Julian Alaphilippe est entré au panthéon du cyclisme français en devenant mercredi 24 avril le premier tricolore à remporter deux fois de suite La Flèche Wallonne. Il a désormais les yeux rivés sur Liège-Bastogne-Liège, la Doyenne des classiques, dont il sera le grand favori.
Même si le nouveau parcours ne l'avantage pas forcément (le nouveau final est sur le plat), le Français de 26 ans entend y prolonger sa forme étincelante vue depuis le début de saison.
AFP
Avec 2 étapes au Tour de San Juan, 1 étape au Tour de Colombie, le Strade Bianche, 2 étapes à la Tirreno-Adriatico, Milan-San Remo, 1 étape au Tour du Pays Basque et donc la Flèche Wallonne, il domine sans partage le classement mondial. Seule ombre au tableau, sa 4e place à l'Amstel Gold Race où, échappé en compagnie de Jakob Fuglsang, il a été repris sur le fil.
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— DADOU (@davidbuonomo) April 24, 2019
Spécialiste des classiques, Julian Alaphilippe, puncheur, ne gagnera jamais le Tour de France où les grimpeurs font régner la loi. Cela ne l'empêche pourtant pas d'y briller (voir plus bas). Après Liège-Bastogne-Liège, il a d'ailleurs prévu d'aller reconnaître plusieurs étapes dont celle consacrée à la Planche des Belles-Filles. Retour sur le parcours d'un cycliste hors-norme.
Des débuts en cyclo-cross
Né à Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, en 1992, Julian Alaphilippe a commencé sa vie de sportif par le cyclo-cross. Médaillé d’argent au championnat du monde juniors en 2010, sa carrière connait un premier coup d’arrêt la même année, avec une blessure à un genou qui l’amène à reconsidérer sa carrière.
Il intègre alors l’équipe cycliste de l’Armée de Terre, qui lui permet d’obtenir un contrat de trois ans tout en soignant sa blessure. Très rapidement, le pari est une réussite puisque le jeune Julian devient champion de France de cyclo-cross espoirs deux années d’affilée, en 2012 et 2013.
Snobbé par les équipes françaises
Pourtant, Alaphilippe ne reçoit, à l’expiration de son contrat avec l’Armée de Terre, aucune proposition d’équipes françaises. Il prend alors la décision de rejoindre l’équipe Etixx-iHNed, réserve de l’équipe belge Omega Pharma-Quick Step, et décide alors de se consacrer uniquement au cyclisme sur route. Un pari osé au regard de ses performances dans les catégories jeunes en cyclo-cross.
Dès sa première saison professionnelle, Alaphilippe montre une réelle capacité à gagner. Une étape du Tour de Bretagne, un du Tour de Thuringe, le Grand Prix Südkärnten, et surtout une étape du Tour de l’Avenir (le Tour de France des moins de 23 ans), sur le plateau de Glières.
L’année suivante, en 2013, l’équipe Omega Pharma-Quick Step, consciente de son talent, lui offre un contrat. Pour sa première saison avec «les grands», Julian montre d’impressionnantes qualités qui lui permettent d’accrocher deux podiums sur le Tour de Catalogne, et de remporter une étape, mais aussi les classements du meilleur jeune et du meilleur sprinteur sur le Tour de l’Ain.
Dans les pas de Laurent Jalabert
À ce moment de sa carrière, Julian Alaphilippe doit encore se fixer sur le coureur qu’il veut devenir. Remarquable puncheur, il n’a pas la pointe de vitesse suffisante pour concurrencer les sprinteurs, ni les aptitudes en montagne pour suivre les meilleurs quand la route s’élève sur la durée. Restent alors les Classiques, qui semblent constituer un terrain de jeu parfait pour le jeune homme.
En 2015, il prend ainsi de nombreuses places d’honneur sur les classiques ardennaises. Septième sur l’Amstel Gold Race en jouant l’équipier de Michal Kwiatkowski, il réussit l’exploit de terminer deuxième sur la Flèche Wallonne, trois jours plus tard, derrière l’Espagnol Alejandro Valverde. Moins d’une semaine plus tard, rebelote sur le Liège-Bastogne-Liege, toujours deuxième derrière l’expérimenté coureur espagnol. Cette performance est tout simplement la meilleure pour un Français sur «la Doyenne» depuis Laurent Jalabert en 1998. La fin de sa saison sera également réussie. Prolongé par son équipe pour deux saisons supplémentaires, le Français remporte l’étape reine du Tour de Californie, qu’il finira à la deuxième place au classement général.
Le début de la saison 2016 sera plus compliqué pour le jeune puncheur, en raison d'une mononucléose dépistée à la fin de la saison précédente. Alaphilippe réalise toutefois à nouveau de belles places sur les classiques ardennaises, et gagne une nouvelle fois l’étape reine du Tour de Californie sur lequel il remportera également le classement général. Enfin en forme, le jeune puncheur est aligné sur le Criterium du Dauphiné, qu’il termine à la sixième place, remportant au passage le classement du meilleur jeune.
2016 a également été l’année des débuts de Julian Alaphilippe sur le Tour de France. Présent dans de nombreuses arrivées disputées, il n’est arrivé cependant ni à remporter une étape, ni à s’emparer du maillot balnc de meilleur jeune, propriété du Britannique Adam Yates. En toute fin de saison, Alaphilippe, chef de file de l’équipe de France sur les championnats d’Europe sur route, se classe deuxième derrière Peter Sagan.
La saison 2017 voit tout d'abord Alaphilippe confirmer les belles promesses entrevues les saisons précédentes. Tout démarre ainsi parfaitement, avec les maillots blanc (meilleur jeune) et vert (meilleur sprinteur) sur le Paris-Nice, qu’il termine à la cinquième place. Il se classe ensuite troisième sur Milan-San Remo, avant de subir un coup d'arrêt important : sa saison est tronquée par une blessure au genou consécutive à une chute sur le Tour du pays Basque. Une blessure terrible, qui le pousse à faire une croix sur les classiques ardennaises, sur lesquelles il avait de grandes ambitions, et sur le Tour de France. En toute fin de saison, enfin revenu à son meilleur niveau, il termine deuxième du Tour de Lombardie, derrière Vincenzo Nibali.
2018, une année en or
Une profusion de places d’honneur qui commence à peser sur le Français, qui souhaite enfin passer le cap et remporter de grandes courses. L’année 2018 l'a comblé à ce niveau. Sa saison démarre sur les chapeaux de roue. Aligné sur la course Colombia Oro y Paz (Colombie), il remporte la quatrième étape. Leader de l’équipe Quick-Step sur le Paris-Nice, Alaphilippe est idéalement placé (deuxième du classement général) avant les deux dernières étapes de montagne. Mais son profil de puncheur plutôt que de pur grimpeur l’empêche de suivre les meilleurs, et il termine finalement la «Course au soleil» à une décevante 18e place.
Le meilleur est pourtant encore à venir pour le jeune Français. Alors que beaucoup s’interrogent sur sa prestation au Paris-Nice, il prépare son grand rendez-vous de la saison, les classiques ardennaises, au Tour du Pays basque, sur lequel il remporte les deux premières étapes devant Primoz Roglic.
Surtout, le 18 avril 2018, Julian Alaphilippe remporte sa première grande classique, la Flèche Wallonne, en devançant au sommet du Mur de Huy le quadruple tenant du titre, l’Espagnol Alejandro Valverde. Une victoire attendue par tout le cyclisme français depuis 1997 et la victoire de Laurent Jalabert.
Aligné sur le Tour de France 2018 pour la deuxième fois de sa carrière, Alaphilippe s’est également offert un immense bonheur en remportant la dixième étape, au Grand Bornand. Une étape qui passait, pour l’anecdote, par le Plateau de Glières, sur lequel il avait remporté son étape du Tour de l’Avenir.
Un bonheur qui en appelait d’autres, et Julian Alaphilippe a parfaitement su saisir les occasions qui lui étaient proposées pour lever à nouveau les bras sur cette Grand Boucle. Dès la première étape pyrénéenne, la 16e de ce Tour de France 2018, le puncheur de la Quick Step a réussi à se glisser une fois de plus dans une échappée victorieuse en attaquant sur le sommet du Portillon. En rattrapant Adam Yates, qu’il a poussé à la faute dans la descente finale, Alaphilippe s’est ainsi offert une deuxième victoire sur la course la plus prestigieuse du monde. Un Tour de France ponctué par une victoire au classement de la montagne.