C’est la question qui obsède tous les fans de la NBA actuellement. James Harden et les Rockets de Houston sont-ils vraiment en mesure de battre les Warriors de Golden State cette saison ?
Au moment d’affronter les Celtics de Boston dans la nuit de samedi à dimanche dans le cadre de la grande affiche du NBA Saturdays Showdown – une rencontre à suivre à partir de 2h30 du matin sur beIN Sports et NBA League PASS – les Rockets de Houston apparaissent chaque jour un peu plus comme la seule et unique franchise à pouvoir réellement pousser les Warriors dans leurs retranchements. Et même, pourquoi pas, de les battre dans une série au meilleur de sept matches.
Leur victoire face aux Clippers dans la nuit de mercredi à jeudi leur a permis d’enregistrer une deuxième série de 14 succès consécutifs cette saison. Cette dernière étant toujours d’actualité. Mais l’équipe possède-t-elle les capacités nécessaires pour déloger le champion en titre ? Il semblerait que oui. Mais des questions subsistent.
Un duo qui lance des flammes
Les fans de Houston se régalent à l’heure qu’il est. Chaque soir, James Harden et Chris Paul s’amusent avec leurs adversaires, et font tourner la tête des défenseurs avec un enchaînement impitoyable de step-back à trois points, ou à mi-distance (pour Chris Paul), de passes lobées pour Clint Capela, ou encore des pénétrations-éclaires qui se terminent soit par un lay-up, soit une passe pour un shooteur démarqué à trois points. La victoire de la franchise texane sur le parquet des Nuggets dimanche dernier était la parfaite illustration des problèmes que posent Chris Paul et James Harden aux défenses adverses.
On rigole quand on repense à tous ceux (l’auteur de ces lignes compris) qui affirmaient que l’association entre Harden et Paul allait être plus compliqué que prévu, et bla bla bla. Ces deux joueurs sont juste parfaits, ensemble, sur un terrain. Et leur coach, Mike D’Antoni, grand précurseur du jeu rapide/tirs longue distance pratiqué aujourd’hui en NBA à l'époque où il était sur le banc des Suns au début des années 2000, est le parfait chef d’orchestre pour ces deux solistes de génie.
Pour info, les Rockets affichent un bilan de 30v-1d quand Harden, Paul et Capela jouent ensemble, avec un différentiel de +13,8 points par rapport à l’adversaire quand ils sont ensemble sur le parquet, avec 2 victoires pour 0 défaites face aux Warriors (Harden était blessé lors de l’unique défaite de Houston face à Golden State le 4/01).
Une profondeur de banc exceptionnelle et une défense qui tient la route
«C’est probablement la meilleure équipe que j’ai connu de toute ma carrière», a récemment balancé James Harden dans une interview avec la chaîne américaine ESPN. Il n’a pas tort. Monstre offensif l’an dernier, les Rockets avaient le vilain défaut de n’être que très moyens en défense (18e en efficacité). Cette année, c’est un peu la révolution avec une belle 9e place en efficacité défensive. La raison ? Chris Paul a toujours été un formidable défenseur, et continue de l’être. Idem pour Trevor Ariza.
Mais ce sont surtout les recrutements Luc Mbah a Moute et de PJ Tucker qui s’avèrent payants. Ces deux joueurs allient ce qu’il faut de défense et d’adresse extérieure (plus de 35% de réussite derrière la ligne des trois points tous les deux) pour donner à Houston la versatilité nécessaire des deux côtés du terrain et s’adapter à toutes les situations. Grâce à eux, D’Antoni dispose d’une défense où chaque joueur est capable de «switcher» sans que cela tourne au désastre. Même Clint Capela a démontré qu’il était capable de tenir la distance quand il se retrouvait face à des joueurs plus rapides que lui sur le périmètre. Un talent défensif primordial face aux Warriors.
Une attaque thermonucléaire
Selon le site NBA/Stats.com, la meilleure attaque de la ligue est la propriété des Warriors. Les Californiens sont premiers en efficacité offensive, font le plus de passes décisives, et affichent le meilleur pourcentage de réussite aux tirs, que n'importe quel autre club. Et tout cela en jouant à un rythme effréné (2e de la NBA). Mais selon le site Basketball Reference, ce sont les Rockets qui, d’un cheveu, affichent la meilleure attaque… de tous les temps. Rien que ça. Devant les mythiques Lakers 1987, et devant les Warriors de 2017 qui avaient détrôné Magic Johnson et sa bande l’an dernier.
On comprend mieux pourquoi les adversaires prennent régulièrement l’eau face au barrage de tirs à trois points et de lay-ups infligés par les Rockets chaque soir. Ils sont tout simplement victimes de la meilleure attaque de l’histoire de la ligue. Face au joueur favori pour remporter le titre de MVP de la saison (Harden, évidemment). Et face à un des meilleurs meneurs ayant foulé un parquet NBA. Cela sera-t-il suffisant pour renverser les Warriors ? La défense des Rockets, sa capacité à forcer Golden State à perdre des ballons, et surtout à contrôler les rebonds, seront des facteurs déterminants s’ils veulent avoir une chance de faire tomber le colosse californien.
Ça cale sur le mental ?
« C’est notre année », clame également James Harden à ESPN. Mouais. Ok. Pourquoi pas. Le dire, c’est bien. Le faire, ce sera mieux. Et ce sera autrement plus difficile. Harden et Chris Paul sont des joueurs exceptionnels. Personne ne dira le contraire (ou alors il faut changer de sport). Mais ils sont aussi les auteurs de performances très critiquables en playoffs tout au long de leur carrière. Chris Paul, qui n’a jamais passé le deuxième tour des phases finales, doit encore ruminer l’élimination des Clippers en 2015 face aux Rockets alors que l'équipe menait 3-1, et disposait, lors d’un Game 6 joué à domicile (!!!), d’une confortable avance de 19 points dans le 3e quart temps. Détail amusant, James Harden se trouvait sur le banc de Houston lors de ce come-back historique pendant que Josh Smith et Corey Brewer (ce match était une folie, ndlr) enquillaient les tirs décisifs pour permettre aux Rockets de s’imposer.
Chris Paul a également trébuché face au Thunder d’OKC lors du Game 5 en demi-finale de conférence Ouest en 2014 en perdant la balle dans les dernières secondes.
Pour James Harden, personne ne peut oublier sa performance putride face à des Spurs pourtant privés de Kawhi Leonard l’an dernier lors d’un Game 6 joué à la maison. 2/11 aux tirs, et 6 balles perdues. Ouch !
James Harden avait également totalement dévissé lors des NBA Finals en 2012 lorsqu’il jouait au Thunder. Époustouflant face aux Spurs en finale de conférence, où il avait inscrit un panier décisif dans le Game 5 sur un step-back à trois points légendaire, Harden avait complètement raté les finales face au Heat de LeBron James, avec une adresse en chute libre, et des pertes de balles dans tous les sens.
James Harden et Chris Paul seront-ils capables de transcender leurs échecs passés pour, enfin, répondre présents dans les moments cruciaux s’ils venaient à affronter les Warriors en finale de conférence Ouest cette saison ?
Si les Rockets veulent détrôner les Warriors, une équipe classée parmi les meilleures de l’histoire de la ligue, et actuel champion en titre, il sera indispensable de garder la tête froide dans les moments chauds. Et pour le moment, leur passé respectif n’incite pas à la confiance, aussi formidables soient-ils à l'heure qu'il est.