Le Tour de France 2018 s'est élancé de Noirmoutier-en-l’Ile le samedi 7 juillet. Comme chaque année, les meilleurs coureurs de la planète cyclisme sont présents sur les routes françaises durant trois semaines. Revue d’ensemble des principaux favoris.
Christopher Froome
Sa présence sur le parcours 2018 de la Grande boucle était très incertaine jusqu’à la décision de l’UCI (Union cycliste internationale) de le blanchir à la suite de son contrôle avec un taux anormal de salbutamol lors de la Vuelta 2017. Les polémiques ne devraient toutefois pas s’éteindre avec ce nouveau rebondissement, plus encore si le «Kenyan blanc» venait à remporter ce Tour de France 2018.
Une hypothèse loin d’être farfelue au regard du parcours et des ambitions du leader de la Team Sky, lui qui souhaite remporter un cinquième Tour de France. Froome pourra compter sur une équipe qui apparaît encore comme l’une des plus puissante du peloton, et surtout l’une des plus au point sur dans l’exercice du contre-la-montre par équipe. La seule inconnue concerne sa gestion de la fatigue. Froome était en effet aligné sur le Tour d’Espagne 2018, qu’il a remporté au prix d’une échappée marquante de plus de 80 kilomètres qui avait, à l’époque, relancée les suspicions le concernant. Reste également à voir comment Froome gèrera l’étape des pavés, qui ne lui avaient pas réussi en 2014.
Romain Bardet
Le leader de l’AG2R La Mondiale reste sur deux podiums lors des deux dernières éditions du Tour de France (deuxième en 2016, troisième en 2017). De quoi nourrir des ambitions légitimes cette année. Romain Bardet pourra compter sur une équipe plus forte qu’à l’accoutumée, notamment avec le renfort de Tony Gallopin, arrivé cet été de l’équipe belge Lotto-Soudal, et la progression du jeune Pierre Latour.
Comme chaque année, Romain Bardet devra prendre du temps en montagne, au risque de vivre une grande désillusion en fin de Tour. De fait, le contre-la-montre placé lors de l’avant-dernière étape pourrait être le fossoyeur de ses ambitions. La saison dernière, Bardet était deuxième du classement avant de voir Uran le dépasser lors de cet exercice, placé en fin de troisième semaine. Le début du Tour sera également plein de pièges pour le leader de l’AG2R La Mondiale, avec les pavés et le contre-la-montre par équipe. Un exercice que Bardet n’apprécie pas, mais sur lequel son équipe semble capable de limiter la casse.
Richie Porte
L’Australien veut, enfin, confirmer tous les espoirs placés en lui depuis des années. Impressionnant lors du Tour de France 2017 avant de chuter lors de la neuvième étape, Richie Porte est attendu sur les grands tours depuis deux ans, et son départ de la Sky où il était considéré comme un simple lieutenant. Vainqueur du Tour de Suisse cette saison, Porte n’est jamais monté sur le podium d’un grand tour, en dépit d’un talent évident et des qualités parfaitement adaptées au format d’un Tour de France.
Très bon rouleur, efficace en contre-la-montre, à l’aise quand la route s’élève, serait-ce enfin son année ? Comme la Sky, son équipe de la BMC est l’une des plus efficaces dans l’exercice du contre-la-montre par équipe. Une donnée importante cette saison. Reste à voir comment Porte saura gérer les pavés et spécificités du parcours. Si l’Australien est en confiance et bien physiquement, il sera à n’en pas douter l’un des candidats au podium final.
Nairo Quintana
Le grimpeur colombien de poche de la Movistar, trois fois sur le podium en quatre participations n’a jamais eu une équipe aussi forte à son service, avec notamment Mikel Landa et Alejandro Valverde. Peut-être faut-il mettre des guillemets aux mots «à son service». Car nul ne sait comment l’équipe espagnole saura gérer les égos. Si Alejandro Valverde est habitué à se mettre au service de son leader dans les grands tours, Mikel Landa semblait avoir signé à la Movistar pour avoir sa chance au classement général. Ça ne sera visiblement pas pour cette fois.
Si le directeur général de l’équipe, Eusebio Unzué, parvient à créer une atmosphère d’équipe et à convaincre ses coureurs de collaborer, alors Nairo Quintana pourrait bien, pour la première fois remporter le Tour de France, à condition de parvenir à créer un écart suffisant lors des étapes de montagne. Ainsi, si la Movistar semble être la mieux armée quand la route s’élève, elle a également de nombreuses lacunes dans l’exercice du contre-la-montre par rapport à des équipes comme la Sky, la BMC ou la Sunweb.
Vincenzo Nibali
Dans quelle condition physique se présentera le requin de Messine ? Pourra-t-il tenir la roue des meilleurs en montagne ? À 33 ans (il est le plus âgé de cette liste), le Sicilien semble aujourd’hui être aussi à l’aise sur les classiques (il a remporté Milan-San Remo cette saison) que sur les courses de trois semaines (deuxième place du Tour d’Italie 2017, troisième place du Tour d’Espagne 2017).
Si Vincenzo Nibali semble aujourd’hui avoir du mal à tenir le rythme des meilleurs grimpeurs, il reste l’un des coureurs les plus intelligents du peloton, capable de lire la course comme personne. Par ailleurs, l’étape des pavés lui donnera forcément de beaux souvenir : en 2014, c’est sur une étape similaire qu’il avait creusé un premier écart sur ses concurrents et avait poussé Froome à la faute et à l’abandon. Cette année-là, Nibali avait remporté le Tour de France. De bonne augure ?
Tom Dumoulin
Pour sa cinquième participation au Tour de France, le rouleur néerlandais veut enfin postuler à la victoire finale. Après avoir prouvé depuis deux ans sur le tour d’Italie (victoire en 2017, deuxième en 2018) qu’il est en mesure de tenir la dragée haute aux meilleurs grimpeurs en montagne, Dumoulin sait qu’il a changé de statut et est désormais surveillé par tous les leaders.
Le format de cette édition 2018 de la grande boucle n’est peut-être pas le plus adapté (en dépit de deux contre-la-montre) à ses qualités. Plus puncheur que grimpeur, Dumoulin devra composer avec certaines étapes très nerveuses, et des cols dont les pourcentages élevés ne pourront lui permettre de monter à son train comme il en a l’habitude. Par ailleurs, Dumoulin sera privé de son principal lieutenant en montagne, Wilco Kelderman, blessé à l’épaule et forfait.
Rigobert Uran
Deuxième du Tour de France 2017, le Colombien de 31 ans est souvent très sous-estimé par les observateurs du peloton. Pourtant, Uran a déjà terminé trois fois deuxième d’un grand tour (Tour d’Italie en 2013 et 2014, Tour de France en 2017).
Souvent critiqué parce qu’il préfère souvent rester dans les roues de ses concurrents jusqu’à la toute fin de l’étape, Uran reste malgré tout un grimpeur très sûr, et un rouleur affirmé, ce qui lui a notamment permis de devenir champion de Colombie du contre-la-montre en 2015. Aidé par le Français Pierre Rolland en montagne, et par des rouleurs affirmés comme Taylor Phinney en plaine et dans le contre-la-montre par équipe, Uran a les moyens de limiter la casse sur tous les terrains, et devrait être un concurrent dangereux pour le podium.
Adam Yates
Après la saga Simon Yates sur le Tour d’Italie, son frère peut-il fait mieux sur le Tour de France ? Pour mémoire, Simon Yates avait marqué les esprits cette année sur le Giro en remportant trois étapes et en portant le maillot rose de leader durant près de deux semaines. Finalement, le frère jumeau d’Adam s’était écroulé dans les derniers jours de course, terminant même hors du top 20.
Son frère a-t-il les moyens de tenir physiquement là où son frère a craqué ? La question se pose, mais de nombreux spécialistes estiment qu’Adam a plus un profil compatible avec une course de trois semaines. Deuxième du Critérium du Dauphiné cette saison, derrière Geraint Thomas, il ne s’agit que de la troisième participation du britannique au Tour de France. Lors de sa précédente venue, en 2016, il avait terminé au pied du podium, remportant au passage le maillot blanc de meilleur jeune de l’épreuve. Le coureur de la Mitchelton-Scott beneficiera en tout cas d’une équipe totalement dédiée à son objectif, avec notamment le grimpeur Mikel Nieve pour l’épauler en montagne.