Il porte toujours le PSG dans son cœur. Comme chaque saison, David Ginola suivra avec attention le parcours en Ligue des champions du club de la capitale, qui fera son entrée, ce mardi, dans la compétition face à Manchester United. Et s’il a été déçu de la prestation des Parisiens en finale, en août dernier, contre le Bayern Munich (1-0), l’ancien attaquant, ambassadeur pour PokerStars Sports, estime que Paris possède les joueurs pour soulever la prestigieuse Coupe d'Europe. Et s’imposer parmi les grands clubs européens.
Qu’a-t-il manqué au PSG la saison dernière en finale ?
A la fin de la rencontre, j’ai eu le sentiment que les joueurs n’ont pas donné 100%. J’attendais notamment une réaction d’orgueil après l’ouverture du score du Bayern Munich, mais elle n’est jamais venue. En fin de match, c’est même le club allemand qui avait le monopole du ballon, alors que les Parisiens auraient dû se jeter à corps perdu dans la bataille pour essayer d’égaliser. C’était vraiment frustrant. Et le PSG peut avoir des regrets.
Quels joueurs sont passés à côté ?
J’ai eu le sentiment d’un manque de ténacité et d’envie de certains joueurs cadres qui étaient pressentis avant le match pour faire la différence. Je parle évidemment du trio d’attaque, que ce soit Angel Di Maria, Kylian Mbappé ou Neymar. Ce sont trois joueurs de très haut niveau. Tout entraîneur aimerait avoir un tel trio d’attaque dans son équipe. Mais ils n’ont pas apporté tout ce qu’on attendait d’eux sur ce match.
Ce n’était donc pas un manque de talents…
Il n’y a aucun doute. Le talent est là dans cette équipe. C’était avant tout une question d’envie et de motivation. Sur ce match, je ne m’attendais pas à voir une équipe du Bayern Munich largement supérieure au PSG.
Cette défaite peut-elle servir à Paris cette saison ?
Elle peut servir comme elle peut laisser des traces. C’est à double tranchant. Il va falloir apprendre des erreurs commises pour éviter qu’elles se reproduisent. Et puis, c’est une nouvelle campagne qui s’ouvre dans un contexte toujours aussi particulier avec des matchs dans des stades vides ou presque. Il faut en tenir compte car les «petites» équipes, même s’il n’y en a plus beaucoup, auront moins de pression des publics quand elles se déplaceront sur le terrain des grands clubs. Comme ce sera le cas au Parc des Princes.
Est-ce que le club s’est suffisamment renforcé pour conquérir enfin cette Ligue des champions ?
Pour moi, c’est un faux débat. Le club s’est renfoncé car la saison sera encore très longue et Thomas Tuchel aura besoin de faire tourner par moment. Mais à une ou deux exceptions, le PSG avait et a toujours le onze capable de remporter la Ligue des champions. Après tout dépendra des blessures, des suspensions, du passage de l’hiver, qui est plus dur pour certains joueurs que pour d’autres, et de la préparation physique. Les Parisiens devront également être performants tout au long de la saison. Cela ne sert à rien d’être brillant au début et de s’écrouler ensuite. Il faut une certaine régularité jusqu’aux rendez-vous importants et décisifs.
Le club n’a-t-il pas fait une erreur en ne prolongeant pas Edinson Cavani et Thiago Silva ?
Je ne connais pas véritablement les pensées du club. On va attendre de voir. Mais Edinson Cavani, qui est le meilleur buteur de l’histoire du club, est quand même un buteur et avant-centre comme il en existe de moins en moins. Pour Thiago Silva, il y a peut-être plusieurs paramètres qui sont entrés en jeu. C’est une décision du club et de Leonardo. On ne connait pas la teneur des discussions entre les deux et on les connaîtra jamais. Peut-être qu’ils ne s’entendaient pas et que Leonardo a estimé que le temps était venu de s’en séparer. Peut-être que le PSG a aussi estimé qu’il pouvait jouer sans lui en faisant notamment redescendre Marquinhos d’un cran.
Comment le PSG est-il perçu Angleterre ?
Comme un club qui dépense beaucoup d’argent pour recruter des joueurs. Je me bats contre cette image, mais il est considéré comme un nouveau riche. Il y a pourtant la même chose en Angleterre avec Manchester City, mais les clubs anglais sont très chauvins. En Angleterre, ils ne vont jamais comparer ce qu’il se passe en Premier League avec ce qu’il se passe en Ligue 1. Pour eux, il y a le championnat anglais et le reste du monde, dont le PSG. Mais ils auraient eu une autre perception si le PSG avait battu le Bayern Munich. Et à ce niveau-là, la prise de conscience n’a pas été assez importante du côté des Parisiens. Une victoire aurait permis de montrer au monde entier que le club était légitime à se considérer comme l’un des plus grands clubs en Europe.
Ce qui n’est pas encore le cas ?
Il y a eu les remontadas contre Barcelone, puis Manchester United, pendant dix ans le club n’a jamais passé le stade des quarts de finale… Le PSG n’est pas encore considéré comme l’un des plus grands clubs d’Europe. Pour entrer dans cette catégorie, le club a besoin de battre ces équipes dans des matchs décisifs et pas seulement en phase de groupes. Ce qu’ils ne font pas, en espérant qu’ils puissent le faire dès cette année. Les grandes équipes répondent présent dans les grands rendez-vous car elles ont les capacités de se transcender dans les rencontres décisives.
Avant ces matchs décisifs, le PSG est-il favori de son groupe ?
Sur la phase de groupes, il ne devrait pas y avoir photo. Surtout que Paris a toujours été excellent dans les phases de groupes. Je pense que, cette année, ce sera encore la même chose. Mais depuis le début de saison, Paris est confronté à de multiples blessures qui pourraient s’avérer préjudiciables.
Comment voyez-vous ce premier match contre Manchester United ?
Manchester United n’est pas forcément au mieux en ce début de saison. Et de ce que j’ai vu, je ne vois pas les Red Devils être un concurrent. Mais ce match va être un premier test intéressant pour les Parisiens, qui n’ont évidemment pas oublié l’élimination en 8e de finale, il y a deux ans, surtout après un match aller qu’ils avaient parfaitement maitrisé.