L’union fera-t-elle la force ? Devant l’intransigeance du Comité internationale olympique et du gouvernement japonais, de nombreuses voix s’élèvent chez les sportifs et les fédérations entre autres, inquiets par la pandémie de coronavirus qui sévit actuellement dans le monde, pour demander le report des JO de Tokyo.
A quatre mois du début de la cérémonie d’ouverture, la 32e olympiade de l’ère moderne fait de la résistance. Au contraire de nombreux événements sportifs à travers la planète reportés ou tout simplement annulés, les prochains Jeux Olympiques sont toujours maintenus aux dates prévues (24 juillet-9 août). Une décision qui est loin de faire l’unanimité. Et le mécontentement gagne chaque jour un peu plus les différents acteurs.
En France, la Fédération française de natation est montée au créneau. Conscients des enjeux économiques, organisationnels et financiers de cet événement majeurs, les dirigeants ont appelé «le Comité International Olympique à mettre tout en œuvre pour étudier en toute transparence les options de maintien comme de report des Jeux Olympiques de Tokyo face au caractère international de la crise sanitaire sans précédent qui s’étend sur le territoire français et partout dans le monde.»
Même son de cloche au sein de la Fédération d’athlétisme. «Tout le monde sportif s’accorde à dire que les Jeux ne pourront pas se tenir aux dates prévues», a confié son président André Giraud. Et d’ajouter : «Envisageons, si la crise est endiguée d’ici fin mai, un report des Jeux à l’automne. Mais le plan C serait un report de 6 mois ou un an.» Outre la préparation rendue impossible par la propagation du Covid-19, «comment réunir 11 000 athlètes dans moins de quatre mois dans le village olympique ?», s’est-il également interrogé.
Report, durée réduite ou encore huis-clos comme option
La Fédération internationale d’athlétisme, sport majeur aux Jeux Olympiques, a aussi demandé le report. Ouvrir les Jeux le 24 juillet comme prévu n’est «ni faisable ni souhaitable», a écrit son président Sebastien Coe dans un courrier rédigé avant la réunion du CIO qui s’est tenue dimanche. «Personne ne veut voir les Jeux olympiques reportés, mais comme je l’ai dit publiquement, nous ne pouvons pas maintenir cette manifestation coûte que coûte et certainement pas au détriment de la sécurité des athlètes», a ajouté le Britannique, double champion olympique à Moscou (1980) et Los Angeles (1984). «Prendre une décision sur les JO va très vite devenir une évidence», a également préconisé Coe.
Avant eux, les puissantes fédérations américaines de natation et d’athlétisme, ainsi que la fédération espagnole d’athlétisme, mais aussi plusieurs comités olympiques nationaux, avaient adopté la même ligne de conduite. «La meilleure et la plus responsable décision est de faire passer la santé et la sécurité de chacun avant tout, et de bien voir les effets que cette situation difficile a eu et continue d’avoir sur nos athlètes et leur préparation aux Jeux Olympiques », a déclaré le patron de l’athlétisme américain Max Siegel dans une lettre adressée au comité olympique et paralympique américain.
Premiers concernés, les sportifs, dont 43% ne sont toujours pas qualifiés, ont montré une certaine réticence à l’idée de rejoindre le Japon et participer aux Jeux. C’est le cas de la perchiste grecque Katerina Stefanidi ou encore de l’escrimeur allemand Max Hartung. «Je ne participerai pas aux Jeux Olympiques aux dates prévues », a-t-il assuré à la chaîne allemande ZDF. Champion olympique en titre du lancer du disque, le Polonais Piotr Malachowski a, lui, qualifié ces JO de «Jeux de la mort». De plus, les contrôles antidopage sont eux aussi à l’arrêt ce qui pose le problème d'équité entre sportifs.
Tout cela suffira-t-il au CIO à revoir sa position ? S’il continue de temporiser et garde l’espoir que la situation sanitaire mondiale permettra la tenue des Jeux Olympiques fin juillet, l’idée commencerait à faire sérieusement son chemin. Dans une lettre adressée aux sportifs du monde entier, le président du CIO Thomas Bach a évoqué un possible report et précisé qu’une décision serait prise dans les quatre semaines. Il a en revanche écarté toute annulation. De son côté, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a admis qu’un report «pourrait devenir inévitable». Le bon sens pourrait ainsi finir par l'emporter…