A l'occasion du rassemblement de l'équipe de France à Clairefontaine, Didier Deschamps a donné sa première conférence de presse. Dont voici les principaux points.
Sur le cas Rabiot :
«Ce n’est pas une lettre qui a été envoyée à la FFF, mais un mail qui m’est parvenu lundi en fin d’après-midi. J’ai pris connaissance de ce mail. Je l’ai appelé et je lui ai envoyé un SMS pour avoir confirmation que c’était bien de lui. Il ne m’a pas répondu mais j’en ai eu la confirmation (par une personne de l’administratif de l’équipe de France, ndlr). Dans la foulée j’ai averti mon président du contenu, mais aussi le président du PSG (Nasser Al Khelaifi). J’étais surpris évidemment. Je peux comprendre l’immense déception mais de là à prendre une telle position... On parle d’un jeune joueur, il s’auto-exclut. J’ose espérer que ça lui permettra de mûrir, de réfléchir. Je suis convaincu qu’il a fait une énorme erreur en prenant une telle position. Il n’y a pas de place pour les états d’âme au très haut niveau, on se doit d’être professionnel en toutes circonstances. J’en prends acte, je ne vais pas dire que ça me fait plaisir mais je ne vais pas en parler pendant des jours. Je sais que je ne peux pas compter sur lui. Il refuse son statut de réserviste, de suivre un programme et d'être appelé comme suppléant. C'est sa décision, il assume.»
« (Sur son avenir avec les Bleus) Je n’ai jamais pris de position radicale. Aujourd’hui, il a pris une décision, il se met à la faute, point barre. J’ai argumenté le fait qu’il ne soit pas là, en fonction de ce qu’il s’est passé sur le terrain. Je n’ai rien à lui reprocher en termes de comportement. C’est pour ça que ça me surprend encore plus, il n’y a pas eu le moindre signe avant-coureur. Encore une fois, je me répète, je comprends son immense déception mais l'équipe de France est au-dessus de tout. Il a 23 ans. Il est jeune. Si ça avait été un joueur de 30 ans, avec 50 sélections, il y aurait des circonstances atténuantes. J’espère qu’il apprendra. »
Les suppléants
« C’est une relation de confiance. Ils sont professionnels. Le très haut niveau, c’est être professionnel en toutes circonstances. Ils n’ont pas la meilleure place, d’autres l’ont moins bonne encore. A eux de se tenir prêts et de répondre aux exigences. A partir du moment où ils sont dans la pré-liste, ils ont des exigences aussi auprès de la Fifa. Ils doivent être géolocalisés. Je ne vais pas les fliquer, c’est dans leur intérêt qu’ils suivent le programme malgré la déception. »
« (Un remplaçant à Rabiot ?) C’est un peu compliqué. Le logiciel était bloqué jusqu’au 14 mai pour y inscrire maximum 35 joueurs. Il sera débloqué le 4 juin pour la liste définitive de 23 joueurs. A partir du 4, j’aurai encore la possibilité de changer l’un des 23 sur blessure, qui fera partie de la pré-liste ou de l’extérieur. Aujourd’hui, je ne peux pas en rajouter. Sincèrement, je n’ai appelé personne. J’aurais mais non. On restera comme ça.»
La vie du groupe
«Au-delà de la qualité et du travail spécifique, mes joueurs se connaissent. Les jeunes ont moins de vécu, mais de la qualité et du mental. D’autres ont plus de vécu. C’est un travail individuel, mais aussi dans un cadre collectif. Les 22 ont la banane aujourd’hui, je ne vous le cache pas. Mais dans ces 22, seulement 11 débuteront et ceux sur le banc, ce sera logique qu’ils soient moins contents. Ils n’ont pas les mêmes caractères et personnalités et ça peut arriver à tout le monde d’être moins bien lunés en fonction des jours (...) Je n’ai pas de stress. Il y a de l’adrénaline, de l’excitation.»
Où en sont Sidibé, Mendy et Dembélé ?
«Je n’ai pas d’inquiétude, les deux sont guéris. Djibril n'est resté que trois semaines à l'arrêt et a fait le dernier match presque en entier. Il n’y a pas de souci particulier. Benjamin c'est différent mais il est guéri aussi. C'est juste une question de rythme, d'intensité. Ça passe par une montée en puissance pour avoir le rythme de la compétition. Je n'ai pas d'inquiétude. Si j'ai des informations négatives, la deadline c'est le 4 juin. (Sur Dembélé) J'ai craint le pire sur le moment. J'ai pu échanger rapidement avec lui et toute blessure grave est écartée. On va gérer s'il y a besoin. Aujourd'hui, je n'exclus pas qu'il soit disponible pour lundi (contre l'Irlande).»
Qu’est-ce qu’une bonne préparation ?
«C’est déjà pas mal de ne pas avoir de blessures. Réussir les matches amicaux, que vous (les journalistes) ne nous chahutiez pas trop. Même si une trop grande confiance n’est pas forcément bonne. Certains ont eu une saison bien chargée, d’autres un peu moins. Je veux les amener tous pour être au maximum pour ce premier match contre l’Australie (16 juin).»
Ecrire leur propre histoire
«98 fait partie de l'histoire, ça restera. Maintenant, les joueurs qui sont là doivent écrire leur propre histoire. Certains n’étaient pas nés en 98. Ils savent ce qu’il s’est passé. Aujourd’hui, c’est une page blanche. Il faut la remplir et essayer de la rendre la plus belle possible (…) Je sais ce que c’est qu’une Coupe du monde ratée. On ne se voit pas plus beau qu’on est. On a de l’ambition oui, mais de l'humilité aussi. Certains pensent qu’on a une poule facile mais on est dans le seul groupe où trois équipes (France, Pérou, Danemark) sont dans les 12 premiers du classement Fifa.»
Les Bleus et le mercato
«Dans l’idéal il vaut mieux que les joueurs soient fixés sur leur avenir avant le début du tournoi mais je sais que ça ne sera pas le cas. Certains régleront leur cas pendant, d’autres après la compétition. Il faudrait dans la mesure du possible qu’ils aient la tranquillité d’esprit de savoir où ils seront l'année prochaine. Mais ça c’est dans un monde idéal. Je ne vais pas être dans leur chambre à regarder qui ils appellent. Ce ne sont pas des enfants. Ils peuvent gérer leur avenir personnel tout en jouant avec l'équipe de France. »
La lettre de Koscielny
«Ce ne sont pas deux joueurs (Koscielny et Rabiot) de la même génération. Laurent (qui est forfait) a énormément de vécu et on a perdu un joueur important. Je trouve que son initiative est bien. J’ai fait en sorte que les joueurs puissent la lire. Il y a tout dedans. Si ça peut mettre en éveil un peu tout le monde par rapport à ça, je ne vais pas m’en plaindre. C’est un homme sur qui on peut compter. Il est le bienvenu pour nous voir quand il le désire.»
"Tout un pays sera derrière vous !"
La lettre que Laurent Koscielny a envoyé aux joueurs de l'@equipedefrance avant la Coupe du Monde ! #FiersdetreBleus @6_LKOSCIELNY pic.twitter.com/eG5V9nu0kE— Equipe de France (@equipedefrance) 23 mai 2018