Quelle grande classe ! À 36 ans et 6 mois, Roger Federer a écrit une nouvelle page de l'Histoire du tennis en devenant le joueur le plus âgé à être couronné numéro 1 mondial, vendredi à Rotterdam.
Plus de cinq ans qu'il attendait ça et le voilà redevenu maître du monde. Le Suisse n'a eu qu'à se hisser en demi-finales du tournoi de Rotterdam pour chiper ce record à un autre grand monsieur du tennis mondial, Andre Agassi. L'Américain avait atteint le sommet de l'ATP en 2003, à l'âge de 33 ans.
Face à la star locale, le Néerlandais Robin Haase, 42e mondial, Federer a sans doute joué le quart de finale le plus stressant de sa carrière, le visage fermé. Mais, au terme de 3 sets et un peu plus d'une heure de jeu (4-6, 6-1, 6-1), il s'est envolé une nouvelle fois dans la dimension exceptionnelle des records.
Tout comme le 28 janvier à Melbourne, où il a porté à 20 le record de trophées du Grand Chelem, il s'est laissé aller à beaucoup d'émotions. Après avoir salué son adversaire puis le public, il est allé s'asseoir sur sa chaise et a mis sa tête entre ses mains pour pleurer. Il a essuyé ses larmes pour afficher un sourire ému.
«Etre numéro 1 mondial, c'est l'aboutissement suprême dans notre sport. C'est fou. C'est un rêve devenu réalité», a dit le joueur.
Une quête de cinq ans
Federer a poursuivi cette quête durant plus de cinq ans, sans jamais renoncer, avec obstination et la passion du jeune débutant pour déloger de brillants perturbateurs tel Andy Murray et Novak Djokovic. Mais surtout son plus vieux rival, Rafael Nadal.
La tache était ardue et nombre d'observateurs n'y croyaient plus, d'autant qu'en 2016, le maestro s'est arrêté 6 mois pour soigner son dos. Et pourtant ! En 2017, il s'offre un 18e titre majeur à l'Open d'Australie et surtout un 8e sacre record à Wimbledon.
Et la place de numéro 1 mondial alors ? Nadal, encore et toujours lui, ne laisse pas ce plaisir à Federer.
Mais le Suisse n'a jamais perdu son objectif de vue et l'arrêt sur blessure à une cuisse de Nadal est l'opportunité à saisir. Federer a bousculé son planning pour se rendre aux Pays-Bas et redevenir N.1 mondial, une place qu'il avait conquise pour la première fois de sa carrière, il y a 15 ans, en 2003.
Une longévité qui force l'admiration et qui s'explique par son talent, sa ténacité, une préparation physique sur mesure assurée depuis 18 ans par Pierre Paganini et un véritable amour du jeu.
Mais cette longue réussite, c'est aussi celle de son épouse, Mirka, avec qui il a eu des jumelles en 2009 puis des jumeaux en 2014.
Mirka dans l'ombre
Cette ancienne joueuse de tennis, qu'il a rencontrée lors des Jeux olympiques en 2000 à Sydney, est à ses côtés en permanence. Roger Federer ne cesse de l'encenser.
«Ma femme a été avec moi jour après jour à travers le monde. Elle m'a aidé de façon considérable en tant que personne. J'ai grandi à ses côtés. Je suis devenu plus calme grâce à elle. Elle a toujours été un véritable soutien. Je lui dois énormément», a-t-il dit notamment.
Présente sur la grande majorité des tournois, elle soutient son mari mais surtout, c'est elle qui gère le personnage public.
Son influence semble considérable. Jeune adulte caractériel - il lui arrivait souvent de casser ses raquettes de colère -, il est devenu un véritable gentleman au fil des années.
Depuis la rencontre avec Mirka, il a définitivement cessé de se teindre les cheveux en blond platine et renoncé aux cheveux longs ramenés en couette sur l'arrière !
Désormais, il incarne l'élégance. Un véritable symbole qui a séduit les marques de luxe pour son plus grand bonheur. Selon le magazine Forbes, il était l'année dernière le 4e sportif le mieux payé avec 64 millions de dollars.
Roger Federer peut pleinement savourer ce retour au sommet. Mais cela ne pourrait être que de courte durée. Nadal revient dans le jeu en principe à Acapulco (26 février-3 mars) avec la ferme intention de redevenir le roi.