Un thème plus festif aurait pu être choisi pour la dernière chronique de l’année 2017. Mais le sujet me tient à cœur. Il «m’oppose» aux supporters du FC Nantes, 5e de la Ligue 1 avec un total de points équivalent à celui que les Canaris possédaient lors de leur dernier titre de champion en 2001.
Résultat remarquable pour un club au budget assez moyen et à l’effectif moyen en termes de qualité. Mais Waldemar Kita, le président Nantais, a eu la riche, et coûteuse, idée d’enrôler Claudio Ranieri comme entraîneur. Et l’Italien fait des merveilles avec son équipe. Avec un style défensif totalement assumé. Nantes a gagné dix fois lors des matchs aller. Dix fois par un but d’écart.
Tout va donc parfaitement bien du côté de la Beaujoire. Les supporters, qui, en bon supporters, regardent le résultat bien avant le plaisir et la qualité du jeu, sont ravis. Et n’acceptent pas la moindre critique. C’est là que ça coince. Parce que lorsqu’on est neutre en tant qu’observateur, lorsqu’on regarde six matchs de Ligue 1 par journée, on n’a rien contre voir un peu de jeu et de spectacle.
Je m’ennuie donc en regardant jouer Nantes. Et pour ça, comme pour le reste, je le dis. Mais là, je n’ai pas le droit. Pas le droit à l’ennui. Et ce n’est pas la première fois. Avec le Bordeaux de Ricardo, l’OM d’Elie Baup, le Monaco de Leonardo Jardim première saison, le Lille de René Girard, je me suis déjà souvent retrouvé confronté à des supporters qui ne comprenaient pas comment je pouvais critiquer leur équipe chérie qui avait des supers résultats… en offrant aucun spectacle. Parce que si mon métier doit se résumer à se retrancher derrière un résultat, il faut d’urgence que je fasse autre chose.
Alors je me fais allumer, et encore c’est le mot le plus gentil que j’ai pu trouver, parce que je ne m’extasie pas sur une équipe qui gagne 1-0 sur penalty contre le 19e à domicile en finissant à sept joueurs à vocation défensive. J’ai une autre idée du foot, surtout à Nantes. Je suis suffisamment âgé pour avoir de vraie souvenir de la Maison Jaune avec Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix. Cet héritage a d’ailleurs longtemps été pesant pour leurs successeurs, qui ne pouvaient pas compter sur des générations de la même qualité. Parce que pour bien jouer, il faut deux choses : de bons joueurs et essayer. Ranieri doit considérer qu’il n’a pas un effectif suffisant pour produire du jeu, ce qu’il faisait avec Monaco. Alors, il bétonne. Et ça marche. Il n’y a rien à dire là-dessus. Mais qu’on m’oblige à m’extasier devant ça, non merci.