Ainsi la légende du sprint Usain Bolt, pour le dernier meeting de son inimitable carrière, a remporté vendredi soir le 100 m de Monaco, en 9.95, avalant de sa foulée de sept lieues ses adversaires dans les derniers mètres.
Le détenteur du record du monde de la perche (6,16 m) Renaud Lavillenie s'est arrêté à 5,72 m. Le champion olympique 2012, qui a enregistré une quatrième défaite en cinq compétitions, n'a pourtant pas versé dans le pessimisme en vue de Londres.
Pour la première fois sous les 10 secondes cette saison, après deux sorties en juin en-deçà de son standing, chez lui à Kingston (10.03) puis à Ostrava (10.06), le roi Bolt a donc remis les aiguilles du chronomètre à sa mesure pour un 51e chrono sous les 10 secondes.
Au bout de la ligne droite du stade Louis-II, il a devancé l'Américain Isiah Young (9.98) et le Sud-Africain Akani Simbine (10.02).
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Je vous mets le dernière 100m de #bolt #MonacoDL pic.twitter.com/KIsEBLVvBC https://t.co/l8VC6UINAq— Valentin Verdier (@valentin10) 21 juillet 2017
L'octuple champion olympique, qui a fixé son terminus lors des Mondiaux de Londres (4 au 13 août), où il disputera les 100m et 4x100m, a surmonté, une fois encore, un départ laborieux pour lâcher les chevaux dans le dernier tiers de la course.
Sur la bonne voie
«Je suis satisfait puisque j'ai gagné et en plus avec un bon chrono, sous les dix secondes. Je suis dans la bonne direction en vue des Mondiaux. Je reste invaincu et ça dure depuis 2013, c'est important, mais moins que de gagner le 100m à Londres», a souligné Bolt, onze fois en or aux Mondiaux.
«Je serai triste quand tout sera fini, mais, pour l'instant, je suis très excité par ce dernier défi. Ce soir, j'ai reçu un super soutien du public, il y avait de la bonne musique, et même des pom-pom girls, c'est cool ! Comment j'ai fait pour ne pas craquer et verser une larme ? C'est dur d'être triste quand on reçoit une telle énergie», a ajouté la légende du sprint.
Il y a deux jours, le roi avait désarçonné les sceptiques, annonçant qu'il avait progressé et n'envisageait pas la défaite. La dernière remontait au meeting de Rome en 2013, face à l'Américain Justin Gatlin, qu'il avait puni quelques semaines plus tard aux Mondiaux de Moscou.
Au départ, pour ne rien perdre du couloir 4 où s'était agenouillé le géant, les spectateurs se sont levés avec leurs portables à bout de bras. Les empereurs romains baissaient le pouce pour signifier la condamnation des gladiateurs.
Mais Bolt n'a pas mordu la poussière. Et, quand le feu d'artifice des performances s'est éteint, il a reçu l'hommage d'un stade et du prince régnant Albert-II, qui lui a remis une coupe pour l'ensemble de sa carrière.
Puis Bolt, bon enfant, s'est mis à danser avec les pom-pom girls sur la piste ocre monégasque qu'il n'avait foulée qu'une seule fois avant cette ultime représentation. Après le feu d'artifice, les spectateurs sont descendus en famille dans l'arène pour emboiter leurs pas mortels dans la foulée du géant.
Pourtant, loin de son record du monde (9.58 aux Mondiaux 2009 à Berlin), Bolt reste Bolt, celui qui a cannibalisé l'athlétisme depuis les Jeux de Pékin-2008.
Le grand plan
La preuve : ni la victoire du Sud-Africain Wayde Van Niekerk, l'héritier désigné, sur le tour de piste (43.73), ni cinq meilleures performances mondiales n'ont détourné l'attention.
«Je me sens en grande forme et cette victoire, venant après celle de Lausanne (43.62), me donne beaucoup de confiance», a souligné le détenteur du record du monde (43.03). «Je suis prêt pour le grand plan (doublé 200/400 m à Londres)», a-t-il ajouté.
Le demi-fond est resté le domaine des Kényans Elijah Manangoi, vainqueur du 1500 m (3 min 28.80) en l'absence de son compatriote et triple champion du monde Asbel Kiprop, Emmanuel Korir sur 800 m (1 min 43.10) et Hellen Obiri (8 min 23.14 au 3000 m) ont pris date pour Londres.
Le continent noir s'est d'ailleurs taillé la part du lion. La Sud-Africaine Caster Semenya est restée pour sa part maître du double tour de piste au féminin (1 min 55.27/MPM). «J'ai démontré ma force et mes adversaires m'ont surprises en me poussant. Cela a été un rude combat jusqu'à la fin», a remarqué Semenya, double championne olympique.
La Russe Mariya Lasistkene-Kuchina, légère comme un papillon, a poursuivi son vol en franchissant 2,05 m en hauteur.