Troisième Française de l'ère open à s'imposer en Grand Chelem, Marion Bartoli a créé une double énorme surprise en 2013 en devenant la reine de Wimbledon avant de prendre sa retraite sportive.
Le 6 juillet, six ans après sa première finale perdue face à Venus Williams sur le gazon anglais, l'Auvergnate décrochait à 28 ans le précieux plateau d'argent en écrasant l'Allemande Sabine Lisicki 6-1, 6-4 sur un court central baigné de soleil.
Conclue sur un ace, cette finale, sa seule et unique remportée dans un majeur, venait boucler une quinzaine quasi irréelle où elle n'avait pas concédé le moindre set et surtout rencontré aucune joueuse du Top 15.
"Même dans mes plus beaux rêves, je n'aurais pas songé à un moment aussi parfait", dira Marion Bartoli au sujet de ce sacre inattendu.
Avant elle, Mary Pierce, victorieuse en 1995 à l'Open d'Australie et en 2000 à Roland-Garros, puis Amélie Mauresmo en 2006 à l'Open d'Australie et à Wimbledon, étaient les seules Françaises à s'être imposées en Grand Chelem depuis 1968 et le début de l'ère open.
Une telle consécration, Bartoli en rêvait "depuis l'âge de six ans". Loin d'être la plus douée du circuit, handicapée par un physique qu'elle qualifiait elle-même de commun, l'ex-N.1 Française et N.7 mondiale avait dû travailler sans relâche et faire "plus de sacrifices que les autres".
Conte de fées
En cela, sa victoire au All England Club tient à la fois de la récompense et du conte de fées. Car personne, surtout pas les parieurs qui la donnaient gagnante à 125 contre 1, ne l'imaginaient réussir une telle prouesse.
Arrivée en catimini à Londres, malade et avec une douleur à une cheville, dans la foulée d'un début de saison décevant, l'Auvergnate avait franchi les premiers tours dans un anonymat total. Au fil de la compétition, elle tirait cependant profit d'un tirage favorable et de l'hécatombe des favorites pour remporter ce tournoi prestigieux sans rencontrer une seule vedette de la WTA.
Sur le sentier de la gloire, elle a ainsi battu successivement la 82e, la 70e, la 93e, la 104e, la 17e, la 20e et la 24e mondiales.
Ce succès en forme d'apothéose avait suscité des espoirs dans le secteur féminin du tennis français, souvent raillé pour ses piètres résultats, en particulier en Fed Cup. A l'issue des internationaux de Grande-Bretagne, on s'interrogeait sur la capacité de Marion Bartoli à remporter une deuxième titre du Grand Chelem.
"Soulever ce trophée a longtemps été impensable. C'est un rêve qui est devenu réalité. J'espère revenir l'an prochain", avait lancé la Française aux spectateurs en recevant le trophée de Wimbledon.
Il n'y aura a priori pas d'autre fois. Usée par ses treize années sur le circuit, Bartoli décidait, un mois et demi plus tard, au sortir d'une défaite contre la Roumaine Simona Halep (3-6, 6-4, 6-1) au deuxième tour du tournoi WTA de Cincinnati, de mettre un terme à sa carrière.
"J'ai senti que j'avais épuisé toute l'énergie restante dans mon corps. J'ai réalisé mon rêve et ça restera avec moi pour toujours, mais maintenant mon corps n'arrive plus à tout supporter", avait-elle expliqué, prenant une fois encore, tout le monde à contre-pied.