurs qui regardent le tennis. Et j’y suis allé avec côté naturel et mon attrait pour le sport. Le format We Are tennis est en tout cas très intéressant avec un référent spécialisé, une personne qui peut se poser les mêmes questions qu’un spectateur et une interactivité avec les internautes.
Comment vous êtes-vous préparé ?
J’ai fait en sorte d’avoir quelques connaissances sur les deux joueurs. En l’occurrence, ce n’était pas trop compliqué avec Pierre-Hugues Herbert, qui est un joueur français, et Stéfanos Tsitsipas, qui avait remporté les deux dernières éditions.
«Pourquoi pas le voir devenir le leader du tennis tricolore»
Que retenez-vous de cette expérience aux commentaires ?
C’était vraiment une très bonne expérience. J’avais peur d’être moins à l’aise et d’être moins en capacité de commenter. Mais je me suis rendu compte finalement que quand on parle sport, on parle sport. Il y a une base commune. En plus, j’ai eu de la chance, c’était un très bonne rencontre et Pierre-Hugues Herbert a gagné.
Comment jugez-vous sa performance ?
Il a réalisé un super match. Il l’a attaqué de manière agressive. Il était opposé à un des tous meilleurs joueurs du circuit, qui était double tenant du titre et qui avait éliminé Rafael Nadal à l’Open d’Australie, et il a réussi à mettre son tennis en place pour déstabiliser et prendre l’ascendant. Je l’ai vraiment trouvé très bon.
Vous avez été conquis…
Grâce à ce match, c’est devenu mon joueur préféré. Mais vraiment. D’avoir pu l’observer avec un œil différent pendant tout un match, de voir son jeu, son sérieux et sa sérénité, je suis fan. C’est clairement devenu mon joueur préféré.
Dommage qu’il n’ait pas ensuite réussi à décrocher le premier titre de sa carrière en finale…
Je ne peux pas parler de déception. Même lors du quart de finale contre Tsitsipas, qu’il gagne ou qu’il perde, je trouvais que c’était très positif pour lui. Car il n’a pas craqué ni faibli contre un joueur en plein boom. Il ne pouvait être que satisfait de la manière dont il avait joué. En finale, il a quand même affronté Daniil Medvedev, qui est depuis lundi n°2 mondial. Mais en tout cas, ça me ferait vraiment plaisir de voir Herbert (73e mondial, ndlr) grimper au classement et pourquoi pas intégrer le top 10. Il a le jeu et, même sans le connaître personnellement, je pense qu’il a le mental pour y parvenir. Je lui souhaite aussi de remporter très vite son premier titre et pourquoi pas le voir devenir le leader du tennis français.
Justement, quel regard portez-vous sur le tennis français en général ?
Quand je vois le match de Pierre-Hugues, cela me met un peu de baume au cœur. Je ne vais pas taper sur les joueurs français, encore moins dans cette période compliquée. On a eu beaucoup d’espoirs en eux, mais malheureusement il n’y a pas toujours eu les résultats escomptés. Mais il ne faut pas oublier qu’ils ont quand même une vie particulière. On dit que les sports individuels sont tous les mêmes, mais ce n’est pas forcément vrai. La natation est un vrai sport individuel, mais il se prépare en équipe. Au tennis, ils sont très souvent seuls. C’est pareil pour tous les joueurs, mais ce n’est pas évident.
«Florent Manaudou a une intelligence sportive phénomènale»
Il y a un autre événement cette semaine à Marseille avec le FFN Golden Tour…
Effectivement, cela s’enchaine et ça fait plaisir, même si malheureusement on ne pourra pas assister aux courses. Mais malgré ces conditions, il y aura quand même un très beau plateau avec de nombreux nageurs internationaux et les têtes d’affiches tricolores. Cette échéance est d’autant plus importante qu’il s’agit de la dernière étape de pré-qualification olympique pour eux. Ils auront sûrement à cœur de se surpasser pour aller chercher un chrono et une qualification pour Tokyo.
Il y en a un qui va encore attirer les regards plus que les autres, c’est Florent Manaudou…
Ah bon ? (rires) Je ne veux pas trop parler de lui parce qu’on a une relation plus qu’amicale, mais je trouve qu’il est en pleine explosion de maturité, qu’il n’avait pas forcément voulu mettre en place jusqu’à présent. Pour moi, c’est l’athlète le plus intelligent que j’ai pu rencontrer sur le plan sportif. Il a une intelligence sportive phénoménale. Et c’est pour ça qu’il est bon dans tous les sports qu’il pratique.
Comment jugez-vous son retour à la compétition ?
Il date déjà depuis plus d’un an et demi. Et son retour a été fracassant. Dès sa première compétition, il fait top 5 mondial. Qui fait ça ? Qui a la capacité de le faire et d’être aussi performant ? Personne. C’est exceptionnel. Mais on est habitué à l’exceptionnel avec lui. Et ce n’est pas pour rien qu’il est l’un des meilleurs sprinteurs au monde depuis maintenant presque 10 ans. Car il ne faut pas oublier aussi sa longévité. En sprint au niveau mondial, c’est quand même rare une telle longévité. D’autant plus aujourd’hui où l’adversité est encore plus présente.
Vous serez un de ses fervents supporters à Tokyo…
Il en a plein des supporters et tant mieux car il en aura besoin. Et bien sûr que je serai de tout cœur derrière lui. A distance car malheureusement les spectateurs étrangers ne pourront pas se rendre au Japon. Je suis d’autant plus déçu qu’en tant qu’ancien athlète ayant participé à quelques JO et par curiosité, j’avais vraiment envie de voir la capacité d’organisation des Japonais. Malheureusement, ce ne sera pas possible.
Vous êtes toujours détenteur du record de France et d’Europe de 50m et 50m papillon. Est-ce une fierté ?
Cela fait toujours plaisir, mais la fierté, je l’ai tirée sur d’autres accomplissements. Le record du 50m papillon est particulier car je le partage avec Florent. Si celui-là, il pouvait ne pas y pas toucher. Mais celui du 50m nage libre, je lui souhaite de le battre très rapidement. Et il en a largement la capacité. Ce sera peut-être au Japon.