Jean-Claude Killy, qui a annoncé vendredi sa démission du CIO, tire un trait sur cinquante ans d'olympisme, dont le point final fut son rôle controversé lors des JO de Sotchi.
"J’ai 70 ans, il faut que je bouge". En quelques mots, lancés à L'Equipe magazine à paraître samedi, Jean-Claude Killy clôt une longue histoire avec le monde olympique, entamée sur les skis aux JO d'Innsbruck, en 1964.
L'ancienne gloire du ski français, admis comme membre du Comité international olympique en 1995, s'en va quelques semaines après la fin des Jeux de Sotchi dont il présida la commission de coordination, alors qu'il avait encore dix ans avant d'être concerné par la limite d'âge.
L'icône de la France des années de Gaulle fut un thuriféraire des JO ("les meilleurs de l'histoire" côté hiver) et de Vladimir Poutine, qualifiant Sotchi de "ville miroir de ce que les Russes appellent eux-mêmes la nouvelle Russie" et son président d'"ami". Des jugements qui ternirent son image, alors que la Russie a dépensé des milliards pour accueillir les Jeux et a annexé la Crimée à peine fini les Paralympiques.
"Mon image en a pris un coup ? Ce n’est pas grand-chose (…). J’ai passé sept ans à travailler en direct avec le chef d’un Etat de 145 millions d’habitants. Je dois être l’un de ceux qui le connaissent le mieux. J’ai la conviction que Poutine est un homme bien", dit-il dans l'entretien à au magazine français, dont des extraits sont publiés sur le site du journal.
En fait, ces Jeux de Sotchi ont constitué un dernier sommet dans la carrière de Jean-Claude Killy, qui avait co-présidé avec Michel Barnier les Jeux d'hiver d'Albertville en 1992, les derniers ayant eu lieu en France.
- Turin avant Sotchi -
"J’arrête parce que, avec les Jeux d’hiver de Sotchi, quand on a fait comme moi la campagne de Russie pendant sept ans, il est difficile de trouver, à mon âge, quelque chose d’autre d’aussi riche, d’aussi excitant. J’arrête parce que mon olympisme a commencé aux Jeux d’Innsbruck (1964) il y a cinquante ans, j’étais skieur. Un demi-siècle juste, dont presque vingt ans passés au CIO."
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Avant ceux de Sotchi, il avait déjà présidé la commission de coordination des Jeux de Turin en 2006. Durant ses 20 ans au CIO, il participa au Comité de réforme de l'instance, au bord de l'implosion en 1999 après le scandale de corruption lié à l'attribution des Jeux de Salt Lake City de 2002.
Dirigeant de premier rang, Jean-Claude Killy fut d'abord un acteur des JO, notamment en 1968. Dans la brume de Chamrousse, au-dessus de Grenoble, il décrocha trois médailles d'or (descente, géant, slalom).
Dans la foulée, il mit un terme à sa carrière de skieur, pour devenir un homme d'affaire prospère, profitant de son image de jeune premier pour collaborer avec de nombreuses multinationales. Il en a conservé quelques unes, et siège notamment au conseil d'administration de l'horloger de luxe suisse Rolex.
Depuis longtemps, il a trouvé refuge en Suisse, où il réside à Cologny, une banlieue ultra chic de Genève.
"Jean-Claude Killy a pour coutume de rappeler que l’Olympisme appartient à ceux qui l’aiment. Nul mieux que lui ne saurait illustrer cette affirmation", a souligné le président du Comité national olympique et sportif français, Denis Masseglia.
Sans lui, la France n'a plus que deux membres au CIO, Guy Drut et Tony Estanguet, champions olympiques comme lui.