«Hyper-stressé», «pressé» ou «confiant», c'est avec des sentiments mêlés d'espoir et de fébrilité que des millions de Français attendent le coup d'envoi dimanche à 17H00 de la finale de la Coupe du monde entre la France et la Croatie, à Moscou.
Dans les gares, l'impatience
Short de l'équipe de France, front et joues ornées de bleu-blanc-rouge et sac à dos siglé de la Fédération française de football, Gabyn Dubois, 9 ans, est «pressé que la France gagne!»
Sur le quai de la gare Lille-Flandres, il s'apprête à partir dans le Lot où il regardera la finale en compagnie de ses camarades de colonie de vacances grâce au Secours populaire.
À ses côtés, sa maman Vincianne, qui a prévu de se rendre devant l'écran géant de Lens (Pas-de-Calais) est tout aussi enthousiaste: «Je pense que c'est quelque chose qu'on ne va pas revivre d'ici un bon moment».
À Bayeux (Calvados), Léa Périer, 26 ans, attend. «Je prends un train tôt ce matin pour être sûre d'être à Paris pour regarder le match avec mes amis à 17h».
Cette agente d'artistes qui «déteste le foot habituellement» s'est prise de passion «pour les Bleus, l'adrénaline et les bons moments passés avec mes potes» lors des matchs de poule. Si les Bleus gagnent, «je vais aller faire la fête dans toutes les rues de Paris, c'est émouvant de voir toute la France réunie, quelles que soient l'origine ou la classe sociale».
Au bar, on est prêt
Au Comptoir de l'Europe, bar qui jouxte la gare Saint-Lazare à Paris, Sylvie Anzalone a ceint le col de sa chemise avec des rubans bleu-blanc-rouge pour l'occasion. «Si on n'est pas franchouillard aujourd'hui, quand est-ce qu'on peut l'être?", s'amuse la serveuse.
L'établissement, habitué à recevoir touristes et gens de passage, s'attend à faire le plein pour la finale. «On a déjà cinq ou six tables de réservées: un dimanche à 17h, ça n'arrive jamais. Tout va s'arrêter à 17h. Même pour les touristes, ce serait dommage de rater l'ambiance». Pour elle, «on va gagner, c'est évident».
Derrière le bar, le patron est plus prudent. «Il ne faut pas créer l'événement avant qu'il arrive. Quand je vois les titres, on a l'impression qu'on a déjà la deuxième étoile. Pour la demi-finale, les gens se sont rués sur les Champs-Élysées comme si c'était le dernier match. Je me méfie de cette euphorie». Lui, espère «un match exceptionnel, avec un scénario fou comme contre l'Argentine». Ce soir il soutiendra «évidemment» les Bleus. «Mais la Croatie est un adversaire très intéressant. Un petit pays comme ça, on ne peut pas souhaiter qu'ils ne s'en sortent pas.»
Dans les commerces, l'attente
Antoine Ratier, 59 ans, marchand de journaux, «le seul et l'unique» du Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis). Au moment d'ouvrir son kiosque à journaux, il prend un gros paquet d'exemplaires du journal L'Équipe. «J'espère que demain j'en vendrai le double… à condition que les gens ne soient pas déjà tous partis en vacances».
Il se déclare «hyper-stressé, anxieux mais quand même confiant". «Je n'ai pu voir que France-Belgique. Je les ai trouvés hyper-bons donc j'ai bon espoir». Il affirme «ne pas trop suivre le foot, sauf depuis l'an dernier avec Amiens qui est monté en L1». C'est sa ville d'origine.
Il regardera le match chez des amis. «On commencera l'apéro à 17h et puis après on espère que ça sera champagne». Une escapade sur les Champs en cas de victoire? «Non car même si on gagne, demain, il faudra être là de bonne heure».
Claude Boutboul, 58 ans, gérant de supérette dans la même ville, se dit «confiant avant le match». Il a parié sur la France mais a mis aussi une petite mise sur les Croates au cas où. «Ce sont des très bons techniciens». L'équipe de France l'impressionne. «Ça me rappelle l'Allemagne. Très calculatrice, une vraie machine».
A 17 heures, «je vais me faire remplacer et j'irai voir le match avec des amis». Une victoire peut-elle doper la consommation? «Les gens continueront d'avoir leurs problèmes mais ce qui est sûr c'est qu'on sera quand même content d'avoir une deuxième étoile sur le maillot».