À l’échelle planétaire, les gouvernements ont pris des mesures d’urgence pour protéger la santé publique et empêcher la propagation du COVID-19. Cependant, ces mesures ont eu un impact sérieux sur de nombreux indépendants et entrepreneurs dans presque tous les secteurs. C’est le cas du monde du sport durement éprouvé aussi bien au niveau des professionnels que des amateurs. Qu’en est-il des indépendants ?
Les disciplines phares frappées de plein fouet
Le nombre d’infections au COVID-19 est en hausse constante en occident, de sorte que la crise ne cause pas seulement de nombreux problèmes sanitaires, mais est également une catastrophe économique et sociale. La pandémie paralyse également le sport. Les ligues de football ont été longtemps mises à l’arrêt, le Championnat d’Europe et les Jeux olympiques ont été reportés ou reprogrammés, les athlètes doivent en quelque sorte rester en forme chez eux. Ce qui occasionne un énorme manque à gagner. L’Euro 2020 a par exemple été reporté. Le Championnat d’Europe génère environ 2 milliards d’euros pour l’UEFA grâce aux sponsors et diffuseurs, mais comme la vie s’arrête momentanément, ces entreprises restent elles en suspens. Au niveau des championnats nationaux, les pertes liées à la baisse des recettes (billetterie, contrats commerciaux, sponsoring de joueurs…) sont estimées à 1,15 à 1,25 milliard d’euros pour la Première League anglaise et entre 300 à 400 millions d’euros pour la première ligue française. Mais le coronavirus est loin d’être un dommage exclusivement pour les ligues professionnelles, car il affecte également les indépendants du sport répartis dans plusieurs secteurs.
L’autonomie financière des instances sportives entachée
Qu’ils se constituent en équipes ou en programmes universitaires, les indépendants du sport existent dans presque toutes les disciplines avec un statut qui varient constamment. Ils travaillent entre autres dans l’enseignement de disciplines sportives et dans des activités parallèles liées au sport (gestion d’installations, administration de clubs de sport, coache et entraineurs dans des centres de culture physique, etc.). Une grande partie des indépendants ont le statut de micro-entrepreneur.
En France où il y a eu un grand manque à gagner pour les indépendants de plusieurs disciplines, ces mesures sont attendues et largement souhaitées. Outre certaines disciples phares, d’autres comme le parapente (Annecy-Parapente.fr) où la masse salariale est composée exclusivement d’indépendants (comme les moniteurs de ski) devraient se tourner vers plus de financements publics. Ce n’est bien sûr pas nouveau, mais la Covid-19 a le potentiel d’augmenter cette dépendance.
La crise économique imminente est susceptible d’accroître cette dépendance des organisations sportives indépendantes de taille moyenne et petite comme les fédérations régionales à l’égard des financements publics ; en particulier des organes de direction. Car dans les faits, les indépendants sont privés bien malgré eux de revenus et ne peuvent bénéficier du chômage. Mais le gouvernement a annoncé plusieurs mesures pour corriger cet état de fait. Les entreprises fermées et les indépendants du sport dont les activités ont été perturbées à la suite des mesures imposées peuvent déposer une demande de chômage temporaire pour cause de force majeure. Ceci est également autorisé pour les salariés qui ne peuvent plus être employés en raison des reports et annulation d’activités sportives. Nous vivons à une époque où beaucoup plus d’attention est accordée à la gouvernance du sport, avec des codes de bonne gouvernance pour le sport en cours d’élaboration dans de nombreux pays avec une implication plus directe de l’Union européenne dans le domaine.
Une crise sanitaire qui dévoile les insuffisances des instances de décision
Sur un autre plan, le coronavirus a imposé un véritable défi pour la stabilité et la crédibilité des instances de décision ; aussi bien sur le plan national que local. Le virus est utilisé pour réorganiser les rapports de force entre les acteurs politiques des groupes sociaux et leurs représentants tant au niveau local qu’au niveau régional en évaluant l’efficacité de ces instances. Ce qui peut occasionner des tâtonnements et des décisions contradictoires émanant de certaines autorités et susceptible de créer un climat d’incertitudes. Pour un secteur comme celui du sport où l’organisation et la programmation sont des modes de fonctionnement, les effets sont clairement visibles. C’est le cas des clubs de Parapente à Annecy, où les professionnels avaient eu l’autorisation de la fédération française de parapente (https://federation.ffvl.fr) afin de reprendre leur activité après le 31 mai dernier. Cette fédération est revenue sur sa décision suite aux mesures sanitaires et a finalement repoussé la reprise de la pratique au 14 juin. En plus des inquiétudes concernant les décisions contradictoires, il existe également une incertitude quant à la propre performance physique. Jusqu’à la mi-juin, presque tous les centres de formation et d’entrainement régionaux et locaux ont été fermés et quiconque ne dispose pas de salle de gym à domicile peut atteindre ses limites en matière de fitness.
Les clubs de sport ont fait preuve d’imagination pour reprendre du service
Le Premier ministre français Édouard Philippe a finalement confirmé la reprise des activités de sports collectifs à partir du 22 juin 2020. Si elle a été longtemps réclamée, la reprise s’est néanmoins accompagnée d’incertitudes et d’hésitations. Malgré les mesures de précaution, la peur de la contamination a éloigné bon nombre de pratiquants, notamment les plus âgés, d’habitude attachés à leur activité physique régulière. Mais les clubs redoublent d’efforts et d’imagination pour reprendre leurs activités. Les mesures les plus fréquentes incluent un nombre de clients est limité, un matériel installé suivant les règles de distanciation et désinfecté plusieurs fois par jour. Cela n’est pas sans effet direct sur les recettes. Dans certains secteurs comme le parapente, les vols ont repris depuis le 11 mai, mais les vols collectifs sont interdits et les déplacements sont limités à 100 km. Les professionnels, eux espèrent surtout la reprise des baptêmes, qui représentent 3000 à 4000 vols par an.
La Covid-19 a révélé certaines des complexités et des faiblesses de la gouvernance sportive. Il y a deux domaines chez les indépendants du sport dans lesquels des changements pourraient survenir en raison de la crise du coronavirus. Ce sont les relations entre les organisations et les autorités publiques ainsi que l’autonomie des instances sportives. La crise a mis en relief les angoisses préexistantes sur l’organisation et la pérennité du secteur et a intensifié les appels au sport pour repenser son avenir. Que la crise exige un changement ou non, il y en a qui ne laisseront pas les opportunités consécutives à un bouleversement d’une telle ampleur se perdre.