A 29 ans, Joakim Noah est devenu le premier Français à être élu meilleur défenseur de NBA, l'un des trophées les plus prestigieux qui le rapproche encore un peu plus de Michael Jordan et d'autres légendes.
Son sacre était pressenti depuis plusieurs semaines, mais l'ampleur de sa victoire est à l'image de sa présence sur les parquets de NBA: étouffante et exubérante.
Le pivot français, deuxième étranger sacré consécutivement à ce poste après l'Espagnol Marc Gasol (Memphis) l'an passé, a reçu 555 points sur 1125 possibles et a été placé en première position par 100 des 125 journalistes spécialisés consultés.
Il a surtout totalisé près du double des points de ses dauphins réunis, Roy Hibbert (Indiana), deuxième (166 pts), et DeAndre Jordan (Los Angeles Clippers), troisième (121 pts).
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Dans l'histoire des Chicago Bulls, seul Michael Jordan avait remporté ce trophée de "Defensive Player of the Year", en 1988. Le géant franco-américain (2,15 m) fait désormais partie d'un cercle prestigieux fréquenté par "M.J.", Hakeem Olajuwon, Dikembe Mutombo, Alonzo Mourning, David Robinson ou Dwight Howard.
Cette distinction est logique, car Noah, surnommé plus jeune "le bâton de colle collant" tant il ne lâchait jamais son adversaire direct, réalise de loin la meilleure saison de sa carrière NBA, débutée en 2007, déjà à Chicago.
- 46 "double-double" -
Ses statistiques sont affolantes avec 12,6 points, 11,3 rebonds et 5,4 passes par match de saison régulière, sans oublier 1,51 contre et 1,24 ballon volé.
Ces chiffres -auxquels on peut ajouter ses 80 matches de saison régulière sur 82 et ses 46 "double-double" (deux catégories de statistiques à plus de dix unités)- ne disent toutefois pas la nouvelle dimension prise par le fils de l'ancien joueur de tennis Yannick Noah.
Dans une ville encore fortement marquée par l'ère Michael Jordan, Noah, volontiers chambreur avec ses adversaires et toujours capable de coups de sang comme d'insulter un arbitre, a redonné espoir à Chicago.
Le style des Bulls 2013-14 est certes plus défensif et moins spectaculaire que celui de la période dorée (six titres entre 1991 et 1998), mais Noah et les siens sont devenus l'une des équipes les plus redoutées de NBA, car ils sont imprévisibles.
"Il progresse saison après saison. Ce trophée récompense sa volonté et sa détermination, car il a progressé dans tous les domaines y compris en matière de +leadership+ et de professionnalisme", a résumé son entraîneur Tom Thibodeau
En l'absence de la star Derrick Rose, encore blessé, Noah, dont l'image en France est brouillée par son désintérêt pour l'équipe nationale, est devenu le patron des Bulls.
Ce qui remplit de fierté son père, présent lors de la remise du trophée.
- Mentor décédé -
"Même si la NBA était le rêve de Joakim, je ne pensais pas qu'il pouvait y arriver. On disait de lui qu'il était trop frêle et qu'il ne savait pas +shooter+, mais il m'a, il nous a impressionnés", a expliqué au Chicago Tribune le dernier Français vainqueur de Roland Garros, en 1983
Noah-fils, dont le palmarès compte deux titres NCAA avec l'université de Floride et deux participations au All-Star Game, a bien sûr remercié ses parents, ses coéquipiers, son entraîneur, mais il a surtout mis en avant son mentor, Tyrone Green, décédé brutalement à 63 ans la semaine dernière.
"Il a toujours cru en moi, je n'aurais pas réussi cette carrière sans M. Green", a-t-il expliqué à propos de cet entraîneur qui le faisait travailler chaque été à New York où il vivait avec sa mère, l'ancienne mannequin suédoise Cecilia Rodhe.
Sa récolte de trophée n'est peut-être pas terminée: il pourrait être inclu dans l'équipe-type de l'année.
Le titre NBA, en revanche, semble inaccessible à des Bulls qui ont perdu leur premier match du 1er tour contre Toronto. Mais il faut s'attendre à tout avec Noah, même à l'impossible.