Au pied de la montagne : le Paris SG orphelin de Neymar doit surmonter mardi en 8e de finale retour de Ligue des champions (20h45) sa défaite 3-1 de l'aller et sortir le Real Madrid de Cristiano Ronaldo pour devenir crédible et s'éviter une grosse crise.
«Eliminer des adversaires comme celui-là, c'est un peu ce qui manque au PSG pour que les adversaires commencent à prendre le PSG au sérieux, pour qu'ils ne pensent pas simplement que c'est un club qui a beaucoup d'argent, qu'on vit à Paris et que c'est suffisant», a résumé l'expérimenté latéral Dani Alves lundi en conférence de presse.
Le PSG sous pavillon qatari (depuis 2011) n'a jamais atteint les demi-finales de la compétition reine et, pire, en a été éjecté dès les 8e la saison dernière.
Un nouvel échec à ce stade serait difficilement justifiable pour l'entraîneur Unai Emery et pourrait ébranler le vestiaire, voire relancer les rumeurs de départ de Neymar ou Marco Verratti. Cela fragiliserait à coup sûr le projet qatari, après un mercato estival à 400 millions d'euros et avant un manque à gagner économique, alors qu'il est dans le collimateur du fair-play financier de l'UEFA... Une perspective observée avec gourmandise par les places fortes traditionnelles du foot européen...
A l'inverse, une remontada face aux Madrilènes conjurerait celle essuyée il y a un an face au FC Barcelone (4-0, 1-6), ferait grand bruit et donnerait une toute autre tonalité à la suite de la saison, sans Real ni Ronaldo en demi-finale de C1 pour la première fois depuis 2010.
Di Maria attendu
Mais les circonstances sont cruelles pour Paris, entre le tirage au sort le plus ardu possible, représenté par le double tenant du titre au programme, et l'indisponibilité de son meilleur joueur, Neymar, opéré samedi du pied droit et qui avait été attiré à Paris, justement, pour ce genre de match, pour faire grandir le club.
Pour couronner le tout, le Real de Zinédine Zidane se présente avec un CR7 qui, après un automne morose, aborde la phase décisive en boulet de canon (14 buts sur ses huit dernières apparitions), comme la saison dernière. Et les blessés reviennent : l'arrière gauche Marcelo a rejoué samedi, et les milieux Luka Modric et Toni Kroos sont de nouveau opérationnels.
Le Real joue gros, puisque la C1 est l'unique titre qu'il peut encore guigner, après s'être fait distancer en championnat par le FC Barcelone et éliminer de la Coupe d'Espagne. Bref, la pente à remonter est très raide pour le PSG.
Hormis Neymar, Emery dispose cependant de l'ensemble de son effectif, avec un onze où seule l'identité de la sentinelle (Thiago Motta ou Lassana Diarra ?) semble incertaine. Kylian Mbappé, touché à une cheville, sera bien apte en attaque aux côtés d'Edinson Cavani et d'Angel Di Maria, homme en forme de l'équipe en ce début d'année (13 buts et 9 passes décisives en 15 matches sur 2018).
«Il est évident qu'avec 'Ney', le PSG est beaucoup plus fort, et sans 'Ney', il reste fort parce qu'il y a d'autres joueurs», a lancé Dani Alves, qui balaie la moindre excuse : «Soit on s'assoit et on pleure, soit on se lève et on se bat».
Le feu du Parc
Si possible tous ensemble : le club en a appelé à l'union sacrée et à la ferveur du public, allant jusqu'à envoyer aux supporters un SMS vocal du speaker du Parc des Princes Michel Montana. Le PSG a exceptionnellement ouvert la tribune Boulogne aux fans du Collectif ultras Paris (CUP), pour que les deux virages se répondent, selon le quotidien L'Equipe.
Il s'agit de renouer avec les grandes soirées des années 1990, notamment celle de 1993 en C3, lorsqu'Antoine Kombouaré «Casque d'Or» avait inscrit le but du 4-1 et ainsi donné la qualification au PSG face au... Real, qui s'était imposé 3-1 à l'aller.
Ses mémorables remontadas en coupes d'Europe, Paris les a toutes réussies à domicile. Au Parc cette saison, il s'est imposé 19 fois sur 19, en y marquant en moyenne quatre buts. Et il n'a perdu qu'un seul de ses 46 derniers matches européens à domicile (et encore, face au Barça de Messi en route vers son sacre dans la C1 2015).
Le feu du Parc ? Zidane l'a banalisé : «On est habitué. L'ambiance sera chaude, mais on connaît les ambiances face au Real Madrid». Mardi soir en tout cas, parisien ou madrilène, il y aura un grand brûlé.