Djibril Cissé, Mathieu Valbuena, Layvin Kurzawa : le footballeur-star attire la lumière, sur le terrain et en dehors, et aussi beaucoup de gens mal intentionnés, lorgnant sur ses revenus XXL.
Agents parfois peu recommandables, intermédiaires voraces à l'affût du moindre talent émergeant en centre de formation, nouveaux ou nouvelles ami(e)s intéressé(e)s, le «footeux» est devenu depuis l'avènement du sport-business l'objet de mille convoitises.
Mais ce n'est rien comparé aux «piranhas». Un terme employé par Karim Benzema dans une conversation téléphonique écoutée par la police dans le cadre de la fameuse «sextape» de Mathieu Valbuena. Le mot désigne ces maîtres-chanteurs, qui entendent exploiter à l'ère des réseaux sociaux et de l'hyper-médiatisation les moindres instants de faiblesse d'un crack du ballon rond.
Des «gens envieux»
Pour Valbuena, c'est une vidéo intime qui avait été subtilisée par un faux-ami sur son ordinateur. Layvin Kurzawa a lui été filmé à son insu dans un bar à chicha parisien en train de critiquer «crûment» - selon Europe 1 à l'origine de l'information - le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps. Dans quel but ? Lui extorquer près de 200.000 euros, selon des sources proches de l'enquête interrogées par l'AFP.
«Il y a des gens envieux qui ont envie de vivre une autre vie par procuration, de ramasser des miettes, de gratter le plus possible», expliquait à l'AFP Djibril Cissé, mis en examen dans l'affaire de la tentative de chantage à la sextape contre Mathieu Valbuena, et lui-même victime du même procédé dans un autre dossier en 2008.
Outre leur exposition médiatique, les footballeurs sont «dans un rapport de pouvoir énorme et très personnalisé avec l'entraîneur ou le sélectionneur, celui qui a le pouvoir de les faire jouer ou de les mettre de côté» et c'est ce qui permet au chantage de «bien marcher», expose le sociologue Frédéric Rasera.
«Les gens qui font cela savent très bien que si Deschamps (en vient à être) au courant, même (si le joueur piégé) peut dire ce qu'il veut après, cela va jouer sur les choix du sélectionneur, et peut même avoir ensuite des effets sur la carrière des joueurs», détaille-t-il à l'AFP.
Faire attention à ses propos
«Les joueurs peuvent devenir "paranos" ou en tout cas ne jamais parler de leur métier sous peine que les choses soient déformées. Si dans une soirée, parce qu'ils ont envie de rigoler ils vont chambrer un entraîneur, si c'est filmé, sorti de son contexte, ce qui était une blague va devenir une insulte alors que ce n'était pas le cas. Ils ont intérêt à faire attention à tout ce qu'ils disent», souligne encore M. Rasera, auteur de l'étude «Des footballeurs au travail» (2016, éditions Agone).
Difficile dès lors de réussir à faire le tri entre «vrais» amis, nécessaires pour encourager, réconforter, accompagner les joueurs professionnels, et ceux qui ont envie de «gratter» ...
Exemple, parmi tant d'autres, du joueur mal entouré : Florian Thauvin. Le jeune attaquant avait défrayé la chronique en 2013 au moment de rejoindre Marseille, via l'intermédiaire d'un vrai-faux agent, ancien boucher, surnommé «Tonton Adil». «Son "Tonton Adil" était censé payer l'assurance qui couvre tous les joueurs», racontait à l'AFP un bon connaisseur du club marseillais. «Mais on s'est aperçu qu'il gardait l'argent: il n'avait rien versé.»
Si certains footballeurs se font berner par de faux hommes de confiance, d'autres, comme Benzema, se retrouvent dans l'oeil du cyclone par la faute d'amis d'enfance. Karim Zenati, écroué dans l'affaire de la sextape de Valbuena avant d'être remis en liberté, c'est «comme un frère» expliquait Benzema. C'est pourtant par Zenati que les ennuis ont commencé pour l'attaquant du Real Madrid. Benzema a dit à la juge qui l'avait mis en examen que c'est au cours d'un déjeuner avec Zenati qu'il a appris l'existence de la «vidéo chaude» de son coéquipier en équipe de France. Via quelqu'un qui «connaît Karim (Zenati)» et qui s'est invité à leur table dans la capitale espagnole.
Depuis cet épisode, KB9 n'a plus été appelé en équipe de France... La victime Valbuena non plus d'ailleurs.