Le Soleil Levant se lève à Nice : après un mois et demi d'une préparation intense censée lui permettre, à la Coupe du monde au Japon, de rattraper son retard, le XV de France, avec son encadrement revigoré, passe un premier test grandeur nature samedi contre l'Ecosse.
On oublie tout ? Les cinq petites victoires pour onze défaites depuis l'arrivée de Jacques Brunel au poste de sélectionneur fin 2017, les succès échappés à la dernière minute (Afrique du Sud en novembre 2018, Galles dans le Tournoi 2019) comme les humiliations (Fidji novembre 2018, Angleterre et Irlande lors du Tournoi 2019) ?
Ce serait trop simple. Et si l'exemple du Mondial-2015, conclu par une déroute en quarts de finale, montre que deux mois de préparation ne suffisent pas à gommer des lacunes récurrentes, un vent d'espoir souffle néanmoins sur la Riviera.
Il doit permettre a minima aux Bleus d'éviter, au Japon (20 septembre-2 novembre) une première sortie de route en Coupe du monde avant les quarts de finale, dans la «poule de la mort» (Angleterre, Argentine, Etats-Unis et Tonga).
Et est porté par les changements effectués depuis quatre mois et la fin d'un Tournoi des six nations inquiétant, qui a poussé le président de la Fédération Bernard Laporte à accoler à Brunel Fabien Galthié, «adjoint comme les autres» dixit le sélectionneur mais néanmoins son successeur.
L'ancien capitaine des Bleus, chantre d'un rugby fait de vitesse et de mobilité, a apporté selon les joueurs sa rigueur et son sens du détail, ainsi qu'un nouveau système de jeu, plus structuré.
Et pour que les joueurs soient en capacité de l'appliquer, il est venu avec son directeur de la performance, Thibault Giroud, chargé de remettre d'équerre ce XV de France afin qu'il rivalise, dans l'intensité, avec les meilleures nations mondiales.
«On a hâte»
Les 37 élus (réduits à 31 d'ici le 2 septembre) ont donc sué depuis un gros mois qu'ils sont au complet. A Marcoussis (Essonne), à Monaco puis le long de la côte de Valence, en Espagne.
De cette préparation qui a laissé trois joueurs sur le carreau (Willemse, Falgoux et Doumayrou) et d'autres avec des pépins physiques, ils en ont assez. Quand bien même le rugby y a été largement intégré.
«On a hâte de pouvoir enfin jouer et arrêter tout ce qui est physique, entre guillemets. On a envie de voir ce que donne notre système à balles réelles, comment ça réagit avec en face une défense qui ne le connaît pas», estime ainsi le centre Wesley Fofana.
On a aussi envie de voir comment vont se comporter les deux bizuths titularisés d'entrée: le tant attendu ailier d'origine fidjienne Alivereti Raka et François Cros, aligné, avec le revenant Charles Ollivon et la promesse Grégory Alldritt, au sein d'une troisième ligne inexpérimentée et inédite mais alléchante par sa complémentarité.
On guettera également la performance à l'ouverture de Camille Lopez, relancé par Brunel, et celle de la paire de centres de «punchers» Fofana-Fickou.
Pas «parfait»
Bien sûr, «c'est un match de préparation, le premier, il ne faut pas s'attendre à ce que tout soit parfait» en terme de repères collectifs et physiquement, admet Lopez.
Mais avant de retrouver le XV du Chardon samedi prochain à Edimbourg puis l'Italie dans deux semaines au Stade de France, il doit permettre aux Bleus de poser un premier jalon sur la route du redressement et de connaître l'état d'avancement du chantier.
La victoire ? «On ne se met pas plus de pression que ça sur le fait d'absolument gagner», répond Fofana.
«L'objectif majeur est de voir comment on encaisse les systèmes. De ce que je vois à balles à blanc c'est compris, mais dans un match à haute intensité, avec un peu de pression, c'est là qu'on va voir», rappelle-t-il.
L'emporter est cependant recommandé, face à des Ecossais qui n'ont plus gagné en France depuis 20 ans. Les Bleus ont largement payé, dans un passé récent, pour savoir qu'elle constitue le seul ciment qui permette d'engranger la confiance primordiale pour avancer sereinement.