Le Basaksehir Istanbul participe à sa première campagne de Ligue des champions de son histoire. En quelques années seulement, il est passé de club municipal à champion de Turquie avant de recevoir, ce mercredi, le PSG sur fond de tension politique entre la France et la Turquie.
Avant de voir la formation stambouliote atteindre les sommets, le football turc était essentiellement dominé par Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas, qui se sont partagés les différents titres de champion depuis 1984. Seul Bursaspor était parvenu a bouleversé cette hiérarchie en 2010. Dix ans plus tard, Basaksehir a, à son tour, fait exploser la suprématie des trois géants trucs. Mais, pour ses détracteurs, il devrait son ascension fulgurante en grande partie au soutien du gouvernement au point d’être surnommé le «FC Erdogan».
Créé dans les années 1990 à l’initiative du maire d'Istanbul de l’époque, le club est promu en 1ère division en 2007 avant de prendre une autre dimension en 2014. Remonté après une saison à l’étage inférieure, il est vendu à des entreprises proches du parti politique islamo-conservateur AKP du président Recep Tayyip Erdogan, qui avait d’ailleurs pris part à l’inauguration du nouveau stade lors d’un match de gala, où il avait inscrit un triplé… Son principal sponsor est Medipol, qui n’est autre qu’un groupe hospitalier privé dirigé par l’actuel ministre de la Santé Fahrettin Koca et ancien médecin personnel du président turc.
Mais les liens entre le club et Erdogan, ancien joueur semi-professionnel, ne s’arrêtent pas là. Le président n’est autre que Göksel Gumusdag, dont la femme est la nièce par alliance d’Erdogan. Et le Basaksehir évolue en orange en référence aux couleurs de son parti politique. Il est également implanté à Basaksehir, qui l’un des nouveaux arrondissements d’Istanbul aménagé il y a une dizaine d’années et pensé par Erdogan.
Pour arriver jusqu’au sacre, le club, vice-champion en 2017 et 2019, a pu compter sur la puissance financière de ses investisseurs pour attirer des «grands» noms comme Emmanuel Adebayor, Gaël Clichy, Arda Turan ou encore Robinho. L’effectif actuel est, quant à lui, composé notamment d’anciens pensionnaires de Ligue 1 comme l’ancien Lyonnais Rafael et l’attaquant français Enzo Crivelli (ex Bordeaux, Angers, Caen).
Malgré ces résultats, le Basaksehir Istanbul, battu pour son entrée en Ligue des champions par le RB Leipzig (2-0), jouit d’une faible cote de popularité et peine à s'attirer des sympathisans. Les jours de matchs, l’affluence moyenne de son stade n’excède pas 3 000 spectateurs pour une capacité total de 17 000 places. Pour son premier match à domicile dans la plus prestigieuse compétition européenne, une victoire contre le PSG en pleine crise diplomatique entre les deux pays pourra-t-elle changer la donne ? Rien n’est moins sûr…