Une victoire tricolore sur le Tour de France 2021 sonnerait la fin d'une longue disette pour les Français. Jusqu'à présent, 21 Français ont remporté l'épreuve, créée en 1903. Retour sur ces champions qui ont marqué le Tour de France.
Maurice Garin (1903)
[© Collection BANCET/ICON SPORT]
Italien naturalisé Français en 1901, Maurice Garin restera pour toujours le premier vainqueur du Tour de France. Après avoir été ramoneur, ce qui lui vaudra le surnom de «petit ramoneur», il était passé professionnel en 1895, trois ans seulement après sa découverte du cyclisme. Vainqueur du Paris-Roubaix en 1897 et 1898, puis du Paris-Brest-Paris et du Bordeaux-Paris, il réalise une véritable démonstration sur le premier Tour de France, en 1903. Vainqueur de la première étape, il conservera la tête du classement général jusqu'au bout, remportant au passage les 5e et 6e étapes. L'année suivante, il l'emporte à nouveau, mais il sera finalement accusé de tricherie quatre mois après l'arrivée, déclassé et suspendu deux ans. Il prend alors sa retraite sportive et devient gérant d'une station essence à Lens.
Henri Cornet (1904)
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A seulement 20 ans, Henri Cornet est resté comme le vainqueur du «pire Tour de France de l'histoire». Arrivé cinquième, il ne doit en effet sa victoire qu'au déclassement des quatre premiers, accusés de tricherie, quatre mois après la fin de l'épreuve. Ils ont notamment été accusés d'avoir profité de l'aide de véhicules motorisés. Ce Tour de France avait été une catastrophe de bout en bout, marqué par des bagarres, des émeutes, et des actes de sabotage de la part du public, dont certains membres sont allés jusqu'à frapper les coureurs ou à disposer des tessons de bouteille sur la route.
Louis Trousselier (1905)
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Après avoir participé aux Jeux Olympiques de Paris en 1900, Louis Trousselier passe professionnel en 1902. Ce Parisien, fils d'un directeur de manège, a bien failli ne jamais s'aligner sur la grande boucle. En 1903, il avait en effet été suspendu à vie pour avoir profité d'une voiture lors du Bordeaux-Paris. En 1905, il remporte Paris-Roubaix, et arrive sur le Tour en tant que favori. Il remporte la première étape et quatre autres, et finira vainqueur. Il reste l'un des sept coureurs à avoir remporté le Paris-Roubaix et le Tour de France la même année.
René Pottier (1906)
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Considéré comme le premier «roi de la montagne», René Pottier était doté de qualités d'endurance exceptionnelles. Lors du Tour de France 1906, il remporte cinq étapes, et devient le premier coureur à franchir le ballon d'Alsace. La suite sera tragique. Deux ans plus tard, il se suicide par pendaison dans les locaux de son équipe, Peugeot. Son frère, André, évoquera la thèse d'un chagrin d'amour.
Lucien Petit-Breton (1907, 1908)
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Né en France mais ayant grandi en Argentine, Lucien Georges-Mazan à l'état civil commence sa carrière en Amérique du Sud, où il se fait surnommer «Petit-Breton» pour ne pas que sa famille découvre qu'il participe à des courses. De retour en France en 1902, il prend la deuxième place du Bol d'or, une compétition d'endurance sur piste sur 24 heures, qu'il remporte en 1904. Après avoir participé en 1905 et 1906 (il finit alors quatrième), il remporte son premier Tour de France en 1907. Lors de la neuvième étape, il l'emporte après une échappée de près de 250 km, considérée encore aujourd'hui comme l'une des plus belles démonstrations de force de l'histoire du Tour. Il récidive lors du Tour de France 1908, à l'issue duquel il annonce sa retraite sportive. Il sera tué au front en 1917, dans un accident de la circulation.
Octave Lapize (1910)
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Vainqueur du Tour de France 1910, qui pour la première fois traversait les Pyrénées, Octave Lapize a remporté au total six victoires d'étape sur l'épreuve. Il a également été le premier coureur à gagner trois fois consécutives le Paris-Roubaix, et à décrocher un titre de champion de France.
Gustave Garrigou (1911)
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Professionnel de 1907 à 1914, Gustave Garrigou a remporté le Tour de France 1911, après avoir notamment gagné le premier championnat de France de cyclisme sur route en 1907.
Henri Pélissier (1923)
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Arrivé deuxième du Tour de France en 1914, Henri Pélissier devra attendre la fin de la première guerre mondiale pour revenir sur la Grande Boucle et l'emporter, en 1923, à l'âge de 34 ans. Il a également gagné deux fois le Paris-Roubaix et a été champion de France. Très populaire auprès du public, il a été à l'origine de la légende des «forçats de la route». L'expression vient du journaliste Albert Londres, qui l'avait interviewé avec son frère dans un café, après avoir été contraint à l'abandon lors du Tour 1924. Il avait alors dénoncé le manque de considération pour l'intégrité physique des coureurs et évoqué le dopage.
André Leducq (1930, 1932)
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Double vainqueur du Tour de France, qui se dispute en 1930 par équipes nationales, André Leducq a remporté vingt-cinq victoires d'étape au total, soit le quatrième plus grand total de l'histoire de la course. Il doit en partie ses succès à une équipe de France exceptionnelle qui compte dans ses rangs des cyclistes talentueux comme Georges Speicher, futur vainqueur de la Grande Boucle en 1933, et Antonin Magne qui remportera le Tour de France en 1931 et 1934. Ce sprinteur hors norme, qui a également gagné un Paris-Roubaix et a été champion du monde, est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands cyclistes français de l'Histoire.
Antonin Magne (1931, 1934)
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Vainqueur de neuf étapes du Tour de France en dix participations, Antonin Magne a remporté l'épreuve à deux reprises, en 1931 et 1934. Surnommé «Tonin la méthode», il est considéré comme l'un des précurseurs dans les domaines de la préparation physique, étant notamment l'un des premiers à prendre en compte la diététique. Après la fin de sa carrière, il devient en 1945 directeur sportif de l'équipe Mercier, poste qu'il occupera durant vingt-cinq ans, dirigeant notamment Raymond Poulidor et Louison Bobet.
Georges Speicher (1933)
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Vainqueur du Tour de France en 1933, Georges Speicher remporte la même année le championnat du monde sur route. Il gagnera également le Paris-Roubaix en 1936, ainsi que trois titres de champion de France. Il a été le premier coureur à utiliser le changement de vitesse en compétition, lors du Circuit de l'Ouest.
Roger Lapébie (1937)
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Lors du Tour de France 1937, le premier disputé avec un dérailleur, Roger Lapébie dit «le Pétardier» ou «Le Placide» effectue une remontée spectaculaire pour finalement l'emporter. Seulement dixième à dix-sept minutes du premier à l'issue de la cinquième étape, il profite de la chute du leader lors de la neuvième étape dans les Alpes pour refaire son retard et remonter à la troisième place, remportant l'étape après une échappée de trente kilomètres. Il endosse le maillot jaune à l'issue de la seizième étape, profitant du retrait de l'équipe belge, qui comptait dans ses rangs le maillot jaune. Il ne le quittera plus jusqu'à la fin du Tour. Pour l'anecdote, Roger Lapébie est le premier végétarien à avoir remporté le Tour de France. Il mettra fin à sa carrière en 1939, à seulement 28 ans, suite à une mauvaise chute à l'arrivée de Bordeaux-Paris.
Jean Robic (1947)
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Jean Robic a gagné le premier Tour de France de l'après-guerre sans jamais avoir porté le maillot jaune. Bon rouleur, excellent grimpeur, l'Ardennais à la corpulence chétive a profité d'une échappée à 110 km de l'arrivée lors de la dernière étape pour l'emporter. Dans un livre, Jean-Paul Ollivier assure que le coureur aurait soudoyé ses coéquipiers pour inscrire son nom au palmarès.
Louison Bobet (1953, 1954, 1955)
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Louison Bobet est une légende du cyclisme français. Premier coureur à remporter l'épreuve trois fois consécutives, il a également gagné la plupart des classiques (Milan - San Remo, Paris-Roubaix, le Tour des Flandres, le Tour de Lombardie, Bordeaux-Paris). Il a remporté 122 victoires au total. Courageux, il fut un précurseur en termes de diététique, cherchant toujours à innover en matière d'entraînements. Il fut ainsi l'un des premiers coureurs à se faire accompagner en permanence d'un masseur. Immense vedette dans les années 1950, Louison Bobet occupe une place de choix dans la culture populaire française : dans son célèbre ouvrage «Mythologies», le philosophe Roland Barthes l'a même qualifié de «héros prométhéen». Victime d'un grave accident de la route, il devra mettre un terme à sa carrière en 1961. Il se reconvertira ensuite dans la thalassothérapie.
Roger Walkowiak (1956)
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Sa victoire surprise lors du Tour de France 1956 a donné naissance à l'expression «Tour à la Walkowiak», désignant une victoire due à des circonstances inattendues. Il l'emporte en effet sans avoir gagné une seule étape, et alors que Louison Bobet, Fausto Coppi et Jacques Anquetil n'ont pu y participer pour différentes raisons. Ces circonstances n'enlèvent toutefois rien à sa victoire sur la Grande Boucle, car il l'a construite tout au long de l'épreuve grâce à son courage et sa ténacité.
Jacques Anquetil (1957, 1961, 1962, 1963, 1964)
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«Maître Jacques» est le premier coureur de l'histoire à avoir remporté cinq fois le Tour de France. Il sera imité en cela par Bernard Hinault deux décennies plus tard. Il a également remporté le Tour d'Italie et le Tour d'Espagne, devenant ainsi le premier cycliste à avoir remporté les trois grands tours. Grand spécialiste du contre-la-montre (l'un de ses surnoms est «Monsieur chrono»), il bat la légende Louison Bobet pour remporter son premier Tour de France en 1957, à l'âge de 23 ans. Une victoire qui sonne l'avènement d'une nouvelle ère. Tout au long de sa carrière, il surprendra les suiveurs, gagnant tout en s'affranchissant des règles de diététique qui se sont alors démocratisées. Il avouera toutefois par la suite s'être dopé, ce qui pourrait avoir joué un rôle dans le cancer de l'estomac qui l'a emporté en 1987, à l'âge de 53 ans.
Lucien Aimar (1966)
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Après avoir participé aux Jeux Olympiques de Tokyo en 1964, Lucien Aimar devient professionnel en 1965 dans l'équipe de Jacques Anquetil, Gitane. Dès l'année suivante, il remporte le Tour de France grâce à deux échappées, bien aidé par Anquetil. Il deviendra champion de France deux ans plus tard, en 1968.
Roger Pingeon (1967)
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Devenu professionnel sur le tard, à 25 ans, Roger Pingeon remporte le Tour de France 1967, revenu cette année-là à un fonctionnement par équipes nationales. Il est l'un des trois leaders de l'équipe de France avec Raymond Poulidor et Lucien Aimar, vainqueur l'année précédente. Lors de la cinquième étape, il effectue une longue échappée d'une cinquantaine de kilomètres, qui lui permet de prendre près de six minutes à la plupart des favoris, et d'endosser le maillot jaune. Il parviendra à le conserver jusqu'à Paris.
Bernard Thévenet (1975, 1977)
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Lors du Tour de France 1975, Bernard Thévenet révèle ses talents de grimpeur exceptionnel lors de l'étape de Pra Loup : il bat alors le légendaire Eddy Merckx. Il finira sur le Champs-Elysées avec 2 minutes et 45 secondes d'avance sur le belge. Malade en 1976, il revient en 1977 pour remporter son second Tour, avec seulement 48 secondes d'avance sur le deuxième, Hennie Kuiper. Il a admis en 1978 s'être dopé à la cortisone durant trois ans, notamment lors de ses deux victoires sur le Tour de France. Il a également été hospitalisé en 1977 pour une maladie du foie qu'il attribue lui-même à l'utilisation de stéroïdes.
Bernard Hinault (1978, 1979, 1981, 1982, 1985)
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Vainqueur pour la cinquième fois en 1985, Bernard Hinault reste le dernier vainqueur français du Tour de France. Il est également celui qui l'a remporté le plus de fois, à égalité avec Jacques Anquetil. Au total, il a remporté vingt-huit étapes du Tour de France. Arrivé sur le circuit après la retraite d'Eddy Merckx, il a dominé le cyclisme durant près d'une décennie, aidant même son coéquipier, l'Américain Greg Lemond, à gagner le Tour lors de sa dernière participation en 1986.
Laurent Fignon (1983, 1984)
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Surnommé «l'intello» ou «il professore», surtout en raison de ses lunettes, Laurent Fignon a réussi l'exploit de remporter le Tour de France 1983 dès sa première participation, à seulement 22 ans. Il a notamment profité du forfait de son coéquipier Bernard Hinault, se retrouvant dans une équipe sans leader. Dans les Pyrénées, il s'empare de la deuxième place, avant de prendre le maillot jaune suite à l'abandon de Pascal Simon, victime d'une chute. L'année suivante, il revient en leader et survole l'épreuve, bien épaulé par Bernard Hinault, qui finira deuxième. Il semble alors promis à de nombreux succès, mais il devra déclarer forfait en 1985 suite à une blessure. Il sera proche d'une nouvelle victoire en 1989, mais échouera à seulement huit secondes du maillot jaune. Champion de France 1984, il a remporté un Tour d'Italie et trois classiques, comptant également neuf victoires d'étape au total sur le Tour de France.