Le Bayern Munich a remporté en costaud 1-0 mardi à Dortmund le premier "Klassiker" allemand jamais disputé à huis clos et s'est ouvert la voie vers un 8e titre de champion consécutif.
Dix jours après la reprise "post-coronavirus" du football en Allemagne, cette 28e journée permet au "Rekordmeister" de prendre sept points d'avance sur le Borussia, deuxième, grâce à un superbe but en lob tout en finesse de Joshua Kimmich (43e).
"Tout le monde savait combien ces trois points étaient importants, et maintenant nous avons un matelas confortable. Ca va être difficile mentalement pour Dortmund, même si nous aussi devrons confirmer dans les prochains matches", a déclaré Kimmich après le match.
Ce matelas, à six journées de la fin, est d'autant plus important que le calendrier n'est pas forcément favorable aux Bavarois, qui devront encore affronter Leverkusen et Mönchengladbach, deux équipes au coude à coude pour une qualification pour la Ligue des champions. Dortmund ne rencontrera dans le même temps qu'un seul adversaire du top-5: Leipzig lors de l'avant-dernière journée.
Battu à domicile, le BVB pourra regretter que certains de ses meilleurs joueurs aient été hors de condition. Emre Can, le stabilisateur du milieu défensif, et Jadon Sancho, la pépite anglaise de 19 ans aux 17 passes décisives, ne sont rentrés qu'à la mi-temps, alors que le score était déjà acquis.
Eclair de génie
Le buteur de 19 ans Erling Haaland (10 buts en 10 matches avec le Borussia) était en revanche sur la pelouse et aurait pu ouvrir la marque dès la première minute, si son ballon n'avait pas été repoussé sur la ligne par Jérôme Boateng.
Mais après dix bonnes minutes pour Dortmund, le Bayern a commencé à mettre la main sur le match, et à se créer des occasions. A la 19e minute, Lukasz Piszczek a bloqué sur sa ligne un tir de Gnabry. Puis Bürki a dû repousser des deux poings des boulets de canon de Kingsley Coman (24e) et Leon Goretzka (40e).
Mais c'est Joshua Kimmich, d'un éclair de génie, qui a débloqué le compteur: de l'extérieur de la surface, il a vu Bürki légèrement avancé et l'a lobé, d'une "cuillère" diabolique de précision et de finesse (1-0, 43e).
Avec l'entrée de Can et Sancho à la pause, Dortmund a retrouvé son mordant et la deuxième période a été plus équilibrée. Mo Dahoud, par deux fois (49e et 81e), a obligé Neuer à s'employer. Mais Bürki, dans les buts du BVB, a tremblé lui aussi, obligé de se détendre sur un tir de Goretzka (54e) et sauvé par son poteau en fin de match devant Lewandowski (83e).
"En deuxième période, ils ont été audacieux, ils nous ont pressé", a reconnu Kimmich, "mais sans leurs supporters, nous avons pu jouer un peu plus tranquillement".
Le "Mur jaune" a manqué
Les Noir et Jaune ont-ils moins bien géré les conditions très particulières de ce choc au sommet? Le Borussia n'a en tous cas pas trouvé le supplément d'âme qui lui aurait permis de renverser le match. Et l'on sait que sans ses 82.000 supporters et son "Mur jaune", Dortmund n'est pas la même équipe.
Comme pour tous les matches de Bundesliga, le huis clos s'est accompagné de strictes mesures sanitaires. Tous les participants, équipes, médias, personnels du club, étaient masqués, à l'exception des joueurs et des arbitres. Et les contacts physiques hors du match étaient limités au minimum: pas de poignées de mains, pas d'embrassades.
La minute de silence décrétée par la Ligue allemande (DFL), en hommage aux morts de la pandémie (plus de 8.300 en Allemagne), a de nouveau été observé. Les vingt-deux acteurs portaient des brassards de deuil.
En l'absence de concurrence de l'Espagne ou de l'Angleterre, la DFL s'attendait à ce que ce "Klassiker" soit regardé plus encore que d'habitude par des dizaines de millions de téléspectateurs dans le monde.
"Les joueurs ressentent une grande responsabilité", avait admis avant le match Michael Zorc, le directeur sportif du Borussia, "nous avons la chance d'être le seul grand championnat à avoir le droit de jouer et nous nous réjouissons d'accueillir le Bayern, même si aujourd'hui nous aurions bien eu besoin de notre +Mur jaune+".