Révélation de la saison passée après une éclosion tardive, l'ailier limougeaud Nobel Boungou Colo, finaliste du trophée de MVP français à 26 ans, va disputer un match 3 décisif contre Strasbourg, jeudi en finale de Pro A.
Tout n'a pas été rose pour Boungou Colo avant cette saison exceptionnelle à 15,1 points et 5,1 rebonds de moyenne, couronnée par une finale de Pro A, jusque-là menée de mains de maître par Limoges, qui a remporté les deux premiers matches.
D'un point de vue plus personnel, la saison du natif de Brazzaville a été marquée par une place de finaliste pour le titre de MVP français (finalement remporté par le Strasbourgeois Antoine Diot), mais surtout par une convocation dans la liste des 24 Bleus appelés à préparer la Coupe du monde, cet été en Espagne.
"C'était le moment pour moi de montrer mon niveau", sourit le futur international.
Arrivé de République du Congo à 12 ans avec ses parents, Boungou Colo s'est mis au basket sur le tard, à 15 ans, abandonnant sa première passion, le foot. La famille déménage ensuite à Vendôme, lui passe des tests à Blois (4e division), à 18 ans.
L'ailier est ensuite repéré par Orléans et intègre le centre de formation. C'est là que le chemin de croix commence pour le jeune basketteur, qui n'avait jamais approché le monde professionnel.
"Mon apprentissage s'est fait dans la dureté, j'ai dû me forger un caractère, explique-t-il. Au premier entraînement à Orléans, j'ai pleuré, je me suis dit: +Je rentre chez moi.+ Coach (Philippe) Hervé m'est rentré dedans mais je ne connaissais rien à ce qu'il me demandait!"
"Orléans m'a donné ma chance, continue l'ailier. Ils ne m'ont pas gardé parce que le coach misait sur d'autres jeunes. Moi, j'étais le plus vieux. L'année où je finis mon contrat Espoir, Orléans est finaliste du championnat et va jouer l'Euroleague la saison suivante."
Non conservé, Boungou Colo va tenter sa chance à Hyères-Toulon, Le Mans puis Limoges, en Pro B. Sa rencontre avec l'entraîneur grec Panagiotis Giannakis va alors tout changer.
- 'Il m'a fait craqué' -
"Ma progression s'explique surtout grâce à mon grand coach la saison dernière, apprécie-t-il. Il m'a donné des minutes de jeu, il m'a mis sur le terrain dans les moments chauds. C'était déterminant. Il a misé sur moi et il me l'a dit."
Mais là encore, sa montée en puissance ne s'est pas fait dans le feutré.
"Il (Giannakis) m'a fait craqué à l'entraînement, se souvient-il. Il m'a appris à me contrôler, à jouer sur les appuis. C'était sa façon de jouer et pas une autre. Il m'a appris à jouer juste."
Bref, à canaliser son fougueux tempérament. Interrogé sur son fort caractère sur les parquets, sa marque de fabrique, le Limougeaud reconnaît juste un "c'est vrai" du bout des lèvres. Mais son admiration pour le bouillant et génial attaquant italien Mario Balottelli en dit beaucoup.
"C'est un très bon joueur, insiste le basketteur. Je l'aime bien. C'est tout le +package+. Il est un peu fou, incompris, mais sur le terrain, personne ne peut dire qu'il ne fait pas ce qu'il faut."
Mais, Boungou Colo sait qu'il ne peut pas rester dans son rôle de "showman". Il est l'un des anciens au sein du CSP et a conscience qu'il doit maintenant prendre une autre dimension, celle de cadre.
"Je laisse encore les plus vieux prendre la parole, comme JK Edwards, déclare-t-il. Le coach (Jean-Marc Dupraz) essaie de me forcer à prendre plus la parole."
Tout simplement, "à devenir un cadre".