L'histoire lui tend de nouveau les bras. A 37 ans, et pour la troisième fois, Serena Williams va se retrouver en position samedi, face à Simona Halep en finale de Wimbledon, d'égaler le record de 24 Grand Chelem, un défi majuscule.
Le chemin a été long, compliqué, douloureux et sans doute jalonné de doutes. Mais plus de dix mois après sa dernière finale de Grand Chelem perdue à New York début septembre 2018 face à Naomi Osaka, un match où l'Américaine s'était sabordée en direct, se brouillant jusqu'aux larmes avec l'arbitre, Serena Williams redécouvre un samedi de finale en Majeur.
Entre ces deux finales, l'ex N.1 mondiale n'a pas connu que des bons moments, trahie par son corps. En janvier à Melbourne, sa cheville a lâché. Une rupture des ligaments l'empêchant de défendre réellement ses chances face à Karolina Pliskova en quarts de finale. Puis quelques mois plus tard, son genou gauche a pris le relais, gachant un début de saison perturbé par les forfaits. Elle est arrivée hors de forme à Roland-Garros fin mai, pas assez entraînée, et pas vraiment totalement guérie, éliminée au 3e tour.
Ce record la poursuit
Elle a alors fait une pause, soignée son genou convenablement à Paris, et ne s'est pas montrée sur gazon avant Wimbledon. Une préparation «light», mais efficace. Car celle qui est un peu chez elle ici, avec sept titres, dont le premier il y a dix-sept ans en 2002, a retrouvé son assise, sa solidité, et son jeu qui s'est progressivement mis en place.
«C'est la première fois depuis l'Open d'Australie que je me sens vraiment bien. L'année a été très, très longue et difficile pour moi car je n’ai pas l'habitude de me blesser autant. Je ne sais pas où j'en suis mais je sais que je me sens bien», avait-elle confié après son quart de finale. Une petite renaissance pour celle qui, à bientôt 38 ans, est désormais la plus âgée des finalistes de Grand Chelem et qui disputera samedi sa onzième finale à Londres.
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La place de Serena dans l'histoire du tennis est d'ores et déjà assurée. Elle le sait. Mais le record de l'Australienne Margaret Court lui échappe depuis plus de deux ans après sa dernière victoire en Grand Chelem à Melbourne pour son 23e trophée majeur. Elle a depuis donné naissance à son premier enfant et disputé deux finales en Majeur depuis, deux occasions perdues (à New York et à Londres en 2018). Ce record la hante et la poursuit. Elle le sait, mais elle fait diversion.
«En fait, je n'y pense pas parce que peu importe le chiffre, 23, 24, 25… ce qui compte, c’est que je donne tout sur le court et peu importe ce que je fais, à la fin, j'aurai de toute façon signé une grande carrière. Je me sens vraiment sereine», a-t-elle assuré après sa demi-finale expéditive face à Barbora Strycova.
«C'est pour ça qu'elle est revenue»
Pas vraiment la même tonalité du côté de son entraîneur Patrick Mouratoglou : «C'est pour ça qu'elle est revenue dans le tennis après avoir eu un enfant et tellement de complications», a-t-il assuré.
«Vous n'avez pas idée à quel point elle a travaillé dur pour revenir à ce niveau, et elle l'a fait pour ça. Donc ça représentera beaucoup si elle y arrive.»
Face à elle samedi, le CV de son adversaire ne fait évidemment pas le même poids. Simona Halep ne disputera elle que sa cinquième finale en Grand Chelem (pour un seul titre à Roland-Garros en 2018), la première à Londres, sur une surface qu'elle s'est mise tout récemment à apprécier. «J'adore le gazon, c’est la première fois que je dis ça !», a révélé la Roumaine, pourtant demi-finaliste ici en 2014. «Je me sens plus en confiance», a répété l'ex N.1 mondiale, assurant avoir «sa chance» face à Williams.
Elle n'a battu qu'une seule fois l'Américaine en 10 duels. C'était en 2014 pendant la phase de groupes du Masters. Les deux joueuses s'étaient ensuite retrouvées en finale... Et Williams avait balayé la Roumaine (6-3, 6-0).