Le Péruvien Lucas Barron va marquer cette année l'histoire du Dakar, en devenant le premier participant atteint du syndrome de Down à participer à cette course parmi les plus exigeantes au monde.
«Notre objectif est d'aller au bout et de franchir la ligne d'arrivée», déclare à l'AFP ce jeune homme de 25 ans, qui sera le copilote de son père Jacques.
La 41e édition du Dakar aura lieu pour la première fois de son histoire dans un seul pays, le Pérou, du 6 au 17 janvier. A cause notamment des politiques d'austérité qui touchent l'Amérique du Sud, exit la Bolivie et l'Argentine (2018), le Paraguay (2017) ou le Chili (2015).
Au menu pour les 334 véhicules inscrits, dix étapes, 5.000 kilomètres dont 3.000 de spéciales pour un rallye 100% sable.
Lucas, né à Lima, s'est préparé durant des mois pour cette épreuve exigeante.
«Cette course est géniale pour moi. Ca va être facile, car on connaît la route», raconte-t-il, dans l'atelier mécanique où le véhicule des Barron subit les derniers ajustements. Le père et le fils participent dans la catégorie SXS.
Natation, football, cyclisme, surf, ski nautique : peu de sports résistent à la volonté de fer de Lucas, qui dit se sentir «entraîné et en mesure de dompter les dunes du désert».
Ce fan de rock et de hip-hop explique que sa mission au fil des dix étapes sera de surveiller l'état de la route et les problèmes mécaniques.
«Je vais l'aider à avoir un oeil sur le moteur, la route et les pneus», dit Lucas, qui porte fièrement sa tenue blanche de pilote.
Le désert péruvien n'a pas de secret pour ce passionné des sports mécaniques: en septembre, il a déjà épaulé son père lors du Dakar Series-Desafio Inca, épreuve préparatoire au Dakar 2019 qui s'est déroulée dans les dunes d'Ica, au sud du Pérou.
L'équipe «Barron x 2», comme ils ont été baptisés, a terminé septième de cette compétition.
Félicité par Cyril Despres
Jacques, le père, un ingénieur de 55 ans, dit n'avoir eu aucun problème pour inscrire son fils. Les conditions étaient les mêmes que pour les autres participants : se soumettre aux examens médicaux et disposer des documents nécessaires.
«Lucas a déjà sa licence de la Fédération internationale d'automobile pour participer», déclare Jacques, qui assure que son fils peut faire face aux problèmes mécaniques.
«Il sait contrôler la courroie de distribution, l'huile et la pression des pneus», détaille-t-il.
«Les yeux de Lucas seront ceux de la voiture pour éviter de toucher un autre véhicule ou tout autre objet», ajoute Jacques, qui a déjà participé au Dakar à cinq reprises.
«Les personnes atteintes du syndrome de Down développent certaines capacités. Lucas peut pratiquer n'importe quel sport», souligne-t-il.
La trisomie 21 ou syndrome de Down est une anomalie chromosomique qui entraîne notamment des déficiences intellectuelles variables. Aucun traitement curatif n'existe actuellement.
Lucas confie admirer le pilote français Cyril Despres, un ami de son père, avec qui il avait l'habitude de s'entraîner quand il courrait à moto sur les dunes des déserts péruviens.
«Despres m'a écrit sur Facebook, il m'a félicité», s'enthousiasme Lucas, qui s'est vu offrir en 2017 un maillot dédicacé du quintuple vainqueur du Dakar dans la catégorie moto.