Le rink-hockey français profite de la crise: Espagnols et Portugais, attirés par un avenir meilleur que chez eux, tirent le niveau vers le haut, et sont majoritaires dans la sélection étrangère qui affronte l'équipe de France dans le "match des étoiles" de la Nationale 1, samedi à Lyon.
Confidentiel dans l'Hexagone, où il est souvent pratiqué dans des salles anonymes, le hockey sur patins à roulettes est très populaire dans la péninsule ibérique.
Les clubs y sont professionnels, ou semi-professionnels, et les rencontres suivies parfois par plusieurs milliers de spectateurs.
Si les Argentins, qui figurent aussi parmi les meilleurs du monde, renforçaient auparavant les équipes françaises, ils ont été remplacés peu à peu par des Espagnols et des Portugais, en difficulté économique dans leur pays. Leurs clubs de D1 ou D2 peinent désormais à les payer.
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"Dans un premier temps, nous avions souvent des seconds couteaux mais le niveau de ces recrues s'améliore", explique Dan Mortreux, président du Comité national de Rink-Hockey.
"Pour l'instant, économiquement, la France présente encore un attrait pour ces garçons", souligne-t-il.
Certains ont toutefois de solides références, comme Edu Fernandez, de la Roche-sur-Yon, champion du monde en 2004 avec l'Espagne.
"Je suis en France en pensant à mon avenir, car dans les deux ou trois ans qui viennent ce sera très dur au Portugal", confie pour sa part Rui Cova, 32 ans, ancien international des moins de 20 ans, avec un titre de champion d'Europe.
"J'ai sacrifié mon niveau sportif pour ma reconversion", ajoute ce Portugais arrivé à Lyon il y a deux mois en provenance de Vasco de Gama (2e div. portugaise).
Le club lyonnais ne le paie pas, mais il lui a trouvé un emploi et un logement, comme pour ses compatriotes, le gardien Luis Mendes, Ricardo Esteves et l'entraîneur Helder Santos.
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Embauche, logement et cours de français
Le RHCL a aussi trouvé une embauche pour leurs conjointes, fait venir leur famille et organisé les cours de français pour une rapide adaptation.
Dans quelques clubs comme La Roche-sur-Yon, Quévert-Dinan ou Saint-Omer, une minorité est totalement professionnelle.
L'entraîneur de la Roche, l'Espagnol Sergi Punset, 35 ans, explique qu'au-delà de la crise et la possibilité de trouver un emploi, "quelques très bons joueurs, comme Fernandez, voulaient avant tout tenter une expérience dans une ligue étrangère comme la France, en progrès constants, mais aussi en Suisse ou en Allemagne".
Possédant tous les diplômes, il n'était qu'assistant en Catalogne à Igualada ou à Villanova notamment (OK Liga, 1ère div. espagnole), où il était barré.
"Pour nous, c'est du pain bénit. Cet apport d'Espagnols et Portugais améliore nos clubs et l'équipe de France, car nos internationaux profitent de leurs qualités, et nos résultats en Coupe d'Europe des clubs progressent", observe Dan Mortreux.
Toutefois, "si cette vague devient plus importante, il faudra protéger la sélection nationale et nos jeunes en imposant un nombre minimum de joueurs issus de la formation française", prévient-t-il.