Bibiana Steinhaus devient, ce dimanche à Berlin où le Hertha reçoit le Werder Brême, la première femme arbitre dans un grand championnat professionnel.
Suite à sa nomination, elle tient à mettre les choses au point : «J'arbitre parce que mes performances me le permettent, pas parce que je suis une femme. Ca fait une grosse différence».
«Je n'ai jamais fait cela dans un but d'émancipation. Je fais seulement ce que j'aime», poursuit cette fonctionnaire de police de 38 ans, qui tiendra le sifflet dimanche (13h30 GMT) pour cette rencontre comptant pour la troisième journée de Bundesliga.
«Mais si je suis un exemple pour beaucoup de jeunes filles, ou même une pionnière pour faire avancer l'égalité des droits, je m'en réjouis évidemment», admet-elle, bien consciente que ce match «normal» pour elle revêt aussi une dimension symbolique qui échappe à son contrôle.
Pas une surprise pour les joueurs
À ce jour, aucune femme n'a en effet dirigé un match de première division masculine dans une grande ligue européenne. Quelques femmes seulement ont été juges de touche, en France, en Italie et en Angleterre.
Pour les joueurs et entraîneurs d'Allemagne, son apparition à la sortie du tunnel ne sera pourtant pas une surprise. La plupart d'entre eux ont eu l'occasion de la voir à l'oeuvre en deuxième division, où elle a dirigé 80 matches, et d'apprécier sa gestion du jeu fondée sur le dialogue, la connivence et le respect mutuel.
«Elle a conquis le droit d'arbitrer en première division par ses performances», a noté l'entraîneur de Brême Alexander Nouri : «Et en fin de compte, seule compte la performance, qu'on soit homme ou femme». «Quand quelqu'un arbitre aussi bien, qu'il soit un homme ou une femme ne fait aucune différence», lui a fait écho son homologue de Berlin Pal Dardai, «je lui souhaite un bon match».
La blague de Ribéry
«Quel titre voudriez-vous lire dans la presse au lendemain de votre match ?», a demandé un journaliste à Mme Steinhaus: «Aucun, ça voudrait dire que tout s'est bien passé», a-t-elle répliqué.
Compte tenu de l'intérêt que suscite son premier match, elle a peu de chances d'être exaucée. D'autant que, pour sa grande première, la Fédération allemande lui a offert l'écrin prestigieux du stade Olympique de Berlin, avec ses 50.000 spectateurs.
Le Hertha a de son côté émis 500 billets à mi-tarif réservés aux spectatrices. «Nous voulons offrir à toutes les femmes la chance de vivre ce moment historique», indique le club sur son site internet.
Début août, Mme Steinhaus a déjà fait connaissance avec des joueurs de classe mondiale, en arbitrant le Bayern Munich en coupe contre Chemnitz, une équipe de troisième division (5-0).
Franck Ribéry, célèbre pour ses facéties, en a profité pour lui dénouer un lacet, alors qu'il posait la balle pour un coup franc. L'arbitre a souri et donné une bourrade au Français. «J'ai interprété ça comme un geste de bienvenue, je n'ai pas eu l'impression qu'il avait une arrière pensée», a-t-elle dit.
Il est vrai qu'à 38 ans, cette athlète d'1,81 m qui avait commencé sa carrière sportive par la natation possède une expérience du très haut niveau que pourraient lui envier la plupart de ses collègues de Bundesliga. Son palmarès est riche des trois plus prestigieuses finales du foot féminin : Coupe du monde, jeux Olympiques et Ligue des champions.