Le procès du suspect est toujours en cours, et les souvenirs encore frais : dix-huit mois après l'attentat qui a visé l'équipe de Dortmund, l'AS Monaco se retrouve mercredi dans la Ruhr, pour d'émouvantes retrouvailles avec le Borussia.
Côté allemand, on essaie officiellement de se concentrer sur le football et de ne plus parler de l'acte de terreur perpétré le 11 avril 2017 contre le bus de l'équipe, qui avait fait deux blessés, le défenseur espagnol Marc Bartra et un policier de l'escorte.
«Nous voulons aborder cette rencontre comme un match tout à fait normal de Ligue des champions et laisser ce sujet de côté», explique Sebastian Kehl, directeur de l'effectif professionnel.
Mais pour les sept joueurs du groupe qui étaient dans le bus ce soir-là, les choses ne sont pas si simples : «J'essaie d'évacuer, dit le défenseur Marcel Schmelzer, mais il y a toujours des moments où l'on repense à la chance que nous avons eu» de s'en tirer vivants.
Hans-Joachim Watzke, le patron du club, mis en cause à l'époque, essaie pour sa part de positiver : «Face à une attaque d'une telle ampleur, le club aurait pu s'effondrer. Mais il ne s'est pas laissé diviser et a montré qu'il était capable de maîtriser des situations exceptionnelles».
Accueillis chez les fans de Dortmund
Cette vision des choses est toutefois un peu biaisée. Dans les jours ayant suivi le drame, Watzke avait en effet été très vivement attaqué par l'entraîneur Thomas Tuchel, qui lui reprochait d'avoir accepté que le match soit reprogrammé 24 heures après l'attentat, alors que le poseur de bombes était encore en cavale et les joueurs totalement traumatisés. Le Borussia s'était incliné (3-2) et avait été éliminé une semaine plus tard au stade des quarts de finale.
Le club ne s'est certes pas «effondré», mais Watzke a bel et bien limogé Tuchel fin juin, provoquant la crise sportive de la saison dernière : deux entraîneurs en dix mois, pour une quatrième place en championnat à 29 points derrière le champion Munich.
Pour Monaco, qui avait remporté ce match de la peur avant de confirmer au Stade Louis II (3-1), le souvenir est beaucoup moins traumatique. Et il est même positif pour nombre de supporters de l'ASM, qui avaient décidé de rester pour assister au match le lendemain et avaient été accueillis par des fans de Dortmund pour la nuit, grâce à une opération éclair sur un réseau social proposant des hébergements chez l'habitant.
«Gagner, c'est l'objectif»
Sportivement, le match s'annonce difficile pour Monaco. L'équipe est 18e du championnat de France et n'arrive pas à décoller cette saison. «On va essayer d'oublier le championnat et de se concentrer sur ce match. Nous avons besoin de repartir d'ici avec un bon résultat, et pour faire un bon résultat, il faut jouer pour essayer de gagner. C'est l'objectif», a déclaré le coach Leonardo Jardim à son arrivée à Dortmund.
En face, le Borussia est en pleine confiance et n'a toujours pas perdu un seul match cette saison, en huit rencontres. Les Jaune et noir viennent de prendre samedi la tête de la Bundesliga avec un point d'avance sur le Bayern. Ils ont marqué 19 buts lors de leurs six premiers matches, dont 11 la semaine dernière: 7-0 contre Nuremberg mercredi, et un mémorable 4-2 à Leverkusen samedi, après avoir été menés 2-0 à la pause.
«Gagner 7-0 nous a donné de l'élan, mais le 4-2 contre Leverkusen a été encore plus important pour nous», a dit mardi le défenseur central suisse Manuel Akanji : «On a vu qu'on pouvait se serrer les coudes et les joueurs venus du banc nous ont aidés à faire la différence, tout cela est bon pour la cohésion du groupe.»
Après sa victoire chanceuse à Bruges lors de la première journée, Dortmund peut prendre une option sur la qualification dans ce groupe A en cas de victoire. Monaco en revanche devra surtout essayer de se rassurer, après sa défaite inaugurale à domicile 2-1 contre l'Atletico Madrid, le gros morceau du groupe.