La France a toutes ses chances. En quart de finale du mondial qui se déroule en Chine, mercredi à 13h, les Français ont une vraie opportunité de battre les Américains. Journaliste pour Canal+ Sport, George Eddy donne les clés de la rencontre.
Voix de la NBA depuis presque 30 ans, George Eddy est actuellement en Chine pour la Coupe du monde de basket. Le journaliste a assisté de près à la défaite des Bleus contre l'Australie (100-98), lundi. Il pense également que les Bleus de Vincent Collet ont les armes pour faire tomber Team USA.
La défaite contre l'Australie était-elle une surprise ?
On savait que cette équipe était très forte après avoir battu Team USA en match de préparation avec trois joueurs NBA comme Joe Ingles, Aron Baynes, Patty Mills et même Andrew Bogut (joueur des Warriors l’an dernier). Ils ont des atouts extraordinaires et l’ont prouvé face à la France.
La France était au même niveau, ça s’est joué à un coup de dés et les Bleus avaient le ballon de la gagne à 4 secondes de la fin. C’était un match grandiose, d'attaque, où tout le monde a bien joué. Mais l’Australie, avec son expérience et son vécu collectif, les 30 pts de Mills et son interception décisive à la fin, avait ce petit plus au niveau de l’expérience pour faire la décision.
La France doit-elle réaliser le même genre de match face aux États-Unis ?
Non il faudra faire un match différent. On a trop respecté les Australiens. Et on s’est laissé entraîner dans un match d’attaque. Ce n’est pas vraiment dans l’ADN de l’équipe de France. La France veut plutôt un match défensif avec un petit score. L’Australie a réussi à dicter le tempo. Face à Team USA, la France doit pratiquer un autre style de basket : défendre plus dur dès le début, réduire le score. En face, les Américains vont beaucoup jouer en small ball (avec des joueurs plus petits sur le terrain), peut-être sans pivot. Il faudrait que l’on domine au rebond et que Rudy Gobert arrive à marquer des paniers sous le cercle.
Team USA n’a pas toutes les grandes stars de la NBA mais il n’y a quand même que des joueurs de talent. Mais nous avons aussi cinq joueurs NBA de talent en équipe de France. Donc il faut les jouer les yeux dans les yeux sans craindre qui que ce soit et être revanchard par rapport à la défaite contre l’Australie. Il faut utiliser cette énergie de la frustration et la convertir en énergie positive pour aller chercher la victoire.
La France a-t-elle une chance de battre les Etats-Unis ?
Oui tout à fait. Je considère que la France a 30 à 40 % de chance de gagner ce match. Certes, ils ne sont pas favoris mais ils ne sont vraiment pas loin. Depuis le début de la compétition, les niveaux affichés en défense et dans l’esprit collectif sont excellents. Il n'a manqué presque rien face à l’Australie. L’équipe de France n’a pas eu beaucoup de chance à la fin. Il faudra être plus chanceux et performants. Il faudra dicter le tempo aux Américains.
Ce match sera aussi l'occasion d'un duel de coach entre Vincent Collet et Gregg Popovich...
Collet peut être considéré, un peu, comme un Popovich français. Mais l’Américain a dominé la NBA depuis 20 ans en étant tout le temps en playoffs. C’est un coach Hall-of-Fame et légendaire donc c’est quand même un niveau au-dessus du Français. Sur le plan tricolore, Vincent Collet est le meilleur entraîneur de l’histoire de l’équipe de France au niveau de son palmarès. En championnat, il a perdu beaucoup de finales et a eu un peu moins de succès. De plus, il n’a pas entraîné à l’étranger. Donc on ne peut pas vraiment comparer leurs palmarès. Mais il fait partie des meilleurs entraîneurs que l’on ait eu en France.
Pour la France, quel serait le scénario idéal de ce quart de finale ?
Prendre encore un bon départ. Défendre très dur dès le début pour montrer aux Américains qu’ils ne vont pas pouvoir courir et jouer des un-contre-un faciles. Il faut rendre tout plus difficile pour Team USA. Ça serait bien de ne pas perdre trop de ballons pour ne pas donner de contre-attaques. Bien faire circuler la balle en attaque, être collectif, faire des attaques longues et obliger les Américains à défendre plus longtemps. Si on respecte ces critères, on peut jouer les yeux dans les yeux avec Team USA.