La Draft 2018 a été riche en surprises. Certains clubs viennent de se positionner idéalement pour l’avenir. D’autres risquent d’avoir de sérieux regrets dans les prochains mois.
Chaque année, la Draft NBA parvient à nous captiver avec sa grande farandole de jeunes talents qui peuvent faire, ou défaire, le destin d’une franchise dans les trois années à venir. Si les Suns n’ont pris aucun risque en sélectionnant DeAndre Ayton en première position, les Mavericks ont réalisé un coup de maître en récupérant Luka Doncic après un échange avec les Hawks d’Atlanta.
Aux Knicks de New York, la place de Frank Ntilikina au sein de l’effectif est assurée après la sélection d’un ailier de 18 ans, Kevin Knox. Le joueur français Elie Okobo rejoint une jeune équipe de Phoenix où, s’il parvient à faire ses preuves, pourrait être la destination idéale pour l’ex-meneur de l’Elan béarnais.
Voici les 30 premiers picks de la #NBADraft pic.twitter.com/QEsYLDeB4u
— NBA France (@NBAFRANCE) June 22, 2018
Sans attendre, voici les dix choses à retenir de cette Draft 2018 :
Les Suns asssurent avec DeAndre Ayton
Aucune suprise. Les Suns de Phoenix ont porté leur choix sur l’enfant du pays, DeAndre Ayton (il jouait à l'Université d'Arizona, ndlr), un monstre de puissance et d’adresse capable de dominer le jeu intérieur. Et de shooter à trois points avec une aisance déconcertante. Son tir est splendide, ses mouvements sur le terrain sont fluides, et il bouge ses pieds comme un danseur de ballet malgré son incroyable envergure. DeAndre Ayton est comparé à des joueurs comme DeMarcus Cousins ou Karl-Anthony Towns. Ce qui est plutôt encourageant.
Le seul doute concernant ce joueur se porte sur sa capacité à défendre en NBA. Rapide sur ses pieds, il est capable de rester devant des joueurs plus rapides que lui, mais les statistiques avancées ne sont pas tendres avec lui. Il n’est pas forcément dominant au rebond, il souffre dans les pick&roll (ce qui est un problème en NBA), et n’est pas forcément hyper-productif sur les contres et interceptions. Comparé à Joel Embiid pendant la Draft, Ayton a été baptisé par le pivot camerounais sur Twitter, ce dernier se moquant ouvertement de ses limitations défensives.
Don’t compare Ayton to me either... I play DEFENSE
— Joel Embiid (@JoelEmbiid) 22 juin 2018
Mais Ayton n’a pas encore 20 ans, et sa marge de progression est considérable. Les Suns sont confiants, et on les comprend.
Les Mavericks gèrent l’avenir avec Luka Doncic
C’est LE gros coup de cette Draft 2018. Les Mavericks viennent de faire un grand pas dans la bonne direction en échangeant le 5e pick de la Draft, et leur choix au premier tour en 2019 (protégé de 1 à 5, ce qui est parfait) pour pouvoir sélectionner Luka Doncic en troisième position. Le jeune ailier est le parfait complément de Dennis Smith Jr., meneur ultra-explosif recruté la saison passée. Tous les deux vont incontestablement assurer le spectacle, et on a déjà très, très hâte de les voir évoluer ensemble sur le terrain.
On est également impatient de voir comment le prodige slovène va s’acclimater au jeu NBA. Formidable passeur, incroyable shooteur et manieur de ballon, extraordinaire sur ses appuis, créatif balle en main, et combattif en défense, les principales interrogations à propos de Doncic concernent sa capacité d’adaptation face à des joueurs plus athlétiques et rapides qu’en Euroleague. Surtout en défense où il pourrait être ciblé par les équipes adverses si sa vitesse latérale n’est pas au niveau. Mais ce joueur, qui a déjà tout gagné en Europe, n’a que 19 ans, avec une marge de progression qui donne le tournis. Et il évoluera aux côtés de la légende Dirk Nowitzki qui va pouvoir le guider tout au long de sa première saison. Les fans des Mavericks sont aux anges. Et ils ont toutes les raisons de l’être.
PS : Les Mavericks ont également récupéré Jalen Brunson au second tour, un excellent meneur de jeu, double champion universitaire avec Villanova. Il possède une vision du jeu hors du commun, et démontre un calme digne d’un vétéran sur le terrain. Dallas a vraiment tiré le maximum de cette Draft.
Les Hawks prennent un risque avec Trae Young ?
Ancien assistant du manager général aux Warriors, notamment quand Golden State a fait le choix de sélectionner Stephen Curry en 2009, Travis Schlenk, qui dirige désormais les opérations à Atlanta, espère voir Trae Young évoluer de la même manière – ou presque – que le double MVP de la NBA. Oui, la ligue est désormais tournée vers le tir extérieur. Et l’ancien meneur de l’université d’Oklahoma est un monstre d’adresse quand il s’agit de balancer des ogives depuis la ligne à trois points (et parfois de plusieurs mètres derrière l'arc). Mieux encore, il sait tenir la balle, et faire jouer ses coéquipiers. Et il n’a peur de rien sur le terrain. On peut également préciser que les Hawks ont également sélectionné Kevin Huerter en 19e position, un joueur lui aussi réputé pour son adresse aux tirs. Travis Schlenk essaie-t-il de récréer la paire Curry/Thompson aux Hawks ? Il semblerait que oui. Et on ne peut qu’applaudir cette optimisme débordant (la désillusion à venir est probable).
Altanta vient de se priver du talent transcendant de Doncic pour récupérer Trae Young et un futur pick de Draft. Mais, pour tout le talent offensif dont il dispose, Trae Young est également réputé pour la médiocrité infinie de sa défense. De petite taille, et pas très costaud, Trae Young risque de se faire systématiquement cibler par les attaques adverses en NBA. Ses prouesses offensives pourront-elles masquer ses limitations défensives ? Les Hawks ne vont pas tarder à le découvrir, et peut-être de manière assez brutale.
Mohamed Bamba débarque au Magic d’Orlando
Ce joueur est un phénomène physique, et possède une marge de progression absolument fascinante. D’une envergure irréelle (il est plus long que Rudy Gobert, et vient d'établir un nouveau record au Draft combine), ce pivot de 2m15 devrait immédiatement poser des problèmes aux équipes adverses avec sa faculté à défendre le cercle. Et à attraper les passes lobées en attaque. Mais ce qui fait une grosse différence avec notre Gobert national, c’est que Bamba est aussi capable de shooter à trois points, et se montre tout à fait capable de défendre sur le périmètre avec une rapidité latérale, et des appuis, qui devraient être impossible pour un joueur de sa taille.
Très long et un peu frêle, Bamba va devoir rapidement se muscler – sans perdre en vitesse – pour rivaliser avec les monstres physiques de la NBA. A 20 ans, il a également beaucoup à faire dans la lecture du jeu, en attaque comme en défense. Mais l’expérience du terrain, et l’excellent coaching de Steve Clifford, devraient lui permettre de progresser rapidement dans ce domaine. Son tir extérieur est prometteur, mais il a encore du travail à fournir pour pouvoir véritablement devenir une menace à trois points. Cela reste un excellent choix pour le Magic.
Kevin Knox est parfait pour les Knicks
C’est presque devenu une habitude pour les fans des Knicks qui, semble-t-il, ne retiennent aucune leçon du passé. A peine Kevin Knox a-t-il été appelé par Adam Silver en tant que 9e choix de la Draft que les supporters de New York se sont mis à le huer copieusement (ils préféraient Michael Porter Jr. apparement). Comme Kristaps Porzingis en 2015.
Comparé à Tobias Harris, Kevin Knox est un ailier athlétique qui possède une belle fluidité dans son jeu offensif. Son tir est fiable, et ses qualités en défense sont évidentes avec sa vitesse latérale et ses longs bras.
Kevin Knox, qui n’a même pas 19 ans, a des progrès à faire dans la lecture du jeu, notamment à la passe, et aux rebonds, où il lui manque une dose de combativité. Le nouveau coach des Knicks, David Fizdale, est connu pour son exigence en défense, ainsi que dans l’effort sur le terrain. Si Knox veut avoir du temps de jeu, il n’aura pas d’autre choix que de s’investir à 100%. Sinon, ce sera le banc.
Un coup de poker aux Sixers ?
Sam Hinkie (ancien manager général de l'équipe) n’aurait pas fait mieux. Les Sixers ont surpris beaucoup de monde quand, après avoir sélectionné l’enfant du pays Mikal Bridges (qui jouait à Villanova et dont la mère travaille au sein de la franchise) en 10e position, ont finalement décidé de le transférer aux Suns en échange de Zhaire Smith. Et du futur pick de draft de Miami en 2021 (obtenu lors du transfert de Goran Dragic, et qui est non-protégé) détenu par Phoenix. Une décision étrange quand on sait que Mikal Bridges offrait ce qu’il fallait de défense et d’adresse aux tirs pour compléter parfaitement le duo Simmons/Embiid.
Mais Zhaire Smith est tout aussi intriguant. Il est le seul joueur de l’histoire n’ayant jamais figuré dans le Top 100 d’ESPN à être sélectionné au premier tour de la Draft. «So what» me direz-vous ? Le joueur est un gros bosseur, et il a faim, des qualités sous estimées chez les jeunes joueurs. Brett Brown a expliqué que ce choix avait été difficile, mais que Zhaire Smith était un très proche second choix derrière Mikal Bridges. L’opportunité de récupérer le pick non protégé de Miami – qui pourrait être un excellent choix en 2021 – a définitivement fait pencher la balance en faveur de Smith. Ce joueur est un athlète hors du commun capable de dunker dans tous les sens.
Son potentiel défensif est monstrueux, il possède une bonne vision du jeu, s’arrache au rebond, et plantait 45% de ses tirs à trois points en NCAA la saison passée. Les Sixers ont pris un risque en choisissant Zhaire Smith. Mais celui-ci pourrait se révéler payant à l’avenir. #TrustTheProcess
Collin Sexton parfait aux Cavaliers
Ce joueur est une pile électrique. Collin Sexton a la réputation d’être un joueur combatif, hyper-agressif en attaque, menaçant en défense, et capable de marquer avec ses deux mains. Comparé à Eric Bledsoe, il devrait réussir à séduire immédiatement les fans de Cleveland avec son engagement de chaque instant.
Ses qualités sont aussi ses défauts. Il a parfois tendance à forcer les tirs, à tenter des passes trop risquées, et manque de discipline en défense. Les Cavaliers ont clairement fait un choix d’avenir avec Sexton, renforçant au passage l’idée que LeBron James ne devrait pas rester au club cet été. Si cela se confirme, une lente reconstruction commence à Cleveland, et Collin Sexton est la première pierre de ce projet sur le long terme.
Michael Porter Jr. tombe dans les mains des Nuggets
C’est l’autre gros coup de la soirée. Un temps envisagé en 2e position de la Draft (ce qui aurait typique des Kings, qui ont toutefois préféré assurer avec Marvin Bagley III), Michael Porter Jr. a chuté en 14e position en raison des doutes sur son état de santé après une opération du dos l’ayant privé de la quasi-totalité de son unique saison à l’université du Missouri. Les Nuggets prennent ici un risque contrôlé. Ce joueur possède un talent exceptionnel, et à ce moment de la Draft, ils auraient eu tort de ne pas saisir cette opportunité en or. Surtout que l’ailier colle parfaitement à leurs besoins.
Michael Porter Jr. est redoutable aux tirs, aussi bien en «catch and shoot» qu’après un dribble. Il arrive dans un effectif taillé pour faire les playoffs, et son association avec Jamal Murray et Gary Harris pourrait se révéler létale offensivement. Paul Millsap et Nikola Jokic sont des passeurs hors pairs dans le jeu intérieur, et ça aussi devrait bénéficier à Porter Jr. Reste à savoir si son problème de dos – qui selon certaines rumeurs pourraient l’empêcher de jouer sa première saison – ne sera pas un problème pour la suite de sa carrière. Mais Denver a eu amplement raison de saisir cette chance.
Le Jazz d’Utah mise sur Greyson Allen
Une bonne pioche pour le Jazz d’Utah de Rudy Gobert. Malgré sa mauvaise réputation en NCAA, Greyson Allen n’en reste pas moins un joueur solide, notamment aux tirs (37% à trois points la saison passée avec Duke). Il a également beaucoup progressé dans la lecture du jeu, principalement dans les prick&roll, et démontre une vraie combativité sur le terrain. Les fans d’Utah peuvent compter sur le coach, Quin Snyder, pour lui trouver une place dans la rotation où il pourra exprimer l’étendue de son talent.
Le point faible d’Allen est clairement en défense. Lent dans ses déplacements latéraux, il lui est difficile de rester devant des joueurs plus rapides que lui. Mais le Jazz est peut-être l’équipe parfaite pour lui, puisqu’il pourra se contenter de rediriger les attaquants vers la raquette où Rudy Gobert veille au grain. Joueur intelligent et combattif, Greyson Allen pourrait devenir un joueur qui compte dans la rotation du Jazz, mais cela devrait exiger un peu de patience.
Elie Okobo se pose à Phoenix
Cocorico !!! Après DeAndre Ayton et Mikal Bridges, le choix d’Elie Okobo par les Phoenix Suns en 1ère place du second tour (31e choix) serait presque passé inaperçu. L'ancien meneur de l'Elan béarnais débarque dans un club débordant de jeunesse où il sera difficile, mais pas impossible, de trouver une place. Ses multiples talents offensifs – il possède une palette très diversifiée : step-back, pull-up, side-step, floater – et une bonne maîtrise des fondamentaux en défense font de lui un joueur intriguant au sein de l’effectif des Suns.
Elie Okobo a besoin d’améliorer sa maîtrise de balle (il a longtemps joué second arrière et continue d’apprendre le poste de meneur de jeu) ainsi que son explosivité. Un objectif largement atteignable pour ce joueur pétri de talent et surmotivé. Bonne chance à toi Elie !
| @ElieOkobo_0
"Un moment incroyable, je suis vraiment fier" @Suns | #SunsAt50 pic.twitter.com/RfwPqGYS9Y— NBA France (@NBAFRANCE) June 22, 2018