Joueurs absents, gradins dégarnis, arbitres contestés... L'Euro de basket, un monument du sport où ont brillé des générations de stars, a donné d'inquiétants signes de fragilité lors de son édition 2017, remportée par la Slovénie, dimanche à Istanbul.
Milos Teodosic, Giannis Antetokounmpo, Nikola Mirotic, Ersan Ilyasova, Rudy Gobert: il ne s'agit pas du cinq idéal distingué en Turquie, mais de quelques uns des forfaits les plus notables qui ont plombé le tournoi avant même qu'il ne commence.
Le phénomène n'est pas nouveau, mais il s'est amplifié cette année sous la pression de plus en plus forte des franchises de NBA, qui s'exerce jusqu'au cœur même de la compétition. Ainsi l'Espagnol Alex Abrines, légèrement touché à un tibia pendant un match, a dû plier bagages en plein tournoi sur l'injonction de l'Oklahoma City Thunder.
La Fiba a lâché du lest en décidant d'organiser l'Euro tous les quatre ans au lieu de deux. En conséquence, la prochaine édition aura lieu en 2021, dans un ou des lieux à déterminer, après deux étés consacrés au Mondial-2019 (en Chine), auquel la Fiba veut donner le maximum de lustre, et aux Jeux de Tokyo.
Pas de quoi motiver les joueurs, d'autant que, comme celui de 2017, il ne sera qualificatif pour aucune autre compétition puisque désormais les tickets sont distribués lors de «fenêtres internationales», à la manière du football.
Toujours le conflit Fiba-Euroligue
Celles du Mondial-2019 commenceront fin novembre et, ni les joueurs de NBA, ni ceux de l'Euroligue, engagée dans une guerre à mort avec la Fiba pour le contrôle des compétitions de club, n'y participeront.
L'Euroligue a aussi empêché ses arbitres d'officier à l'Euro, obligeant les organisateurs à aller en chercher d'autres aux quatre coins du monde. Leur autorité a été immédiatement et systématiquement contestée par les joueurs, qui ont pris le risque de dégrader l'image du basket par leurs jérémiades.
Malgré le système à quatre pays organisateurs (Turquie, Finlande, Roumanie, Israël), instaurée en 2015 pour qu'une équipe locale soit présente dans chaque poule, les affluences ont été très décevantes, surtout lors de la phase finale à Istanbul.
Le Sinan Erdem Dome n'a été rempli qu'entre le quart et la moitié de sa capacité (13.000 places) entre les huitièmes et les demi-finales (sauf pour un match de la Turquie). Heureusement, des milliers de Serbes et surtout de Slovènes ont sauvé la mise en débarquant au dernier moment pour la finale.
De beaux matches quand même
Certes, tout n'a pas été raté dans cet Euro. Il y a eu de beaux matches, notamment la finale disputée dans un ambiance enfin digne de l'événement. Le cinq idéal, avec en tête le Slovène Goran Dragic (MVP) et son jeune compatriote Luka Doncic, a de l'allure. Mais le discours officiel tenu lors de la conférence de presse de clôture est tout de même apparu d'un optimisme un peu forcé.
Le président de la Fiba Europe, le Turc Turgay Demirel, a ainsi estimé qu'il n'y avait «pas de danger» que l'Euro devienne une compétition de seconde zone, que l'absence des joueurs majeurs était due à «des circonstances individuelles» et que leur «volonté de jouer pour les équipes nationales n'était pas mise en doute.»
Au sujet des salles à moitié vides, le directeur général de la Fédération turque, Omer Onan, a évoqué l'élimination précoce de l'équipe locale, dès les huitièmes de finale, et «le contexte difficile de la sécurité à travers l'Europe».
Quant à l'arbitrage, le secrétaire général de la Fiba Europe Kamil Novak a assuré que les récriminations avaient été «plus nombreuses» en 2015.