«La Marseillaise» à Moscou, rendez-vous dimanche pour la «deuxième étoile» vingt ans après 1998 : l'équipe de France s'est qualifiée pour la finale de la Coupe du monde en dominant la Belgique 1-0 sur un but de Samuel Umtiti, mardi à Saint-Pétersbourg.
Les Bleus connaîtront mercredi soir leur adversaire, entre la Croatie et l'Angleterre, pour cette troisième finale de Mondial de leur histoire, après le sacre de 1998 et la désillusion de 2006. Un succès personnel pour Didier Deschamps, qui devient le premier sélectionneur à emmener l'équipe de France en finale de deux tournois majeurs consécutifs, après l'Euro-2016 (revers 1-0 a.p. face au Portugal de Cristiano Ronaldo).
La bande à Hugo Lloris a connu un premier tour laborieux dans le jeu, une féerie face à l'Argentine de Lionel Messi en 8e de finale (4-3), puis un quart maîtrisé contre l'Uruguay (2-0) et enfin cette demie entre voisins. Et elle a renvoyé la brillante génération Eden Hazard et le sélectionneur-adjoint des Belges, Thierry Henry, à leurs études.
«C'est quelque chose d'exceptionnel. Je suis vraiment très heureux pour mes joueurs, ils sont jeunes mais il y a du caractère, de la mentalité. Ça a été dur aujourd'hui (mardi) face à une très belle équipe de Belgique mais ce petit but nous fait du bien», s'est félicité «DD» sur TF1.
Son homologue Roberto Martinez a estimé de son côté que ses «joueurs ne [méritaient] pas de quitter le tournoi avec un goût amer. On voulait aller en finale, les joueurs ont montré un esprit d'équipe incroyable mais quand le résultat n'est pas là, on ne peut être que déçus».
La tension suintait de ce match, très tactique; aucune des deux équipes ne comptait courir le moindre risque, encore moins de se découvrir. Et cela s'est donc joué sur un coup de tête, lorsque sur un corner d'Antoine Griezmann, Samuel Umtiti a pris le meilleur sur Marouane Fellaini d'une tête décroisée, peu après la reprise (51e).
Le coup de boule de «Big Sam»
Une belle histoire pour le défenseur central, lui qui doit suivre un protocole quotidien pour soigner ses genoux dont il a souffert en début d'année avec le FC Barcelone, lui qui a causé une sacrée frayeur au camp français en provoquant un penalty égalisateur face à l'Australie (finalement battue 2-1), d'une main façon basket ou handball. Mardi, c'était un coup de boule façon «Big Sam».
«Ils ont fait le travail en 98 et nous en est en train de faire le nôtre, de créer notre histoire et on le fait plutôt bien pour le moment», a réagi «Samolo», la tête... sur les épaules.
Les Bleus ont plutôt laissé la possession aux Belges, et ont subi. Mais toujours dans la technique du dos rond. Subir souvent, mais ne plier jamais : très «DD» dans l'approche. Et profiter des contre-attaques, avec la vitesse de Kylian Mbappé ouvrant des brèches par ses accélérations balle au pied.
Le Parisien de 19 ans a peu défendu, certes, mais il distillé les meilleurs ballons pour Olivier Giroud qui a gâché ses offrandes (34e, 55e), ou pour Benjamin Pavard qui a buté sur en face à face sur Thibaut Courtois (39e) - lequel s'est bien couché sur les tentatives de Griezmann et Corentin Tolisso dans le temps additionnel.
Lloris, encore décisif
Griezmann a distribué le jeu et fait quelques remontées de balle, mais comme contre l'Uruguay, a manqué de précision ou de pertinence dans ses transmissions. Mais c'est lui qui dépose sur corner le ballon pour la tête d'Umtiti : deuxième passe décisive, après deux penalties, «Grizou» est mine de rien impliqué sur quatre des dix buts français en Russie.
Hazard a été dangereux, oui, mais pendant une grosse demi-heure seulement, la première. Souvent laissé libre à la prise de balle sur son côté gauche, il a donné des frissons d'une frappe trop croisée (15e), d'une autre déviée juste au dessus de la barre par Raphaël Varane (19e), d'un raid sur son aile (32e)... Mais le show Hazard s'est arrêté là.
Dans ce temps fort rouge et noir, et plus globalement dans le match entier, la charnière Varane-Umtiti a multiplié les interventions à propos, et Lloris y est allé encore une fois de son intervention décisive en allant chercher à ras du poteau un tir en pivot de Toby Alderweireld (22e).
Il y a une solidité qui se dégage de cette équipe de France, à conserver dimanche. «Une finale, cela se gagne, oui. Parce que celle qu'on a perdue il y a deux ans, on ne l'a toujours pas digérée», a annoncé Deschamps, avide de décrocher cette «deuxième étoile», réclamée en mai par le président Emmanuel Macron, présent en tribune dans la cité des tsars. Pour qu'elle ne soit pas filante.