Mahiédine Mekhissi a assumé son statut de valeur sûre de l'athlétisme français en lui apportant une médaille de bronze sur 3000 m steeple, la 3e de la délégation, lors d'une soirée où la hauteur hommes a fait le show, jeudi aux Mondiaux de Moscou.
Il a tout tenté, s'est accroché jusqu'au bout, mais n'a pu faire tomber le Kényan Ezekiel Kemboi, la légende du 3000 m steeple.
Ce diable de petit homme, que Philippe Dupont, entraîneur de Mekhissi, présente à raison comme "le Bolt du steeple" a de nouveau fait étalage de sa classe, à 31 ans passés, pour décrocher son 3e titre mondial consécutif en 8 min 06 sec 01/100e.
A la bagarre encore avec lui au dernier franchissement de la rivière, le Français n'a pu maintenir le rythme, s'avouant également vaincu par - désespérante pensée - le probable successeur de Kemboi, le prodige Conseslus Kipruto, 18 ans et demi (2e en 8:06.37 contre 8:07.86 au Français).
"C'est frustrant, quand on court c'est pour gagner, mais mon regret c'est surtout de n'avoir pas assuré la 2e place. Je me suis crispé quand Kemboi a accéléré et Kipruto m'a passé et je l'ai laissé faire. Mais je suis satisfait et fier d'avoir une 4e médaille dans des grands championnats depuis 2008", a commenté Mekhissi.
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Kemboi, roi de la planète steeple
Après deux médailles d'argent aux jeux Olympiques 2008 et 2012, le voici donc nanti de deux médailles de bronze (2011, 2013), heureux d'avoir assumé son statut.
"J'ai beaucoup de pression, ce n'est pas facile tous les jours mais quand j'ai le maillot de l'équipe de France j'essaie de représenter au mieux l'équipe", a-t-il ajouté.
Kemboi lui, continue de rayonner sur la planète steeple. Depuis 2003, il a systématiquement pris place sur le podium mondial de la discipline. D'abord en éternel dauphin (argent en 2003, 2005 et 2007), ensuite en conquérant impitoyable, avec désormais trois titres consécutifs (2009, 2011, 2013) auxquels il faut ajouter deux titres olympiques (2004 et 2012).
Autant de trophées que l'Ukrainien Bohdan Bondarenko espère bien conquérir un jour.
Pour le moment, il a déjà accroché un premier titre mondial à son escarcelle à la hauteur, grâce à 2,41 m franchis au 2e essai.
Il a ensuite fait le show en tentant par trois fois de battre le vieux record du monde du Cubain Javier Sotomayor (2,45 en 1993), avec 2,46 m qu'il ratera par trois fois, sans être ridicule.
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C'est la 3e fois cette saison que le fantasque Bondarenko s'attaque à ce record mythique, longtemps enseveli sous les poussières du temps. A Londres, il avait même tenté... 2,47 m, parce que ce chiffre correspond au digicode de son appartement.
"Battre le record du monde un jour"
"J'ai zappé la barre à 2,38 m parce que j'avais mal à un pied. C'était un peu aventureux. C'est une blessure qui m'embête depuis longtemps et qui m'avait laissé tranquille depuis le début de saison. Je ne sais pas si je pourrai encore sauter cette saison. Je me suis battu contre les barres aujourd'hui, pas contre mes adversaires. J'espère toujours pouvoir battre le record du monde un jour", a commenté l'Ukrainien dégingandé de bientôt 24 ans.
La soirée a également vu un finish de feu sur le 400 m haies messieurs, avec la victoire pour un centième de seconde du Trinidadien Jehue Gordon (47. 69) devant l'Américain Michael Tinsley (47.70) et le Serbe Emir Bekric (48.05).
Le Dominicain Felix Sanchez, double champion olympique et deux fois en or aux Mondiaux (2001/2003), a pris la 5e place (48.22) à près de 36 ans.
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Chez les femmes, la Tchèque Zuzana Hejnova a confirmé sa domination saisonnière en 52 sec 83/100e (meilleure performance mondiale de la saison), devant les Américaines Dalilah Muhammad (54.09) et Lashinda Demus (54.27).
Au triple saut, la Colombienne Caterine Ibarguen s'est offert son premier grand titre (14,85 m), devant la Russe Ekaterina Koneva (14,81 m) et l'Ukrainienne Olha Saladuha (14,65 m).
Enfin, en clôture, la Suédoise d'origine éthiopienne Abeba Aregawi a remporté le 1500 m en 4 min 02 sec 67/100e, devant l'Américaine Jennifer Simpson (4:02.99) et la Kényane Hellen Obiri (4:03.86).