Emmanuel Macron reçoit lundi et mardi les principaux responsables politiques pour les sonder sur ses projets européens et l'organisation des élections européennes de 2019, un scrutin central à ses yeux.
Comme il l'a fait à deux reprises avec les représentants syndicaux et patronaux depuis son élection, le chef de l'Etat les accueillera un à un à l'Elysée, à commencer par le président du Sénat Gérard Larcher, attendu lundi à 08H00.
Suivront jusqu'à mardi soir 12 responsables de parti, dont Bernard Accoyer (LR), Christophe Castaner (LREM), François Bayrou (Modem), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (FN), ces deux derniers se succédant mardi après-midi.
Cette vaste consultation est organisée alors que M. Macron veut passer à la phase concrète de la «refondation de l'Europe» qu'il a appelée de ses voeux dans les discours d'Athènes et de la Sorbonne.
Si elle fait l'unanimité au sein de La République en marche (LREM), cette ambition proeuropéenne fracture aussi bien à gauche qu'à droite. Comme l'ont récemment montré les remous provoqués au sein de LR par le soutien d'Alain Juppé à «la capacité d'initiative» du président sur l'Europe.
M. Macron va notamment consulter les chefs de partis sur le lancement, prévu début 2018, «de conventions démocratiques dans toute l’Europe afin d'associer les citoyens européens à la refondation» de l’UE, selon l'Elysée.
Ce projet d'un débat public à l'échelle du continent, dont les contours restent encore flous, a été accueilli positivement par plusieurs pays européens comme l'Allemagne, l'Italie ou la Grèce, selon l'Elysée.
«Nous ne voulons pas d’un grand débat +théologique+ (...) Nous voulons d’abord faire remonter les aspirations des citoyens», a expliqué la semaine dernière Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, dans La Croix.
«Il s’agit, a-t-elle ajouté, d’inverser la logique des années passées où les dirigeants prenaient des décisions, avant de les soumettre de manière très binaire à des populations qui n’avaient pas été associées à la réflexion en amont».
Pour la ministre, ce débat pourra être organisé «dans les collectivités locales, les universités, les syndicats, les entreprises...». Avec comme objectif de nourrir la réflexion des dirigeants au second semestre 2018.
Quel mode de scrutin ?
En recevant les chefs de partis, M. Macron souhaite aussi «les consulter sur l’organisation du scrutin des élections européennes», qui marquera en 2019 le retour aux urnes des Français.
L'une de ses idées est d'introduire des listes transnationales grâce à l'utilisation du quota des députés britanniques partants après le Brexit.
Le débat porte également sur un retour à une circonscription nationale alors que, depuis les élections européennes de 2004, la France est divisée en huit circonscriptions (Est, Ouest, Ile-de-France...).
«De notre point de vue il faut une liste nationale», a déclaré vendredi le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, estimant qu'un scrutin par régions «escamote» le débat européen, «central» selon lui.
Marine Le Pen s'est également prononcée dimanche au Grand Jury RTL Le Figaro LCI pour une liste nationale car «les députés français au Parlement européen (...) sont là pour défendre les intérêts de la France».
Ayant récemment quitté le FN, l'eurodéputé Florian Philippot, président des Patriotes, a demandé vendredi à M. Macron que son parti soit «associé» aux consultations sur les élections européennes.
Absent également à l'Elysée dans l'attente de l'élection à la présidence de LR, Laurent Wauquiez a récemment jugé que M. Macron faisait «une profonde erreur» en opposant «la souveraineté française à la construction européenne».
Dans un entretien au Figaro paru la semaine dernière, il promeut une ligne souverainiste avec «l’union des États nations» en Europe, et souhaite que la France «prenne l’initiative d’un traité de refondation» de l’UE qui serait soumis à référendum.