Pour relancer sa carrière vacillante, Novak Djokovic a fait appel à un ancien ressuscité, Andre Agassi, l'ancien grand champion américain qui avait su remonter du fond du trou à la fin des années 1990 pour récupérer la première place mondiale.
À côté des malheurs qu'Agassi a raconté dans son autobiographie «Open» - problèmes de drogue, divorce, contrôle positif (classé sans suite par l'ATP), chute à la 140e place mondiale en octobre 1997 - les problèmes de motivation du Serbe semblent bien peu de choses. Or, après quatre ans sans succès majeur, l'Américain avait gagné Roland-Garros en 1999, à l'âge de 29 ans, et quatre autres Grands Chelems par la suite, pour porter son total à huit.
Évidemment, le Serbe, toujours N.2 mondial et heureux père de famille, n'a pas souligné cet aspect des choses lors de la conférence de presse donnée dimanche après sa défaite en finale du tournoi de Rome contre l'espoir allemand Alexander Zverev. Il s'est contenté de dire que son futur mentor était «passé par tout ce qu'il traverse lui-même».
En choisissant Agassi, 47 ans, Novak Djokovic s'est allié à «une légende». «Il a laissé sa marque pour toujours, il a gagné tout ce qu'on pouvait gagner et il a été un joueur révolutionnaire par son charisme. Il avait une approche du tennis différente des autres, c'est en cela qu'il était intéressant. C'est aussi un homme attaché aux valeurs familiales, aux œuvres philanthropiques, quelqu'un de très humble, d'une grande éducation, qui peut m'apporter beaucoup sur le court et en dehors», a-t-il expliqué.
Période d'essai
Les deux hommes ne se sont pas mis d'accord sur une collaboration à long terme mais seulement pour une période d'essai, pendant Roland-Garros (22 mai-11 juin), afin de «voir ce que l'avenir réserve».
«J'ai discuté avec Andre au téléphone ces deux dernières semaines et nous avons décidé de nous réunir à Paris. Nous sommes impatients de travailler ensemble et de voir où cela nous mènera. Nous ne nous sommes pas engagés à long terme. Il s'agit d'apprendre à nous connaître. Il ne restera pas tout le tournoi, seulement un certain temps, et ensuite nous verrons», a-t-il déclaré.
Début mai, Djokovic, 30 ans, avait annoncé qu'il se séparait de l'ensemble de son staff, son entraîneur Marian Vajda, mais aussi son préparateur physique et son kinésithérapeute, des gens avec qui il travaillait parfois depuis plus de dix ans.
Provoquer un «électrochoc»
L'objectif : provoquer un «électrochoc» pour mettre fin au déclin de ses résultats. Après le sommet atteint à Roland-Garros, où il a parachevé son «Grand Chelem en carrière», il s'est engagé sur une mauvaise pente, perdant ses titres à Wimbledon, à l'US Open, au Masters et à l'Open d'Australie, ainsi que la première place mondiale au profit d'Andy Murray. Si sa préparation pour Roland-Garros s'est terminée par une finale à Rome, sa nette défaite (6-4, 6-3) contre le jeune Zverev, 20 ans, n'a pas levé tous les doutes.
Agassi, marié depuis plus de quinze ans à Steffi Graf, l'ancien championne allemande, avec laquelle il a eu deux enfants, s'était tenu à l'écart du circuit depuis sa retraite sportive en 2006. «Mais en parlant avec lui j'ai pu me rendre compte qu'il suivait les matchs de très près», a assuré son nouveau poulain.
Djokovic avait déjà travaillé avec un grand champion du passé, et adversaire d'Agassi, l'Allemand Boris Becker, mais leur relation s'était terminée dans l'aigreur en décembre dernier. «Boum boum» avait ensuite donné son explication du recul de son ex-poulain : il ne s'entraînait plus assez.