Nul besoin de donner son nom pour savoir de qui on parle. A 36 ans et demi, Roger Federer a remporté, à l’Open d’Australie, son 20e titre en Grand Chelem. En trente finales. Un exploit prodigieux dans l’histoire du sport.
Avoir une telle longévité, et en même temps une telle fraîcheur, c’est juste inimaginable. Les esprits chagrins, car il y en a même pour le génie suisse, diront qu’il bénéficie de circonstances favorables, avec la blessure de Rafael Nadal, l’absence d’Andy Murray, les méformes de Novak Djokovic ou encore de Stan Wawrinka. Mais ce n’est pas de sa faute s’ils pètent tous comme du verre, alors que lui n’aura finalement été absent que six mois à cause de sa blessure au genou.
S’il maintient un niveau de performance très élevé, c’est avant tout une histoire de préparation, de sérieux, de passion et de style de jeu. Il suffit de regarder jouer Nadal et Federer pour s’apercevoir que le style de l’un est beaucoup plus économique que celui de l’autre. Du coup, ce tournoi à Melbourne a été une promenade de santé, jusqu’à cette finale un peu étrange. Marin Cilic a fait les questions et les réponses. Le Croate est passé à côté des 1er, 3e et 5e sets, alors que dans la 2e et 4e manche, malgré un break de retard, il a été injouable. On sentait bien le poids de la pression sur Roger Federer, même s’il avait un bilan favorable dans leurs confrontations.
Evidemment, tous les amoureux du tennis en France aimeraient le revoir à Roland-Garros. Mais il n’y a quasiment aucune chance pour qu’il se déplace à la Porte d’Auteuil. Car il a clairement toutes ses chances de pouvoir s’offrir un 9e sacre à Wimbledon. S’il fait la préparation et la saison sur terre battue, cela nuira à son tournoi sur gazon. Ce qu’il y a de plus extraordinaire chez lui, c’est cette soif de vaincre. Car il ne faut pas se fier à sa tête de gendre idéal et à son doux sourire. On n’arrive pas à un tel niveau sans être un «tueur». Federer est, lui, un «tueur» avec une main de velours.