Il est sorti du silence : soupçonné de favoritisme à l'endroit du club de Montpellier, le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte a nié mardi soir ces accusations, qui ont entraîné selon la presse la démission d'une quatrième personne affiliée à l'institution.
Le 30 juin, la commission d'appel fédérale a réduit des sanctions prononcées en première instance par la commission de discipline de la Ligue nationale de rugby (LNR) à l'encontre de Montpellier. Le président de ce club, Mohed Altrad, avait signé un contrat d'image avec Bernard Laporte pour un montant de 150.000 euros, auquel ce dernier, face à la polémique, a finalement renoncé lundi.
Mohed Altrad, à la tête d'un groupe de matériel pour le BTP, est aussi devenu fin mars le premier partenaire maillot du XV de France.
Selon le JDD daté de dimanche, la veille (le 29 juin), la commission d'appel fédérale avait pourtant confirmé le jugement de première instance.
Entre-temps, Bernard Laporte serait intervenu pour faire modifier cette décision. C'est ce qu'affirme, dans une lettre adressée au président de la commission fédérale Jean-Daniel Simonet et publiée par le JDD, Philippe Peyramaure, l'un des trois membres de la commission présents lors de la séance du 29 juin. Ce dernier a depuis démissionné.
«J’ai donné un éclairage politique après une crise grave avec le rugby professionnel qui nous avait menés devant le Conseil d’Etat» a déclaré Laporte au parisien.fr, pour sa première prise de parole depuis la révélation de l'affaire.
L'ancien sélectionneur du XV de France (2000-2007) et secrétaire d'Etat aux Sports (2007-2009) évoque ainsi l'opposition de Montpellier et de la FFR à la décision de la Ligue nationale de rugby (LNR) de reporter le match Montpellier-Racing 92 après l'affaire de la fusion avortée Racing-Stade Français. Cette crise qui s'était terminée devant le Conseil d'Etat.
«Le temps était à l’apaisement. J’ai appelé M. Simonet pour porter à sa connaissance ces événements afin qu'il en tienne compte dans sa décision, dans le respect de l'indépendance de la commission d’appel» a ajouté Laporte.
Laporte dénonce une instrumentalisation
M. Simonet a fait savoir plus tôt dans un communiqué que la décision prise le 30 juin avait été «rendue librement dans sa formation collégiale en vertu des règlements généraux qui s'imposent à elle et (que) la sanction infligée au club professionnel de Montpellier est conforme à la jurisprudence (...)».
Il décidera mercredi, jour de réunion de la commission, à Marcoussis (Essonne) au siège de la FFR, de rester ou non à son poste, a-t-on appris auprès de l'un de ses membres, qui siégera mercredi.
«Il a dit qu'il prendrait une décision. Et nous a demandé (aux présents mercredi, NDLR) de faire de même» a expliqué ce membre, qui souhaite garder l'anonymat. Selon lequipe.fr mardi soir, un quatrième membre de la commission fédérale, Vincent Chaumet-Riffaud, a démissionné à la suite de cette affaire.
Par ailleurs, selon Bernard Laporte, M. Peyramaure est «instrumentalisé» par "des gens qui ne supportent pas» de le voir à la présidence de la FFR.
Bernard Laporte a également exclu de démissionner : «J'irai au bout de mes réformes, dans l’intérêt du rugby amateur et de l’équipe de France, même si cela dérange».
«Il faudra trancher»
Interrogée sur cette affaire, la ministre des Sports, Laura Flessel, avait indiqué mardi être «en pleine réflexion» sur le cas Laporte. «Mon cabinet a parlé avec lui, il a soumis des dossiers, on est en pleine réflexion (...) On attend d'autres retours d'informations et après il faudra trancher» a-t-elle précisé au micro de France Bleu.
Interrogée un peu plus tard sur BFM Sports, elle a indiqué qu'elle se prononcerait «d'ici quelques jours».
L'ancienne épéiste a également affirmé que la candidature de la France à la Coupe du monde de rugby 2023 se ferait «avec ou sans Bernard Laporte». Ce dernier regrette enfin, «avec le recul», d'avoir signé un contrat d'image avec Mohed Altrad, mais assure n'avoir «rien dissimulé».