«Dans le grand bain» face au Brésil: les Bleues doivent résister à la pression du premier «match-couperet» de leur Mondial, dimanche (21H00) au Havre en 8e de finale contre la Seleção de Marta, une rivale a priori à leur portée.
Si l'affiche France-Brésil ravive des souvenirs heureux pour les nostalgiques de Zinédine Zidane en 1998 et 2006, c'est désormais aux joueuses de Corinne Diacre d'écrire leur propre histoire.
Ce duel «peut être un élément déclencheur. Si on avait joué une équipe en-dessous, ç'aurait peut-être été différent dans nos têtes. Aujourd'hui on est focalisé comme si on jouait un 'grand', ce qui est le cas. Le Brésil fait aussi partie des favorites de la Coupe du monde», affirme l'attaquante Eugénie Le Sommer.
Favorites ? Peut-être pas, car la sélection sud-américaine, 10e au classement Fifa, n'a jamais battu la France (trois défaites et cinq nuls) et souffre de sacrées carences en défense ces derniers mois.
«Tu perds, tu rentres chez toi»
Mais elle dispose d'une redoutable ligne d'attaque entre Marta, meilleure buteuse de l'histoire en Coupes du monde - 17 buts en cinq éditions -, l'ancienne Parisienne Cristiane, auteure d'un triplé contre la Jamaïque au premier tour, et la percutante N.9 Debinha.
A court de forme, Marta n'est toutefois pas sûre de pouvoir disputer l'intégralité de la rencontre, a reconnu son sélectionneur Vadao. Et au milieu, l'expérimentée Formiga (41 ans), touchée à une cheville, est incertaine.
Mais «la pression est plus dans le camp» des Bleues «que dans le nôtre», souffle Kathellen, défenseure centrale de la Seleçao et de Bordeaux.
Les choses sérieuses commencent donc pour la France, au palmarès vierge de tout titre et dont la meilleure performance remonte au Mondial-2011, une demi-finale perdue contre les Etats-Unis (3-1).
Il n'y a «toujours pas d'excitation particulière, j'espère en avoir le plus tard possible» temporise Corinne Diacre. Le groupe est «serein» avant ce «match-couperet», il est «travailleur quand il faut travailler, déconneur quand il faut déconnecter», selon la sélectionneuse.
Le Brésil est le premier écueil à contourner avant, si la logique est respectée, de retrouver en quarts les redoutables Américaines, impressionnantes depuis le début du tournoi.
«Maintenant, on est passées dans une phase à élimination directe: tu perds, tu rentres chez toi», résume Aïssatou Tounkara, cantonnée jusqu'à présent au banc des remplaçantes. Les Bleues ont tiré un gros bonnet dès les huitièmes de finale, «mais on est prêtes à ça. Après tout, il faut battre tout le monde», relativise Le Sommer.
«A partir du moment où on met le maillot bleu, on joue avec le coeur», complète la capitaine Amandine Henry.
Solides défensivement, les Françaises vont devoir faire preuve de plus d'efficacité dans l'animation offensive, après leurs succès poussifs contre la Norvège (2-1) et le Nigeria (1-0).
«Plus de créativité»
Sur cette dernière rencontre, «on était concentrées surtout sur notre assise défensive», conformément aux «consignes» de l'encadrement tricolore, reconnaît Le Sommer.
Dimanche, «il faut essayer d'avoir un peu plus d'allant offensif et de créativité pour embêter les Brésiliennes».
Spectacle ou pas, le public havrais sera encore au rendez-vous, comme à Paris, Nice et Rennes où les stades affichaient complet, tandis que les diffuseurs TV enchaînaient les cartons d'audience, un engouement inédit pour le football féminin français.
Les Bleues retrouveront un stade Océane qui leur a porté chance jusqu'ici, que ce soit contre les championnes du monde américaines (3-1) en janvier ou... le Brésil (2-1), en septembre 2015, en matches amicaux.
«C'est un stade qui nous a réussi, il faudrait que ça dure», résume Corinne Diacre.
Les planètes semblent donc alignées pour des Françaises quasiment invincibles cette saison (une seule défaite contre l'Allemagne) et qui disputent la compétition-reine à domicile.
«C'est chez nous, c'est une chance unique» de la remporter, confiait avant le Mondial le président de la Fédération, Noël Le Graët, pour qui l'objectif est d'atteindre la finale, le 7 juillet à Lyon.
Un faux-pas dès les 8es constituerait une immense désillusion.