Deux jours après la victoire des Bleus, les supporters rivalisent d'astuces pour arborer un maillot avec la fameuse deuxième étoile: la dernière en date ? Faire coudre la nouvelle sur l'ancien maillot.
Certains n'ont pas pu attendre la mi-août, date à laquelle, selon Nike, les nouvelles tuniques officielles des Bleus arboreront fièrement la deuxième étoile synonyme de deuxième titre.
Florent, brodeur parisien, reçoit ainsi des dizaines d'appels depuis lundi. «Surtout des parents qui veulent faire broder la deuxième étoile pour leurs enfants», explique-t-il à l'AFP.
Spécialisé dans la broderie d'initiales pour des grandes marques parisiennes, le chef d'entreprise a d'abord reçu la demande de Lyron, jeune Parisien. Le lendemain de la victoire des Français, il a laissé son maillot chez Florent pour y faire inscrire une deuxième étoile, moyennant dix euros.
Rien de sorcier pour Florent. Il envoie la forme basique de l'étoile sur une machine numérique, qui brode la petite étoile en moins de cinq minutes. Des pointes un peu moins arrondies que la forme officielle. «Mais sauf si l'on est tout près, on ne voit pas de différence», juge Florent.
«Lundi, j'étais sur les Champs-Elysées pour l'arrivée des Bleus, on m'a arrêté une bonne trentaine de fois pour me demander où je l'avais eu», raconte fièrement Lyron.
Le supporter a ensuite l'idée de partager le bon plan. Un tweet et 500 partages plus tard et c'est l'emballement. «Depuis ce matin ça n'arrête pas», raconte Florent. Mais après avoir ajouté une étoile sur deux autres maillots, le brodeur s'est ravisé : est-ce légal ?
Par prudence, Florent a suspendu son affaire, et souhaite rester discret. «Tant que je ne sais pas si j'ai le droit de le faire, j'arrête». Le chef d'entreprise a contacté des avocats spécialisés, Direction de la concurrence, et même envoyé une demande au géant Nike lui-même. Mais personne pour lui apporter une réponse ferme. «Et je n'ai vraiment pas les moyens d'affronter un procès...», ironise Florent.
«Le fait de proposer un service de broderie d'une deuxième étoile sur les maillots, à titre commercial, est susceptible de porter atteinte à l'exclusivité de Nike», estime Olivier Legrand, avocat spécialiste en droit de la propriété intellectuelle, consulté brièvement. C'est lui qui a appelé Florent à la prudence.
Mais un maillot acheté par un supporter devient sa propriété matérielle, selon un autre avocat contacté par l'AFP : libre à lui, a priori, d'en faire ce qu'il veut. Les avis divergent, difficile d'y voir clair.
Sollicitée par l'AFP, la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes n'avait pas encore apporté d'éléments sur le sujet.
Reste un problème esthétique majeur, aux yeux de certains : le positionnement des étoiles n'est pas le bon. Sur le logo officiel, ajouter une étoile a obligé la Fédération à décaler la première. Si l'on coud soi-même la deuxième, l'ensemble est légèrement décalé. Peu importe, pour Lyron : «j'étais sur les Champs avec ce maillot, je vais le garder toute ma vie».