Un stage au Qatar «important pour le fair-play financier» : le PSG, objet d'une enquête de l'UEFA, se rend dimanche dans l'émirat pour mettre en lumière ses sponsors qataris, alors que l'instance européenne doute de la valeur réelle de certains d'entre eux.
Le mouvement des «gilets jaunes», qui a obligé à décaler plusieurs matches de L1, aurait pu gâcher les plans du club parisien. Mais une dérogation extraordinaire de la Ligue de football (LFP) lui a finalement accordé une parenthèse de quatre jours (13-17 janvier) dans son calendrier démentiel : la rencontre contre Montpellier comptant pour la 17e journée de Ligue 1, initialement reportée au 15 janvier, a été reprogrammée... en février.
«On a essayé, d'une part, de permettre au PSG de faire sa tournée au Qatar parce que c'est important pour le fair-play financier, et puis dans un second temps de ne pas laisser des dates 'en l'air' dans le calendrier», a justifié Didier Quillot, directeur général de la LFP.
«Nous n'étions pas favorables forcément à une dérogation parce que nous pensions qu'il était important de respecter les règles et de ne pas faire jurisprudence», a complété Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue. «Mais nous avons eu un bureau qui s'est tenu juste avant Noël et que nous avions convoqué à la demande du PSG. La dérogation a été acceptée à la majorité», selon elle.
Bras de fer avec l'UEFA
Fort de l'appui des instances du football français, le PSG compte, avec cette tournée promotionnelle, poursuivre notamment son bras de fer avec l'UEFA.
Le club parisien, contrôlé par le fonds souverain qatari QSI depuis 2011, fait l'objet d'une enquête de l'instance européenne sur sa situation comptable depuis les transferts records de Neymar et Kylian Mbappé (plus de 400 millions d'euros) à l'été 2017.
L'UEFA veut savoir si Paris respecte le principe du fair-play financier qui interdit aux clubs de dépenser plus de ressources qu'ils n'en génèrent, alors que la valeur réelle de ses sponsors qataris - comme celui de l'office du tourisme du Qatar (QTA) - constitue l'un des principaux points de blocage avec l'organe de contrôle.
D'un montant initial compris entre 150 et 200 millions d'euros par saison, sa valeur a été décotée par l'UEFA à 100 millions d'euros en 2014, avant d'être ramenée cette année à 58 millions d'euros sur la période comptable 2016-2019, selon plusieurs médias. De quoi compliquer encore davantage l'équation financière du PSG...
Or, c'est justement ce sponsor, censé «promouvoir les offres de tourisme sportif et de loisir au Qatar» avec l'aide du club parisien depuis 2012, qui sera l'un des partenaires mis à l'honneur lors du stage. Une manière de justifier sa valeur initiale ?
«Atmosphère spéciale»
En attendant de connaître le verdict de son recours déposé devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) censé contrecarrer l'enquête de l'instance européenne, le PSG, déjà épinglé par l'UEFA en 2014, s'active sur le plan commercial pour éviter des sanctions allant de la simple amende à l'exclusion des compétitions européennes.
Pour rapidement dégager du cash - il faudra trouver avant la fin de saison près de 150 millions d'euros, selon Mediapart et L'Equipe -, Paris a deux solutions : attirer de nouveaux sponsors d'envergure, la piste privilégiée, ou vendre des joueurs de grande valeur.
Le plus urgent sera de trouver le futur sponsor principal du club, alors que le contrat avec Fly Emirates (20 à 25 millions d'euros annuels) expire en juin. «On espère boucler le dossier avant le premier trimestre», confie un dirigeant.
Outre l'inauguration d'une nouvelle académie et la promotion des infrastructures qui accueilleront le Mondial-2022, le stage du PSG au Qatar sera aussi l'occasion de peaufiner sa préparation en vue notamment du 8e de finale aller de Ligue des champions contre Manchester United, le 12 février.
«On a la possibilité de faire cinq entraînements dans une atmosphère tranquille, avec une bonne météo, sur des excellents terrains. On peut s'entraîner pour trouver nos automatismes, pour créer une atmosphère spéciale pour être prêt pour la phase suivante», s'est réjoui l'entraîneur Thomas Tuchel.
De Neymar à Gianluigi Buffon, les stars du PSG devront donc mouiller le maillot sur le plan sportif... mais aussi la chemise sur le plan «business». L'avenir européen du club parisien passe aussi par là.