Un Slovène dans les Pyrénées ! Au pays des ours, Primoz Roglic a gagné la 19e étape du Tour de France, vendredi à Laruns, et a sorti du podium le Britannique Chris Froome à l'issue de la montagne.
Deuxième de l'étape, le Gallois Geraint Thomas a conservé le maillot jaune à deux jours de l'arrivée à Paris. Avec un avantage conséquent sur son dauphin, le Néerlandais Tom Dumoulin, qui présente un passif de 2 min 05 sec avant le contre-la-montre de 31 kilomètres dans le Pays Basque.
A 48 heures des Champs-Elysées, la lutte pour le podium reste donc très ouverte derrière Thomas. Dumoulin, deuxième, aborde le rendez-vous avec le statut de champion du monde de la discipline et un avantage de 19 secondes sur Roglic.
Froome, sauvé par son saint-bernard colombien Egan Bernal quand il s'est retrouvé en difficulté dans l'Aubisque, a reculé de la 3e à la 4e place au classement général. Il pointe à 13 secondes de Roglic, l'écart à combler sur le parcours accidenté qui mène de Saint-Pée-sur-Nivelle à Espelette.
Troisième de l'épreuve aux derniers Mondiaux et aussi aux JO, le vainqueur sortant du Tour peut espérer reprendre place sur le podium. Mais le Slovène, vainqueur cette année du "chrono" du Tour du Pays basque, est lui aussi un spécialiste.
La dernière descente
Agé de 28 ans, l'ancien sauteur à skis, qui a intégré une équipe de haut niveau seulement en 2016 (Lotto NL), a enlevé son deuxième succès dans le Tour. Il avait remporté l'an passé l'étape de Serre-Chevalier après avoir franchi le Galibier en tête.
Roglic, qui est apparu le plus tranchant dans la montée de l'Aubisque, a fait la décision dans la longue descente de 20 kilomètres menant à Laruns. Mètre après mètre, il a creusé l'écart pour s'imposer finalement de 19 secondes sur le groupe de poursuivants, réglé par Thomas.
«Je ne pensais pas au podium quand j'ai attaqué, je pensais à la victoire d'étape», a déclaré le vainqueur du jour. «Je savais que le moindre écart serait difficile à boucher dans la descente».
Thomas, lui, s'est déclaré «content» du résultat : «Dumoulin était notre plus grande menace. Mais on s'est rendu compte que Roglic était le plus fort. J'ai dit à Bernal de laisser Dumoulin boucher les trous et ça a marché.»
Dans cette dernière journée de montagne, un parcours de 200,5 kilomètres passant par trois cols historiques (Aspin, Tourmalet, Aubisque), Mikel Landa, imité ensuite par Romain Bardet, est passé à l'attaque dès le Tourmalet à plus de 100 kilomètres de l'arrivée. L'Espagnol et le Français ont intégré dans la descente l'échappée lancée de loin pour compter plus de trois minutes d'avance au pied du col des Bordères.
Quintana et Sagan en souffrance
L'aide d'un coéquipier de Roglic (Gesink) a aidé l'équipe du maillot jaune pour se rapprocher des échappés. Dans l'Aubisque, le dernier col du Tour, les attaques ont fusé. Dumoulin a accéléré à deux reprises, Roglic a démarré à son tour. Sans parvenir à distancer Thomas et Dumoulin.
Froome, en revanche, a été la victime de ces démarrages. Déjà à la peine sur le col du Portet 48 heures plut tôt, le quadruple vainqueur du Tour n'a dû son salut qu'à Bernal, la grande promesse du cyclisme colombien (21 ans). Mais, pas plus que Bardet qui a sans doute payé sa grande fatigue, il n'a pu suivre Roglic dans la descente.
L'étape a condamné le Colombien Nairo Quintana, au lendemain de sa chute qui l'a laissé meurtri. Le vainqueur de l'étape du col du Portet a terminé à plus de sept minutes.
«J'ai mal partout, surtout à la hanche, je ne pouvais pas me mettre debout sur les pédales. Mais j'ai continué à me battre», a déclaré le Colombien.
Pour sa part, le Français Julian Alaphilippe a assuré le maillot à pois du meilleur grimpeur, à condition de terminer la course. Quant au porteur du maillot vert, le Slovaque Peter Sagan, il a souffert mille maux deux jours après sa chute dans la descente du col d'Azet.
«Si j'avais été sur une classique, j'aurais abandonné. Et je pense que ça aurait été différent si je n'avais pas eu le maillot vert sur les épaules», a réagi le champion du monde. «L'étape tout entière a été difficile pour moi. Ma pire journée depuis dix ans sur un vélo !»