Le Français Teddy Tamgho a réalisé la performance de la dernière journée des Mondiaux d'athlétisme avec un triple saut à 18,04 m, du jamais vu depuis 17 ans, tandis qu'Usain Bolt a réalisé le triplé grâce au relais 4x100, dimanche à Moscou.
En quelques foulées et trois sauts volants, Tamgho a ressuscité les grandes heures d'une discipline, le triple saut, orphelin depuis près de 17 ans, d'athlètes à ce niveau.
Avec 18,04 m, Tamgho rejoint le club fermé des athlètes au-dessus de cette barre mythique, derrière le Goëland britannique Jonathan Edwards, recordman du monde (18,29 m), et l'Américain Kenny Harrison, champion olympique à Atlanta (18,09 m).
Cela fait 17 ans, depuis le concours victorieux de Harrison aux JO américains, qu'un triple sauteur n'avait plus sauté aussi loin.
"Ca été très, très dur. J'étais tellement stressé, je n'ai jamais eu autant de pression… Ça fait deux ans que j'attends cette compétition, je regardais ma mère tout le temps et elle commençait à s'inquiéter", a commenté le Français.
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A l'image de ces Mondiaux où aucun record du monde n'a été battu, Usain Bolt s'est contenté de conduire la Jamaïque vers un nouveau triomphe sur relais 4x100 m en 37 sec 36/100e, à une demi-seconde de leur record du monde.
Mais la superstar du sprint mondial a réussi son pari. Le voici désormais nanti d'un nouveau triplé lors d'une même édition, comme en 2009, et surtout de huit médailles d'or mondiales en championnats du monde.
Il rejoint donc en tant qu'athlète le plus titré de l'histoire aux Mondiaux les Américains Allyson Felix, Michael Johnson et Carl Lewis, son meilleur critique.
"Qui est le meilleur entre Lewis et moi ? Je n'en sais rien, et ce n'est pas à moi de le dire", a commenté Bolt, "fatigué" après ces Mondiaux.
"Ca a été bien plus dur encore qu'après les JO. Ca devient de plus en plus dur", a-t-il ajouté, comme en écho la veille à ses propos après son 3e titre consécutif sur 200 m: "Je vieillis".
Sa compatriote Shelly-Ann Fraser-Pryce peut elle aussi bomber le torse. Avec la victoire du relais 4x100 m, elle repart également avec trois médailles d'or comme Bolt, une première dans l'histoire du sprint féminin.
Pour les hôtes russes, les Mondiaux s'achèvent sur une note positive, avec la première place au tableau des médailles, avec leurs sept titres.
Dimanche pourtant, c'est le Kenya qui a été à l'honneur avec les succès d'Asbel Kiprop sur le 1500 m et de sa compatriote Eunice Sum sur 800.
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Kiprop conserve ainsi son titre en 3 min 36 sec 28/100e, devant l'Américain Matthew Centrowitz (3:36.78) et le Sud-Africain Johan Cronje (3:36.83). Il a surtout transformé la dernière ligne en sprint monstrueux, pour se détacher inéxorablement.
La Kenyane Eunice Sum s'est elle imposée en 1 min 57 sec 38/100e, privant la Russe Mariya Savinova (1:57.80), tenante du titre, d'un triomphe à domicile. C'est l'Américaine Brenda Martinez (1:57.91) qui a décroché le bronze.
Comme Savinova, sa compatriote Maria Abamukova n'a pu pleinement paradé au Luzhiniki. La favorite du javelot (65,09 m) a subi la loi de l'Allemande Christina Obergföll (69,05 m), qui remporte son premier grand succès à 31 ans, devant l'Australienne Kimberley Mickle (66,60 m).
Un an après les Jeux, ces Mondiaux ont montré des héros fatigués. 2014 doit leur permettre de recharger les batteries, avec aucun rendez-vous planétaire au programme, hormis la première édition des championnats du monde de relais, aux Bahamas début mai.
C'est plutôt vers Pékin, en 2015 pour les prochains Mondiaux, qu'il faudra scruter les forces en présence. Il ne restera plus, alors, qu'un an seulement avant les Jeux de Rio: le temps passe vite pour qui sait viser loin.