La Coupe Davis et les Bleus, c'est une longue histoire faite de grands moments, de désillusions, de matches improbables, et de victoires. Une passion, presque centenaire, tissée depuis la saga des «Mousquetaires» jusqu'aux épopées de la bande à Noah, qui vit ses dernières heures.
Evoquer l'histoire entre la France et la Coupe Davis remet inévitablement sur la table le sujet de sa disparition diront certains, ou de sa radicale mutation selon d'autres.
«La fin de la Coupe Davis. Quelle tristesse. Ils ont vendu l'âme d'une épreuve historique. Sorry Mister Davis», avait écrit le capitaine des Bleus Yannick Noah au sujet de la nouvelle mouture qui verra le jour la saison prochaine.
Fini les déplacements partout dans le monde et les tournées en France lors d'un feuilleton à quatre épisodes... Place à un tournoi sur une semaine en novembre à Madrid. Sauf que pour Noah, cette épreuve sous son format actuel est indissociable de son histoire, et de celle du tennis français.
Après le sacre à Roland-Garros en 1983, c'est la Coupe Davis qui lui a fait vivre ses plus grandes émotions sportives. La finale remportée en 1991 à Lyon, lors d'un week-end prolongé à haute intensité dramaturgique, n'aurait pas eu la même saveur dans le format du futur porté par l'ITF.
Avant que l'Olympique de Marseille ne remporte la Ligue des champions, que Zidane, Deschamps et consorts ne soulèvent la Coupe du Monde, que les handballeurs ne débutent leur success-story, le capitaine Noah et ses amis Henri Leconte et Guy Forget avaient écrit l'un des chapitres les plus mémorables de l'histoire du sport français.
Un événement à part
Tous les ingrédients du succès héroïque étaient réunis. D'un côté, un joueur revenu de nulle part, Leconte, en état de grâce, associé à Forget, qui venait de réussir sa meilleure saison. De l'autre côté du filet, la sélection américaine réputée imbattable, emmenée par deux des meilleurs joueurs de l'histoire, Pete Sampras et Andre Agassi.
Le triomphe tricolore, célébré en dansant la Saga Africa sur le court de Gerland, avait permis de renouer le fil avec les «Mousquetaires», lauréats six fois d'affilée du Saladier d'argent dans les années 1920-30. C'est d'ailleurs pour accueillir les Etats-Unis que le stade de Roland-Garros avait été créé en 1928...
Les succès de 1996 à Malmö au bout d'un ultime duel décisif où Arnaud Boetsch sauva trois balles de match contre Nicklas Kulti puis l'exploit réalisé sur le gazon de Melbourne en 2001, avec cette fois-ci Forget sur la chaise, n'ont fait qu'entretenir cet intérêt pour la Coupe Davis qui ne passionne plus les meilleurs aujourd'hui. Un club dont les Bleus ne font plus partie depuis quelque temps. Leur intérêt pour la Coupe Davis n'a toutefois jamais faibli. Un troisième sacre sous l'ère Noah à Lille en 2017 face à la Belgique est venu consacrer une partie de cette génération de «néo-mousquetaires» promise au saladier d'argent depuis de nombreuses années. Une victoire de plus qui a renforcé ces liens quasi indéfectibles.
Voilà aussi pourquoi le tennis français dans sa très grande majorité a rejeté la réforme. Comme si la Coupe Davis restait un événement à part en France, malgré son érosion.
Les Bleus se sont en tout cas offert un enterrement première classe avec une finale chez eux pour le dernier match des Bleus dans le format actuel. Le songe d'une victoire pour sceller l'histoire n'en est presque plus un...