Comme un peu partout en France, à quelques minutes du coup de sifflet final, j’ai eu un vrai moment d’émotion. Je me suis dit que finalement j’avais beaucoup de chance d’être encore en vie pour vivre ce genre de moment. Et je n’ai pas retenu mes larmes devant ce deuxième titre de champion du monde, au terme de la cinquième finale du football français en vingt ans.
Cela doit définitivement décomplexer ce foot tricolore, qui compte et s’affirme sur l’échiquier mondial, même si dix des onze joueurs qui ont commencé cette finale, hier, évoluent à l’étranger. Pour revenir sur le match, la première période a été très compliquée, pour ne pas dire décevante. Les Bleus ont réussi l’«exploit» de marquer deux buts en ne tirant qu’une seule fois. Tout au long des 45 premières minutes, ils ont été dominés par une équipe de Croatie plus agressive, plus précise et plus technique. Malgré tout, les Tricolores sont rentrés au vestiaire en menant au score.
La deuxième période a de nouveau mal commencé, mais il y a eu ce trou d’air croate, sûrement dû à la fatigue de leurs trois précédentes prolongations qui ont fini par peser dans les jambes. L’équipe de France a su en profiter avec Paul Pogba et Kylian Mbappé, qui ont scellé le sort de cette finale, malgré la boulette d’Hugo Lloris, qui ne ternira pas son bilan. Le gardien et capitaine tricolore a été irréprochable tout au long du parcours des Bleus. Si, le temps d’un instant, on fait abstraction du côté enthousiaste et supporter, c’est assez incroyable que la France ait réussi à inscrire quatre buts compte tenu de la qualité de sa prestation. Mais il faut admettre que cette équipe n’a pas besoin de bien jouer pour marquer. Elle a besoin que ses individualités offensives tournent à plein régime.
Ce qui a été le cas d’Antoine Griezmann, qui a fait de très loin son meilleur match de la compétition en provoquant le but contre son camp de Mario Mandzukic, en transformant le penalty et en servant Pogba. Mais aussi de Mbappé, qui colle la frousse à ses adversaires à chaque fois qu’il touche le ballon. Plus généralement, j’ai été effaré par la qualité de son Mondial et sa réaction assez mesurée à la remise du trophée. On a l’impression que ce n’est qu’un début pour lui. Et c’est pour cela aussi qu’il va devenir l’un des joueurs les plus forts de l’Histoire.
Un avenir prometteur
Seul bémol, Olivier Giroud qui n’a pas marqué, comme Stéphane Guivarc’h en 1998. Avec Griezmann et Mbappé, il faut ajouter Pogba. Il a été un des hommes fondateurs de ce titre. Il a arrêté d’être «bling-bling» pour se mettre au service de l’équipe et il a été récompensé par son but.
A l’arrivée, c’est une équipe de France très jeune qui a remporté cette Coupe du monde. J’attendais davantage de la voir à l’Euro dans deux ans ou au Qatar en 2022. C’est une équipe qui peut encore aller très loin et son avenir est prometteur. Elle a un vrai socle et beaucoup de joueurs seront encore là dans les années à venir. Avec Deschamps ou pas. Même s’il n’y a pas trop de doutes sur le sujet, d’autant que Noël Le Graët souhaite qu’il reste en poste.
Il a une certaine idée du football, qui est calculé et prudent, et ne plaît pas forcément. A moi en premier. Mais ce n’est pas le plus important. Tant que cela fonctionne, et ça a parfaitement fonctionné en Russie, je ne peux que m’incliner. Evidemment, j’aurais aimé voir une équipe plus offensive et plus flamboyante. Mais peut-être que si elle avait joué ainsi, elle n’aurait même pas passé les huitièmes de finale, ou elle aurait également été championne du monde, car elle a de la qualité. Deschamps peut aussi décider de partir sur ce triomphe, mais il croit en son équipe et il pense qu’elle n’a pas encore atteint ses limites. Alors que ces Bleus sont déjà sur le toit du monde.