12 minutes en deux matchs sur les parquets de la NBA. Le temps de jeu de Vincent Poirier, pivot Français qui découvre la NBA cette saison aux Boston Celtics, est loin d'être mirobolant. Mais celui qui remplaçait Rudy Gobert pendant la Coupe du monde de basket en Chine savait où il mettait les pieds. Dix jours après le début de la saison, il tire un premier bilan de son adaptation aux Etats-Unis.
Cela fait une semaine que la saison a commencé, comment vous sentez-vous ?
De mieux en mieux. C’est une question de confiance, de montrer au coach qu’il peut me faire jouer. Il faut rester positif, continuer à s’entraîner et un jour la roue tournera.
Est-ce que l'on vous a promis un certain temps de jeu sur la saison ?
Non non, personne ne m’a promis de temps, ou m'a dit : «tu vas jouer 5, 10 ou 15 minutes». Si c'était le cas, je serais parti. Je leur aurais dit que ce sont tous des menteurs. Le temps de jeu se mérite sur le terrain. C’est la NBA, c’est l’élite, donc il faut être prêt à chaque match.
Vous avez très peu joué, seulement deux matchs sur cinq. Comment gère-t-on le manque de terrain ?
Forcément, j’aimerais participer à ces moments-là avec l’équipe, mais je sais que ça fait partie du processus. Il faut être patient et savoir que ça ne va pas rester comme cela tout le temps. J’essaye d’apporter de la positivité, de montrer que je ne fais pas la tête. J’attends juste mon moment. Là, on a eu des gros matchs donc je comprends que les rotations soient courtes et que l’on ne me donne pas forcément ma chance. Ça ira mieux au fur et à mesure de la saison, il va y avoir beaucoup de matchs, et il faudra faire souffler les cadres… Donc je sais qu’un jour j’aurais du temps.
Vous n'étiez pas satisfait de votre match contre New York, votre premier en NBA (6 minutes, 2 points, 1 balle perdue et 2 fautes).
Quand tu ne joues pas, tu n’as pas l’habitude d’être avec tes coéquipiers donc tu n’as pas forcément la confiance de tout le monde, tu n’es pas à l’aise. Et c’est quelque chose qui vient avec le temps, en jouant. Donc forcément les premiers matchs, c’est toujours plus compliqué, tu ne sais pas forcément où te mettre, quoi faire. Les autres ne savent pas comment toi tu te positionnes. Je manquais un peu de tout ça.
Comment sentez-vous l’équipe après une semaine de compétition ?
On sent qu’il y a quelque chose, on monte en puissance, et ça va de mieux en mieux. On a commencé par une défaite contre Philadelphie (107-93) mais depuis on a montré qu’on était solide et que même dans les moments compliqués, on arrive à relever la tête. Je pense que ça montre des bonnes choses.
Un mot sur le coach, Brad Stevens, que certains voient comme l’un des meilleurs de la ligue ?
C’est quelqu’un de très intelligent qui étudie énormément le jeu. Il connaît par coeur chaque équipe, chaque joueur, et a son idée de plan de jeu. Et cette idée marche, la preuve avec nos résultats sur le début de saison. J’aime apprendre des gens qui en connaissent beaucoup, c’est le cas ici, et c’est un plaisir.
Vous jouez avec Kemba Walker, l’un des meilleurs meneurs au monde, et avec un phénomène physique et médiatique : Tacko Fall (un pivot de 2m29 qui peut dunker sans sauter). Comment se passe la cohabitation avec ces deux-là ?
Kemba est quelqu’un qui n’est pas égoïste, qui sait prendre les tirs au bon moment. C’est lui qui nous porte, amène son expérience, le scoring, et il défend. On l’a vu contre Milwaukee (menés de 19 points, les Celtics remportent le match 116-105, avec 32 points de Kemba Walker). Et en plus c’est un gars super. Tacko Fall, il y a tout un truc autour de lui. C’est déjà quelqu’un aux États-Unis. Dès qu’il va quelque part, on crie son nom partout. C’est bien pour lui, mais ce n’est pas quelqu’un qui se prend trop la tête sur ça. Il sait ce qui l’attend, et que ce n’est pas ça qui va le propulser en haut. Donc il travaille beaucoup, il est très humble et c’est le plus important.