La justice allemande a ouvert la voie à un procès contre le grand argentier de la Formule 1, Bernie Ecclestone, en l’accusant d'avoir versé des pots-de-vin lors de la vente des droits de la discipline à un fonds d'investissement.
L'acte d'accusation, portant sur les chefs de corruption et d'incitation à commettre un abus de confiance, a été traduit en anglais et transmis aux avocats de la défense, a annoncé dans un communiqué le parquet de Munich (sud). La justice allemande enquête depuis près de deux ans sur 35 millions d'euros versés par Ecclestone à un ancien responsable de la banque publique bavaroise Bayern LB, Gerhard Gribkowsky en 2006 et 2007.
A cette époque, le fonds d'investissement CVC avait racheté pour 839 millions de dollars (environ 640,5 millions d'euros) les droits de la discipline reine du sport automobile, détenus jusque là par Bayern LB, après la faillite du groupe de médias Leo Kirch.
M. Gribkowsky, alors directeur des risques de l'établissement financier allemand, avait été rattrapé par la justice allemande, et jugé pour corruption et fraude fiscale pour ne pas avoir déclaré cette somme. Il avait été condamné en juin 2012 à huit ans et demi de prison.
Lors de son procès, M. Gribkowsky avait affirmé que la somme versée par Ecclestone était un pot-de-vin.
Le richissime patron de la F1 était d'ailleurs venu en personne et en qualité de témoin à ce procès. Il avait reconnu le versement de la somme, mais il avait présenté la transaction comme une forme de "prix du silence" payé à M. Gribkowsky pour qu'il n'aille pas faire de révélations gênantes sur son patrimoine au fisc britannique.
"Il n'y a jamais eu de menaces du genre: +soit tu paies, soit je vais voir le fisc+. Mais j'avais toujours cette arrière-pensée en tête", avait déclaré Ecclestone lors de sa déposition.
Ce dernier, qui a pris soin d'éviter de mettre le pied en Allemagne depuis que le scandale a éclaté, n'était d'ailleurs venu témoigner qu'en échange de la promesse qu'il ne serait pas arrêté lors de son séjour.
Les avocats de Bernie Ecclestone peuvent encore contester l'acte d'accusation jusqu'à mi-août, et le parquet précise dans son communiqué que la décision définitive sur la tenue du procès ne devrait tomber que vers mi-septembre.
Bien que les chefs d'accusation retenus puissent lui valoir une peine de prison, Bernie Ecclestone s'est montré confiant, dans une réaction auprès du quotidien britannique Financial Times.
"Je viens de parler à mes avocats et ils ont reçu l'acte de mise en accusation (...) nous nous défendrons comme il le faut. Ce sera une affaire intéressante", a-t-il estimé, ajoutant tout de même "c'est dommage que cela se passe ainsi".
A 82 ans, son maintien à la tête de la discipline reine du sport automobile se pose désormais avec acuité, même s'il a toujours rejeté les appels à se retirer.