Qui envoie-t-on devant la presse à chaque rassemblement ou presque ? Blaise Matuidi. Sur le terrain ou en dehors, le milieu de terrain reste incontournable en équipe de France, plus encore pour le déplacement aux Pays-Bas vendredi, en l'absence de Paul Pogba.
A Clairefontaine, quand personne n'a vraiment envie de s'y coller, c'est souvent le taulier et vice-capitaine Matuidi qui se présente devant les médias, en homme de confiance de Didier Deschamps. «Ca me fait plaisir de vous voir, non ? Vous en avez marre ?», s'est-il amusé mercredi à deux jours du déplacement à Rotterdam, en Ligue des nations.
«Un exemple à suivre»
Avec lui, le sélectionneur peut dormir tranquille. Il sait que son joueur fera le job, comme il le fait toujours sur la pelouse, du haut de ses 75 sélections, à 31 ans. Le champion du monde n'a ni la technique de Pogba, ni le sens de l'anticipation de N'Golo Kanté, mais les Bleus n'arrivent pas à se passer de lui jusqu'ici. Deschamps avait bien tenté le coup lors du premier et laborieux match du Mondial contre l'Australie (2-1) mais s'était vite ravisé, en voyant l'entrée en jeu du Turinois en fin de partie.
«Blaise est entré en montrant qu'il était professionnel, que c'est un leader. Il a réagi comme le coach le voulait. (...) C'est vraiment un exemple à suivre. Tout le monde doit faire comme ça», l'avait alors complimenté Pogba sur TF1. Depuis, «Blaisou», aligné sur l'aile gauche, n'a raté aucun match important de l'équipe de France, sauf le quart de finale contre l'Uruguay pour cause de suspension.
Et il fallait entendre «Pogboom» parler de lui dans le vestiaire, avant ce duel contre la Celeste : «il a envie de jouer plus que tout le monde encore sur le terrain. Il est dégoûté. C'est pour des mecs comme ça qu'on va se battre sur le terrain. Il n'est pas là sur le terrain, mais c'est comme s'il était avec nous».
Vendredi aux Pays-Bas, pour un match décisif en Ligue des nations, c'est cette fois Pogba le grand absent, pour cause de blessure à une cuisse. Une responsabilité de plus pour Matuidi ? «Je vais rester le même. Bien sûr que certains joueurs ont plus de vécu, j'en fais partie, mais le plus important c'est le groupe», répond-il diplomatiquement, comme à son habitude.
A Rotterdam, l'ancien Parisien sera chargé une nouvelle fois de faire la navette entre la défense et l'attaque française, dans un rôle où il faut davantage se sacrifier que se montrer flamboyant. «Il nous amène beaucoup dans l'équilibre de l'équipe. On a été très performant comme ça. Évidemment, et ce n'est pas lui faire offense, ce n'est pas un créatif», mais «il a été important offensivement aussi, même si ce n'est pas forcément son registre», relevait Deschamps en septembre.
Juste avant la finale de la Coupe du monde, Matuidi s'était demandé jusqu'à quand il aurait «les cannes et le coeur» pour poursuivre son aventure en sélection.
Mais jusqu'ici tout va bien, comme le montrent ses performances en club à la Juventus Turin, un cador européen. Dans l'équipe italienne, Matuidi fait là encore partie des joueurs auxquels l'entraîneur Massimiliano Allegri renonce le plus difficilement, avec Cristiano Ronaldo, Miralem Pjanic et Giorgio Chiellini.
Depuis le début de saison, le Français a participé à 11 matches sur 12 en Serie A (10 fois comme titulaire) et quatre sur quatre en Ligue des Champions (trois fois titulaire).
Redoute-t-il un contrecoup physique ? Ne pas démarrer contre Manchester United, en C1, «ça m'a fait du bien, j'en avais besoin», reconnaît-il. «C'est sûr que quand on a fait une finale de Coupe du monde et que trois semaines après, le championnat reprend, ce n'est pas évident». En Serie A, le seul match qu'il n'a pas joué, c'est le premier, à Vérone, alors qu'il revenait à peine de vacances. «Ce qu'il a fait pendant ses vacances ? Je pense qu'il a couru», avait alors plaisanté Allegri.