Le Brésil est le premier exportateur au monde de footballeurs, avec un vivier inépuisable de jeunes talents comme Luis Phelipe Souza, 17 ans, qui met les bouchées doubles dans le centre de formation du Red Bull Brasil.
Cet adolescent souriant a grandi dans une favela, mais cela fait déjà plus de trois ans qu'il vit au centre d'entraînement de Jarinu, à 70 km de Sao Paulo, ne rentrant chez lui que le week-end.
«Mon idole, c'est Neymar, pour tout ce qu'il a enduré pour en arriver là : tant de critiques, d'insultes. Il a réussi à surmonter tous ces obstacles et aujourd'hui, c'est un des meilleurs du monde», affirme ce milieu de terrain élancé.
Le centre de formation ultra-moderne bâti en 2009 par le géant autrichien des boissons énergétiques accueille aujourd'hui 120 jeunes de 14 à 20 ans, qui rêvent comme Luis Phelipe de devenir professionnels.
Le pays le plus titré du football mondial, avec cinq étoiles sur son maillot jaune et vert, est aussi celui qui exporte le plus de talents à l'étranger.
Plus d'un transfert sur dix de la planète foot concerne des joueurs brésiliens et près de la moitié des championnats nationaux du monde entier compte au moins un représentant du pays du Roi Pelé, selon le dernier rapport Fifa-TMS.
«Le Brésilien fait la différence grâce à sa créativité, sa joie de vivre. Ici, les gamins jouent plus librement, de façon moins automatique», explique Thiago Scuro, directeur exécutif du club, sans décoller les yeux d'un match amical des moins de 17 ans.
«Passerelle vers l'étranger»
Le projet Red Bull Brésil a débuté en 2007, l'entreprise autrichienne lorgnant sur le potentiel de ce pays fou de foot de 206 millions d'habitants.
Un modèle qui a déjà porté ses fruits en Autriche, avec le Red Bull Salzbourg, sept fois champion national ces dix dernières saisons, et en Allemagne, avec le RB Leipzig, passé de la cinquième division à la Ligue des champions en huit ans à peine.
La filiale brésilienne est plutôt axée sur la formation, les meilleurs alimentant leurs consœurs européeenes, même si l'équipe professionnelle évolue en première division du championnat régional de Sao Paulo, à défaut de jouer au plus haut niveau national. À terme, les dirigeants ont néanmoins l'ambition de voir le Red Bull jouer les premiers rôles dans l'élite du football local, reproduisant la success-story de Leipzig.
Pour dénicher des pépites, le club a six observateurs répartis dans tout le pays.
C'est l'un d'eux qui a repéré Thomas Bueno, attaquant prometteur de 14 ans fan de Cristiano Ronaldo.
«Red Bull Brasil nous ouvre les portes d'autres clubs, en Allemagne, en Autriche. C'est comme une passerelle vers l'étranger», explique ce joueur arrivé au club l'an dernier.
«J'ai perdu un peu de mon enfance»
Luis Phelipe, lui, n'est pas près d'oublier le jour où il a pleuré d'émotion en prenant l'avion pour la première fois pour disputer un tournoi international.
«J'ai l'opportunité de changer la vie de ma famille. Je viens d'un quartier pauvre et Dieu sait combien j'ai souffert depuis l'âge de huit ans», raconte l'adolescent qui reverse son salaire d'apprenti footballeur à sa mère malade.
Mais pour vivre pleinement de sa passion, il doit encore gravir bien des échelons. Comme dans tous les centres de formation, l'écrémage est impitoyable: à la fin de chaque saison, seuls les meilleurs sont gardés et beaucoup sont contraints d'aller ailleurs.
À 20 ans, Vitor Hugo Araujo sait à quel point il est difficile de percer. Parti de chez lui à 13 ans, il a tenté sa chance dans de nombreux clubs brésiliens.
Au Red Bull Brasil depuis trois ans, il tente de se faire une place en équipe première, après un passage de six mois en Autriche.
«J'ai perdu un peu de mon enfance à cause du football, mais si c'était à refaire, je ne changerais rien», affirme le jeune globe-trotteur.